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Un an ferme pour avoir fauché un pêcheur au bord de la route


PAPEETE, le 30 novembre 2017 - Une mère de famille de 29 ans était jugée en comparution immédiate pour avoir mortellement fauché un pêcheur au volant de son véhicule alors qu’elle était en état d’ébriété. La victime, un homme de 58 ans, était décédée sur les lieux du drame.

Le drame remonte au 21 octobre dernier. Ce matin-là, vers 4 heures, une jeune femme de 29 ans circule sur la côte est à vive allure lorsqu’elle percute un homme qui rentre de la pêche. Sur le moment, la prévenue descend de son véhicule, en fait le tour mais ne voit pas la victime qui a été projetée quelques mètres plus loin. La femme reprend alors son véhicule. En route, des témoins de la scène la rattrape et l’interpelle, elle se trouve dans un grand état de panique. La prévenue reconnaît être l’auteur de l’accident mais elle refuse de faire demi-tour et rentre à son domicile où se trouvent son mari et l’un de ses deux enfants. Quelques heures plus tard, elle se présente à la gendarmerie où elle est mise en garde à vue et reconnaît immédiatement les faits. Le test d’alcoolémie révèle la présence d’un taux d’alcool dans le sang de 0, 43 grammes.



Circonstances dramatiques

Ce jeudi, lors de l’audience, le président du tribunal a tenu à s’exprimer sur le contexte : « je souhaite dire que le tribunal a conscience que c’est un moment douloureux pour les membres de la famille présents dans cette salle. Nous avons également conscience que c’est un moment pénible pour la prévenue qui n’est pas une habituée multirécidiviste des délits routiers. Nous savons que ce sont des circonstances dramatiques pour les deux parties. »

Le jour des faits, les gendarmes avaient été appelés sur place et avaient constaté que le corps de la victime, décédée des suite d’un enfoncement crânien, gisait à plusieurs mètres de l’endroit où le choc avait eu lieu. Ce matin-là, comme à son habitude, l’homme rentrait de la pêche avec sa brouette remplie de poissons. Il portait une combinaison de couleur noire et marchait sur le bas-côté de la chaussée.

Regrets sincères

Lors de sa comparution devant le tribunal ce jeudi, la prévenue, qui semblait très touchée, a expliqué quel avait été son parcours la veille des faits : « ce soir-là, je suis allée en ville pour une soirée entre copines. A Papeete, nous avons été dans plusieurs endroits et j’ai bu un certain nombre de bières. Vers 3 heures du matin, j’ai décidé de rentrer chez moi. Je savais qu’il ne fallait pas conduire en ayant bu mais je voulais retrouver mon fils et mon mari. J’ai fait attention puis je suis allée plus vite, à 80 km/h, car je connaissais la route. J’ai senti un choc sur le capot, je me suis arrêtée, je n’ai rien vu, je suis partie. Une voiture m’a rattrapée, ses occupants m’ont demandé si j’étais l’auteur de l’accident. J’ai répondu que c’était moi mais je n’ai pas voulu revenir, j’étais très paniquée. »


Avec les gendarmes, la prévenue, dont le casier ne comporte qu’une condamnation relative à un défaut d’assurance, avait établi que ce soir-là, elle avait bu environ 2, 7 litres de bière. La jeune femme a également indiqué que, sur les lieux du drame, la route n’était pas éclairée et qu’il lui avait semblé heurté une « chose blanche » qui était, en fait, la caisse du pêcheur.

Les nombreux frères et sœurs de la victime, qui n’avait pas d’enfant, ont souhaité se constituer parties civiles. Lors de sa plaidoirie, l’avocat de plusieurs membres de la famille a tenu a évoqué le profil du disparu : « si je dois faire preuve de franchise intellectuelle, il est vrai que la prévenue a émis des regrets particulièrement sincères. Deux familles se sont écroulées ce jour-là. Mais lorsque l’on conduit, il ne faut pas boire. On a pris la vie d’un homme qui menait une existence simple et s’occupait de sa famille. »

Requérant une peine de 5 ans de prison dont un an avec sursis, le procureur de la République a déploré une « pratique récurrente de certains conducteurs qui s’alcoolisent et prennent le volant (..) Malheureusement, une fois encore, nous sommes confrontés à un homicide involontaire. Ce qui est insupportable dans ce dossier, c’est de ne pas avoir anticipé. Si l’on conduit en ayant bu, il est impossible de ne pas mettre les autres en danger. C’est une faute indéniable et impardonnable (…) Cette affaire relève d’une succession de comportements inadmissibles. Pour une fois, il n’y a pas d’antécédents mais le mal est fait… »

Le conseil de la prévenue a entamé sa plaidoirie par un mot pour la famille : « je tiens à dire aux proches de la victime que nous partageons leur douleur. Et que cela est sincère (…) Ma cliente est une jeune femme de 29 ans qui s’est toujours consacrée à sa famille, qui travaille, qui est sérieuse. Ce soir-là, elle voulait juste se changer les idées. Elle portera cela toute sa vie »

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné la jeune femme à deux ans de prison dont un avec sursis mais il n’a pas retenu l’infraction de délit de fuite dans la mesure où la prévenue n’avait pas vu l’homme lorsqu’elle s’était arrêtée.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 30 Novembre 2017 à 18:16 | Lu 4043 fois