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Tota tour : un arrêt au lycée du Taaone


PIRAE, le 21 mars 2017 - Cours de step, danse et potager : les lycéens du Taaone ont accueilli ce mardi les enfants du centre Papa Nui. L'institut médico-éducatif accueille les personnes atteintes de trisomie 21. A l'occasion de la journée mondiale de cette maladie, les enfants partent à la rencontre des écoles de l'île de Tahiti.

"1, 2, 3… Vous êtes prêts?" T-shirt jaune à l'effigie du Tota tour, short, baskets, tout le monde est paré pour le cours de steps. Dans la salle de sport du lycée du Taaone, les enfants de l'institut médico-éducatif (IME) se placent, prêts à enchaîner les pas au rythme de la musique. Comme chaque année depuis quatre ans, les lycéens en première année de SP3S (BTS services et prestations des secteurs social et sanitaire) du lycée du Taaone, ont organisé une journée ludique dans le cadre du Tota tour.

"C'est un projet qui fait partie de leur parcours d'études. Depuis le 1er mars, ils ont disposé des urnes dans tout l'établissement pour récupérer des tota et aujourd'hui, ils ont organisé cette journée avec les enfants de l'IME. La nouveauté cette année, c'est que les enfants viennent en immersion dans les classes",
présente la professeur Christelle Le Cleach-Monnier. Après le step et la danse, les enfants de Papa Nui ont à leur tour partagé leur savoir avec les lycéens. Autour d'un potager confectionné par leurs sons, ils ont enseigné quelques techniques pour avoir la main verte.

CHANGER LE REGARD

L'objectif de cette journée n'est pas seulement festive, elle permet aux enfants et adolescents d'apprendre à se connaître. "Au début, oui, il y avait un peu des à priori de la part des lycéens concernant la trisomie 21. Mais nous avons fait des recherches et nous sommes allés à leur rencontre et tout cela a permis aux lycéens de comprendre. C'est une bonne chose qu'ils viennent ici", poursuit la professeur Christelle Le Cleach-Monnier.

Enfants et adolescents ont le sourire. Tous se supportent, s'encouragent et s'entraident pour réaliser ensemble la chorégraphie menée par le professeur de sport. "Pour nous aussi c'est un bienfait, précise la présidente de l'association Fare Heimana qui gère le centre Papa Nui, Mereana Alexandre. Il y un changement de regard sur le handicap. Je pense que nos initiatives permettent d'avoir moins d'appréhension envers la trisomie 21. Après tout, ils n'ont qu'un chromosome en plus…"

Dans la cadre du Tota tour, enfants et bénévoles de Papa Nui se rendront ce mercredi à l'école Sainte-Thérèse. "Nous avons de nombreux partenaires et nous nous rencontrons tout au long de l'année, ajoute la présidente, maman de Keani, atteint de trisomie 21. Ces journées sont importantes pour nous : elles permettent de nous faire connaître et d'inciter les familles qui sont dans l'incertitude face à la trisomie, à venir nous voir."

Une grande fête samedi

Le tota tour continue jusqu'à samedi. Pour terminer cette semaine, l'association Fare Heimana organise ce samedi un grand tour de l'île de Tahiti. Sept trucks et un bus de 25 places vont être affrétés pour cet événement. Ils partiront de Papeete pour passer par Pirae, Arue, Mahina, Papenoo, Taravao et enfin Punaauia. Ils arriveront dans la cité des oranges à 15 heures. Un grand concert sera alors donné. Tous les tota (les pièces grises) récoltés pendant cet événement serviront à assurer le fonctionnement et l'organisation de l'IME Papa Nui.

"Il n'y a pas de politique du handicap"

Mereana Alexandre n'est pas seulement présidente de l'association Fare Heimana. Elle est aussi maman de Keani, un petit garçon de 12 ans, atteint de trisomie 21.

"Quand j'ai appris que j'attendais un enfant trisomique, ça n'a pas été facile, j'ai pleuré. Puis, j'ai trouvé la force, je me suis dit que c'était un enfant comme les autres et c'est un enfant comme les autres! Ce n'est pas tous les jours facile, mais comme un enfant. Et puis, il y a l'IME. Le centre existe depuis 1999, il fonctionne grâce à l'aide de bénévoles et de salariés, et de l'aide des subventions aussi. Aujourd'hui, beaucoup des enfants que nous avons ont plus de 20 ans. Nous cherchons une solution pour eux. Nous avons le projet de construire un autre centre avec plus d'espaces pour qu'ils continuent à faire de l'agriculture ainsi que des appartements thérapeutiques. Pour cela encore, nous aurons besoin de l'aide du Pays mais pas seulement financière, surtout technique. C'est un vœu pieux depuis longtemps mais il n'y a pas de politique du handicap. Quand est-ce qu'ils vont s'y mettre?"

Rédigé par Amelie David le Mardi 21 Mars 2017 à 14:38 | Lu 1894 fois