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Teva Rohfritsch : "Nous avons été séquestrés"


PAPEETE, le 8 mars 2018. Devant la presse, Teva Rohfritsch est revenu sur l'entrée en force de manifestants dans l'hémicycle. Une action qu'il a jugée "inadmissible et inacceptable".


Voici l"intervention que le vice-président Teva Rohfritsch a tenu devant la presse : "A aucun moment le président et le gouvernement n'ont rompu le dialogue avec qui que ce soit. A aucun moment le gouvernement et les élus à l'APF ont manqué de respect aux grévistes.

Nous avons même proposé de faire des concessions supplémentaires. La proposition qui a été faite est que l'âge de départ à la retraite restera 60 ans. Nous renvoyons la suite en débat aux partenaires sociaux au sein du conseil pour les évolutions. C'est ce qui a été souhaité depuis plusieurs semaines. Le, gouvernement et les élus ont entendu le message pacifique des grévistes qui ont voulu exprimer leurs craintes, leur mécontentement pour certains et leur inquiétude principalement pour d'autres.

Ce qui s'est passé ensuite est inadmissible et inacceptable. Les élus et la presse ont été menacés physiquement agressés au sein de notre assemblée. Nous avons été un temps donné séquestré au sein de l'assemblée. Si les forces de l'ordre n'avaient pas fini par rentrer pour venir mettre un maillon de sécurité nous étions menacés physiquement. C'est un déni de démocratie. On a aussi bafoué l'Etat de droit en Polynésie française. On ne peut pas accepter décemment que des élus doivent arrêter leurs travaux mais n'aient plus la liberté de mouvement et d'expression du fait de personnes qui usent de la violence qu'elle soit verbales mais aussi physiques –puisque des portes ont été cassées- pour venir plaider une cause qui est bien loin semble-t-il de la cause qui a mobilisé les grévistes pacifiques et auprès de qui nous restons à l'écoute.

Nous sommes restés dans l'hémicycle. Nous avons essuyé des insultes, des agressions. Ce n'est pas acceptable. Cela veut dire quoi ? Dans notre pays quand on n'a plus d'argument on doit venir par la force ? Ce n'est pas acceptable. Je tenais à dire toute notre indignation.

L'Etat de droit a été bafoué. La démocratie a été bafouée.

Ne retombons pas dans les travers que notre pays a connus et qu'on voit resurgir à la veille d'élections. Il n'est pas acceptable qu'après que des milliers de personnes aient manifesté, droit fondamental que nous reconnaissons tous, qu'une poignée de personnes violentes et agressives, et j'ose le dire, alcoolisées pour une partie vienne menacer les élus de l'assemblée et le gouvernement pendant l'exercice de leur fonction. Nous ne pouvions plus sortir de l'assemblée. Nous avons été séquestrés. La population doit le savoir.

Comment cela va se passer demain ? On ne le sait pas. Mais il me semble important que la population polynésienne sache comment l'exercice de notre mandat s'exerce. Nous verrons demain d'ailleurs quelle suite nous pouvons donner à ces agressions et à ces manœuvres de déstabilisation qui relèvent d'une certaine forme de terrorisme qui a été mené par certains qui ne représentent pas l'esprit pacifique de la grève qui s'est exprimé ce jeudi matin.


le Jeudi 8 Mars 2018 à 21:56 | Lu 12165 fois