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Suppression du "risque négligeable" : une "réelle joie" pour l'association 193


PAPEETE, 9 février 2017 - Le père Auguste Carlson, président de l'association 193, fait part de sa "joie" à la perspective de la suppression de la notion de risque négligeable de la loi d'indemnisation Morin. Mais, pour son collectif, le combat continue.


"Depuis lundi, lorsque nous avons été prévenus que la commission mixte paritaire avait décidé d’aller dans cette voie, nous éprouvons une réelle joie", a-t-il déclaré jeudi matin. "Cette joie a été d’une certaine manière confirmée par le vote de l’Assemblée nationale cette nuit. Une joie parce que voilà un point sur lequel toutes les associations antinucléaires sont d’accord : il faut retirer purement et simplement cette notion de risque négligeable. C’est une épine dans la discussion et dans la manière de se considérer avec l’Etat".

Aujourd’hui, fondez-vous beaucoup d’espoir sur cette possible évolution de la loi ?

Il faut être honnête. On ne s’attendait pas du tout à ça. L’année dernière, Marisol Touraine nous avait convié à Paris pour nous présenter un projet d’abaissement du pourcentage de probabilité du risque négligeable à 0,3 %. C’était déjà écrit d’avance. On nous a invité pour entendre cela.

Quel est l’espoir que vous fondez sur cette évolution ?

C’est un espoir pour le Pays et pour toutes les victimes et un geste fort envers celles qui sont parties aujourd’hui. Nous devons profiter de ce sursaut pour redoubler d’efforts à la recherche d’une unité. Mais il ne faut pas être naïf. L’amendement adopté jeudi prévoit la création de cette commission pour le suivi de ces nouvelles dispositions. Tout dépendra du futur gouvernement français. Il faut reconnaître que c’est un gouvernement de gauche qui a rendu possible cette avancée. On ne sait pas quelle sera l’attitude de l’exécutif issu des prochaines élections présidentielles.
Nous savons aussi que l’Etat a toujours cherché à peser de tout son poids pour retarder ce dossier, pour ne pas être exposé aux bouleversements qui risquent de se produire avec la suppression du risque négligeable. On sera vigilant
.

Pour vous c'est une étape importante dans le combat ?

Je veux pour l'instant saluer le mérite de la sénatrice Lana Tetuanui et de la députée Maina Sage. Je veux surtout remercier toutes les associations antinucléaires qui ont pris part à cette lutte depuis des années. Ce combat est mené depuis des décennies : Pouvanaa’a Oopa, le tavana Oscar Temaru, l’église protestante, Moruroa e Tatou, Tamarii Moruroa. Je veux remercier aussi les 51 000 pétitionnaires qui ont signé notre appel. Un peuple entier est uni dans ce combat. Cela a été souligné lors des débats parlementaires. C’est sans doute aussi grâce à cette démarche que nous avons menée. Cet exemple du risque négligeable nous montre bien que le pays doit être uni. On ne peut plus se permettre de politiser cette question. J’en appelle aux élus de ce pays. Leur responsabilité est de rechercher une unité profonde au sein de nos populations. Et cela ne pourra être fait que par l’intermédiaire d’un référendum local. Car le risque négligeable sera peut-être supprimé ; mais d’autres points restent problématiques dans ce dossier du nucléaire : la date limite du 31 décembre 1998, de l’application de la loi Morin par exemple. Toutes les victimes de l’une des 21 maladies de la loi nées après cette date ne peuvent plus être indemnisées. La liste doit évoluer aussi. Les Américains en reconnaissent 35, et les Japonais un peu plus. Quant intégrera-t-on enfin l’histoire nucléaire de ce Pays dans les programmes scolaires ? Voilà un autre point. Le combat doit continuer.

Rédigé par Propos recueillis par JPV le Jeudi 9 Février 2017 à 11:54 | Lu 2256 fois