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Sciences-Po Aix à Tahiti : "On compte fermement sur une ouverture l’année prochaine", assure Christian Duval


Professeur Christian Duval, directeur de Sciences-Po Aix
Professeur Christian Duval, directeur de Sciences-Po Aix
Directeur de l’Institut d’études politiques (IEP) d’Aix-en-Provence depuis 2006, Christian Duval réalise une mission de 10 jours en Polynésie française pour poser les bases de l'installation d’une antenne de Sciences-Po Aix à Tahiti.

S’il doit se réaliser, ce projet sera la transformation des efforts entrepris grâce à une collaboration fertile entre le vice-rectorat de Polynésie française, le ministère de l’Education et l’Association des anciens de Sciences-Po, présidée par Victor Lau : une prépa Sciences-Po est d’ores et déjà à l’œuvre depuis fin août : tous les mercredis après-midi quelques 200 lycéens du public et du privé se prêtent volontairement à la préparation du concours d’entrée à l’IEP.

Une antenne de la Grande école, à Tahiti : celle-ci n'ouvrira qui si le seuil critique de sept candidats reçus au concours est atteint, en mai prochain... Christian Duval nous dessine l’ambition de ce projet. Interview :


Une antenne de Sciences-Po Aix à Tahiti, le projet fait-il encore l’objet d’une réflexion ou êtes-vous déjà déterminé à le mettre en œuvre ?

Christian Duval : On compte fermement sur une ouverture l’année prochaine. L’idée est que l’on obtienne suffisamment de réussite au concours pour que le parcours Sciences-Po soit ouvert. Là, on observe un véritable engouement : 200 jeunes, près de 40 enseignants. Nous sommes très optimistes.

Un pays, comme la Polynésie française, qui cherche à redéfinir les bases de son développement, n’a-t-il pas selon vous plus besoin d’ingénieurs, de techniciens, que de personnes compétentes en sciences sociales ?

Christian Duval : Nous connaissons bien la situation de la Polynésie. L’idée de notre présence est de permettre à des jeunes d’ici, de faire un parcours sur place pendant deux ans avant de découvrir les vertus de l’internationalisation et de terminer leur cinquième année de cursus à Sciences-Po Aix. (…) Il y a vraiment de quoi faire en sorte que des gens qui s’intéressent à l’entreprise, à l’administration, à l’information et la communication… enfin tout ce à quoi mène Sciences-Po, puissent revenir travailler sur le territoire.

Justement, on reproche souvent à la formation Sciences-Po d’être si polyvalente qu’elle finit par n’être pointue en rien. Ce qui donne le fameux quolibet "Sciences-Pipo".

Christian Duval : Oui, effectivement. Notre enseignement aborde diverses matières et cela peut donner l’impression de ne jamais en approfondir une seule. Mais le principe de Sciences-Po n’est pas d’approfondir une science en particulier, c’est de développer la curiosité, l’ouverture d’esprit : nous sélectionnons de très bons étudiants à Sciences-Po, de sorte que lorsque vient le jour où ils approfondissent un sujet particulier, ils gardent toujours cette vision transversale. Les plus grands groupes viennent recruter parmi nos élèves : les entreprises, les écoles d’administrations, forment elles-mêmes leurs recrues. Ce qu’elles recherchent ce sont des gens capables de réussir des concours, d’intégrer facilement une équipe.

Ne craignez-vous pas à Tahiti de mettre en œuvre un IEP au rabais ? L’UPF est-elle en capacité de fournir une qualité d’enseignement à la hauteur de ce que l’on attend à Sciences-Po Aix ?

Christian Duval : La réponse est oui. Sinon nous ne serions pas là. Il n’est pas question d’imaginer que l’Université de Polynésie est une sous-université. Le président de l’université est d’ailleurs tout à fait conscient de ce problème : nous allons mobiliser les meilleurs enseignants de l’UPF, trouver les meilleurs disciplines, et puis nous mettrons en œuvre des cours communs en déplaçant des enseignants missionnés. Là, vous mettez le doigt sur quelque chose qui, pour nous, est essentiel : ce n’est pas un parcours au rabais ; c’est un vrai parcours sciences-Po avec l’Université.
Vous savez, l’engouement autour de ce projet nous a surpris : 200 jeunes suivant la Prépa Sciences-Po et cette mobilisation du corps enseignants… Cela montre bien que les jeunes ont des ambitions. Nous devons avoir les mêmes ambitions, désormais. Notamment pour l’Université.
Et puis il s’agit d’une question d’égalité des chances, même si, compte tenu de nos programmes, les chances de réussites sont souvent liées à certaines de catégories sociales. Il nous faut aller chercher ces pierres brutes et faire en sorte de bien les tailler pour en faire des diamants.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 30 Octobre 2013 à 14:30 | Lu 3405 fois