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Toutes les familles de Polynésie ont un metua parmi les Tamari’i volontaires


Maxime Aubry qui regarde Maxime Aubry... à 70 ans d'écart.
Maxime Aubry qui regarde Maxime Aubry... à 70 ans d'écart.
PAPEETE, le 8 juillet 2014 - Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, un millier de Polynésiens se sont engagés dans le bataillon du Pacifique et dans la marine, l’aviation ou les commandos alliés. Une exposition est consacrée à leur histoire au Musée de Tahiti et des Îles jusqu’au 28 juillet.

70 ans après l’épopée méconnue des engagés Polynésiens dans l’armée de la France Libre, un hommage leur est rendu au Musée de Tahiti et des Îles à travers une exposition ouverte tous les jours de 9 heures à 17 heures (sauf les lundis) jusqu’au dimanche 28 juillet. Les locaux qui se sont battus pendant la Seconde Guerre Mondial ont été surnommés les « Tamari’i volontaires ».

Ils ont bien sûr formé le fameux Bataillon du Pacifique, dans lequel 300 polynésiens se sont illustrés lors de la bataille de Bir Hakem (au cours de laquelle 3700 hommes de la France Libre ont tenu en échec 37 000 militaires allemands et italiens, éliminant 3 300 combattants de l’Axe, détruisant 51 chars, 49 avions, et plus de 100 véhicules divers avant de battre en retraite dans le désert libyen), celle des Vosges fin 1944, ou encore lors du débarquement de Provence. Mais, c’est moins connu, la majorité des engagés Polynésiens était constituée de marins sur les bateaux alliés, d’aviateurs, de commandos parachutistes SAS et même de résistants dans le Maquis français.

En tout, près d’un homme adulte sur 10 parmi tous ceux qui peuplaient la Polynésie d’alors se sont engagés, représentant un millier d’hommes. Une contribution limitée face aux chiffres démentiels de la plus grande guerre que le monde ait connue, mais un investissement considérable pour la petite colonie ralliée à l’appel à la résistance du Général de Gaulle.

Une première reconnaissance pour les Polynésiens


Sur cette planche, apparaissent plusieurs marins Tahitiens. Entre autres, on y reconnait Guy Brault, un des derniers Tamari’i encore en vie, et Hans Carlson qui fut conseiller de gouvernement sous Francis Sanford.
Sur cette planche, apparaissent plusieurs marins Tahitiens. Entre autres, on y reconnait Guy Brault, un des derniers Tamari’i encore en vie, et Hans Carlson qui fut conseiller de gouvernement sous Francis Sanford.
C’est Jean-Christophe Shigetomi, l’historien tahitien qui organise cette exposition, a souhaité la dédier à son ami John Martin : « Les Tamari’i volontaires auront participé à leur manière au travail d’intégration des Tahitiens dans la société française en gagnant, par leur engagement, la considération des popa’a. Forts de leur nouveau statut, des volontaires ont choisi de rester en France, d’autres sont revenus à Tahiti accompagnés d’épouses françaises ou européennes et deviendront acteurs ou observateurs de la modification progressive des relations entre la France et Tahiti, tiraillés entre un inébranlable sentiment patriotique et une conscience particulière des revendications nationalistes polynésiennes.

Sensible à la valeur de ses frères d’armes et au service héroïque qu’ils avaient rendu par amour pour leurs deux patries, mon ami John Martin paraissait navré de voir ceux qu’il considérait comme sa seconde famille négligés par les nouvelles générations. Cette démarche de mémoire, il me l’avait demandée. Cette exposition pour retrouver la mémoire et faire vivre l’héritage des Tamari’i volontaires lui est dédiée
».

L’exposition installée dans les salles du Musée de Tahiti et des îles à la pointe des pêcheurs à Punaauia est constituée de planches présentant des photos d’époque inédites ou d’illustrations de Jean-Louis Saquet, mais aussi d’objets, de photos et de témoignage recueillis par Jean-Christophe Shigetomi auprès des familles de de ces Tamari’i. Selon l’organisation, « plusieurs centaines de noms de familles polynésiennes sont répertoriés et plus de 100 photos d’époque des combattants dont les noms ont été identifiés permettront aux familles polynésiennes de redécouvrir ou d’apprendre qu’un de leur grand- parent ou grand-oncle était l’un de ces volontaires ». Jean-Marc Sauve, le vice-président du Conseil d’Etat, a également visité l’exposition lors de son passage en Polynésie, et a été très impressionné.


Une visite guidée avec l’organisateur
Jean-Christophe Shigetomi propose par ailleurs d’organiser des visites guidées et commentées par lui-même tous les samedis et dimanche à 10 heures ou 15 heures. Pour organiser ces visites, il vous suffit d’adresser un mail à: « [email protected] ».

Jean-Louis Saquet (illustrateur), Jean-Christophe Shigetomi, Jean-Marc Sauve (vice-président du Conseil d’Etat), Jean-Yves Tallec (président du Tribunal administratif de Papeete) et Lionel Beffre (Haut-Commissaire).
Jean-Louis Saquet (illustrateur), Jean-Christophe Shigetomi, Jean-Marc Sauve (vice-président du Conseil d’Etat), Jean-Yves Tallec (président du Tribunal administratif de Papeete) et Lionel Beffre (Haut-Commissaire).

Les sœurs Coppenrath (Armelle, Véronique, Béatrice et Anne) dont le père Gérald Coppenrath (sénateur de la Polynésie française en 1962) et l'oncle, monseigneur Michel Coppenrath ont été des résistants de la France libre. Elles entourent une photo prise de leur père en juin 1944 au maquis Joël.
Les sœurs Coppenrath (Armelle, Véronique, Béatrice et Anne) dont le père Gérald Coppenrath (sénateur de la Polynésie française en 1962) et l'oncle, monseigneur Michel Coppenrath ont été des résistants de la France libre. Elles entourent une photo prise de leur père en juin 1944 au maquis Joël.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 8 Juillet 2014 à 12:09 | Lu 6614 fois