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Six ans de prison requis contre un séropositif accusé d'avoir sciemment contaminé sa compagne


Bobigny, France | AFP | mercredi 18/10/2017 - Six ans de prison ferme ont été requis mercredi contre un Congolais de 54 ans, jugé devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis pour avoir contaminé sa compagne alors qu'il se savait porteur du VIH depuis près de dix ans.

L'homme, qui comparaît libre, est accusé d'avoir "volontairement administré des substances nuisibles ayant entraîné une infirmité permanente" de sa compagne, aujourd'hui âgée de 37 ans : en l'occurrence, avoir transmis par voie sexuelle le virus du sida à celle dont il a partagé la vie entre 2005 et 2010, à Saint-Ouen.
Egalement d'origine congolaise, la victime avait découvert sa séropositivité en 2009, après la naissance des deux enfants du couple, heureusement sains. L'accusé lui avait alors révélé qu'il était lui aussi porteur du virus, mais il avait fallu qu'elle fouille dans ses affaires pour apprendre qu'il l'était depuis 1996.
"Je l'ai fait par amour", avait osé mardi cet homme à la mise soignée, qui réside légalement en France depuis 1998, expliquant avoir menti à sa femme parce qu'il avait "peur de la perdre".
"Il ne s'agit pas que de l'affaire d'un couple, un monsieur égoïste et une femme trahie", mais d'une "bombe d'irresponsabilité humaine qui met en danger les femmes qu'il rencontre", a déclaré l'avocate générale, évoquant ses "multiples relations sexuelles non protégées". 
Le procès a été marqué par la révélation que l'accusé avait eu un fils avec une femme rencontrée à peu près à la même période que la victime. Pressé de questions, il a fini par avouer qu'il ne s'était jamais enquis de savoir s'ils étaient en bonne santé. 
"Combien y a-t-il eu de victimes? Combien y en aura-t-il encore avant qu'il comprenne la portée de ses actes?", s'est interrogée l'avocate générale, avant de requérir six ans d'emprisonnement. Il encourt quinze ans.
Il est probable que ce pilier de la communauté évangélique de Seine-Saint-Denis à l'époque des faits a été infecté par sa précédente épouse, rencontrée à son arrivée en France en 1991 et qui lui avait elle aussi caché sa maladie. 
Dans sa plaidoirie, Me Soria Latrèche a salué le "courage immense" de sa cliente, qui a témoigné à la barre de sa vie brisée. "C'était une femme pleine de vie, active. Aujourd'hui, elle passe ses journées seule, chez elle. Ses amis lui ont tourné le dos et elle ne sait comment l'annoncer à ses enfants."
"Elle rêvait d'amour et elle a trouvé l'enfer", a-t-elle conclu.

le Mercredi 18 Octobre 2017 à 05:31 | Lu 299 fois