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Reçus par Macron, les chefs de parti unanimes sur les otages, divisés sur l'aide aux Palestiniens


Ludovic MARIN / AFP
Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 12/10/2023 - Unanimité sur les otages, divergences sur l'aide aux Palestiniens: les chefs de parti ont exprimé jeudi leurs positions à Emmanuel Macron, qui doit s'adresser aux Français, en quête "d'unité de la Nation" face aux risques de tensions en France après l'attaque du Hamas en Israël.

Opposants et alliés du chef de l'Etat ont été reçus pendant plus de deux heures à l'Elysée pour un échange à huis clos sur la situation au Proche-Orient, où le bilan des victimes françaises de l'attaque lancée samedi par le mouvement islamiste palestinien s'est encore alourdi.

Au moins 12 Français sont morts et 17 sont portés disparus, d'après un dernier bilan officiel. Le président Macron a précisé que quatre enfants faisaient partie des personnes dont on est sans nouvelles, selon des participants à la réunion.

Depuis Tel-Aviv, des familles françaises d'otages présumés du Hamas ont demandé à Emmanuel Macron d'"intervenir". Le président français doit s'exprimer lors d'une allocution télévisée solennelle à 20H00.

Un premier vol spécial d'Air France pour rapatrier d'Israël des Français, les plus "vulnérables", a décollé de Tel Aviv pour une arrivée prévue à 20H35 à Paris, où il seront accueillis par la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna. Selon la diplomatie françaises, plusieurs autres "vols spéciaux" sont prévus vendredi et samedi.

"Des preuves"

Les chefs des onze formations représentées au Parlement ont tous exprimé, dans des termes parfois différents, leur condamnation de l'attaque du Hamas.

"Je fais confiance naturellement (...) aux autorités françaises pour mettre tout en œuvre pour que tous les otages soient libérés", et particulièrement les Français, a dit le président des Républicains Eric Ciotti à sa sortie. 

"Je suis convaincue que la France fera tout ce qui est possible pour libérer les otages français et les autres", a fait écho la cheffe des écologiste Marine Tondelier, dans un rare esprit d'union nationale.

Dans une conférence de presse organisée à Tel-Aviv, des familles françaises d'otages ont témoigné de leur détresse. 

Meitav Journo, sœur de Karin Journo probablement enlevée par le Hamas, a demandé "des preuves que nos proches sont en vie". "Je souhaite que ma femme soit prise en otage et vivante et puisse revenir à la maison", a réagi en sanglots, leur bébé dans les bras, Ido Nagar, mari de Céline Ben David-Nagar dont il est sans nouvelles.

Le conflit fera l'objet d'un débat au Parlement, a appris l'AFP auprès de l'entourage de la Première ministre. Elisabeth Borne en a accepté le principe lors de la réunion mais sa date n'a pas encore été fixée.

"Dégoûté"

Au-delà, les oppositions ont exprimé leurs nuances au chef de l'Etat.

Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard s'est dit "dégoûté" par les "petites batailles politiciennes" alors que son mouvement de gauche radicale est accusé de toutes parts, y compris par ses alliés, de ne pas qualifier clairement le Hamas d'organisation "terroriste". 

Il est arrivé et reparti seul sans les autres chefs de la Nupes, contrairement à la précédente réunion avec le président de la République fin août.

S'affichant avec Marine Tondelier, le patron des socialistes, Olivier Faure, a insisté sur la "voix singulière" que devrait porter la France pour "continuer à promouvoir" une "parole de paix", afin d'"éviter que l'émotion ne se transforme en un bain de sang généralisé". 

A l'extrême droite, le président du Rassemblement national Jordan Bardella a protesté contre le "tapis rouge" déroulé "au Qatar", "un soutien financier du Hamas" selon lui.

Eric Ciotti s'est in fine déclaré "déçu par le maintien" de l'aide au développement en faveur des Palestiniens, dont la droite réclame la suspension.

L'heure est à la gravité. Le bilan des morts de l'attaque du mouvement islamiste dépasse les 1.200, tandis que la riposte israélienne dans la bande de Gaza a tué plus de 1.300 personnes, selon les autorités du Hamas.

"Unité"

Selon son entourage, Emmanuel Macron voulait par ce rendez-vous favoriser "l'unité de la Nation" au moment où l'exécutif prend au sérieux le risque de tensions en France.

Le président du MoDem François Bayrou a souligné auprès de l'AFP "l'importance" du rendez-vous qui "sert l’unité du pays, dans un moment de très grande inquiétude" d'importation du conflit en France, craint par 68% des Français selon l'institut Elabe.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi avoir recensé "plus d'une centaine d'actes antisémites" depuis samedi touchant la communauté juive, la plus importante d'Europe.

Ses services ont fait état de 41 interpellations, tandis que Pharos, la plateforme de signalement de la haine en ligne, a reçu plus de 2.000 signalements.

La France a fermement condamné les "attaques terroristes perpétrées par le Hamas" et affirmé son "plein soutien" à Israël, ainsi que son "attachement" à son "droit à se défendre".

le Jeudi 12 Octobre 2023 à 06:35 | Lu 342 fois