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Punaauia : employé au noir, le SDF s'était tué en chutant d'un cocotier


L'employeur inconscient lui avait proposé une bière alors qu'il était déjà ivre avant de monter à l'arbre. Mais pas d'équipement de sécurité.
L'employeur inconscient lui avait proposé une bière alors qu'il était déjà ivre avant de monter à l'arbre. Mais pas d'équipement de sécurité.
PAPEETE, le 10 janvier 2017 - Le jardinier, lui-même sans patente et qui lui avait sous-traité l'élagage de trois arbres dans une résidence de Punaauia, a été condamné ce mardi matin par le tribunal correctionnel à 6 mois de prison avec sursis pour homicide involontaire. Et travail clandestin.


Mourir à 42 ans sur un chantier clandestin, pour ramener quelques milliers de francs pacifique et assurer sa subsistance. C'est le triste destin d'un sans domicile fixe de Papeete qui avait accepté, en janvier 2012, de réaliser pour le compte d'un jardinier lui-même hors la loi car non patenté et non déclaré, le nettoyage de quelques têtes de cocotiers plantés aux abords de la résidence Le Coco's, à Punaauia.

Sans aucune formation préalable, ni équipements de sécurité, le malheureux qui était monté à la cime de l'arbre à l'ancienne, une corde entre chaque pied, avait dévissé de son perchoir en cherchant à s'agripper à une palme fanée qu'il venait de couper. Les gendarmes, appelés à la rescousse, ne pourront que constater son décès, dix mètres plus bas.

De la bière, "pour l'énergie"

"Je n'ai pas pensé que ça pourrait tourner au drame. Pour moi, s'il est tombé, c'est aussi à cause de l'effet magique d'une pierre qu'il avait déplacé au bas du cocotier pour y prendre appui avant de grimper", avait déclaré à l'époque aux enquêteurs le jardinier "employeur", incrédule, se réfugiant derrière une pointe de mysticisme pour éluder sa responsabilité. Pas très expressif devant les juges du tribunal correctionnel ce matin, le sexagénaire a sobrement déclaré qu'il se rangerait à leur analyse du dossier et qu'il accepterait leur décision. Jamais condamné de sa vie, ce petit bonhomme de 63 ans aux cheveux courts et grisonnants, lunettes de soleil sur le front, a finalement écopé ce mardi matin de 6 mois de prison avec sursis.

Évoquant brièvement les faits, le tribunal a rappelé que le matin du drame, et selon les résultats des analyses toxicologiques post-mortem, la victime avait déjà 2,4 grammes d'alcool par litre de sang. Ce qui n'avait pas empêché le prévenu de lui proposer de la bière achetée au magasin du coin avant qu'il ne se mette au travail. Aux enquêteurs qui lui demanderont pourquoi l'avoir incité à boire et à monter à l'arbre sans filet alors qu'il était déjà visiblement ivre, le jardinier avait eu cette réponse surprenante : "Pour lui donner de l'énergie".

Cinq ans après les faits, l'ouvrier agricole a assuré à la barre qu'il aurait proposé au malheureux d'utiliser des crochets pour grimper en haut du tronc, mais que celui-ci aurait refusé. "C'est une triste affaire, une vie qui s'en est allée et une famille en deuil à cause de quelqu'un qui s'est affranchi des règles élémentaires de sécurité et du droit du travail pour gagner de l'argent en faisant travailler les autres", a déploré le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

Le jardinier devait empocher 27 000 francs pour nettoyer trois cocotiers, il en avait promis 15 000 à la victime et à un second SDF pour faire le job à sa place.


Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 10 Janvier 2017 à 15:35 | Lu 12146 fois
           



Commentaires

1.Posté par Cotisant le 10/01/2017 16:07 | Alerter
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Bonjour le signal envoyé par la justice : on travaille au black sans patente, on est responsable de la mort de quelqu'un et on a droit à 6 mois avec sursis..... Messieurs, dames les employeurs vous devez arrêter de déclarer vos salariés, vous ne risquez pas grand chose et vous économiserez gros

2.Posté par Faut pas pousser! le 11/01/2017 08:51 | Alerter
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Tu as bien raison Cotisant et sans compter les 5 ans d'attente avant le jugement d'une affaire pourtant pas bien compliquée.

3.Posté par Heimoana le 11/01/2017 10:06 | Alerter
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Moi j'appelle cela un homicide wikipedia nous dit :" Dans la majorité des sociétés, quelle qu'en soit la raison, l'acte d'homicide est considéré comme l'un des crimes les plus graves pouvant être commis." et bien pas chez nous. Les employeurs en règles doivent faire face à des contraintes de sécurité au travail souvent incroyables, pendant ce temps au nom des "petits jobs" on laisse faire n'importe quoi. Et au fait, on ne nous parle pas du client, lui aussi a sa part de responsabilité, il sait certainement que les tarifs d'une entreprise en règle n'ont rien a voir avec ces prix.

4.Posté par wakrap le 11/01/2017 10:44 | Alerter
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@1 . Evidemment, si il avait cotisé le SDF serait vivant. Non?

5.Posté par ldpdt le 11/01/2017 11:08 | Alerter
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Moi je dis que la "Résidence" aussi est le premier responsable en tant que "Maître d'oeuvre" car "elle" aurait dû s'assurer visuellement que le jardinier avait patente et assurance de jardinier voire bûcheron et que le "SDF" était bien son employé
Ai je raison ?

6.Posté par proQ le 11/01/2017 15:06 | Alerter
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Le vendeur de bière a rien n'a se reproché, c'est un commerce de mort légale.