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Protestation policière: Darmanin reçoit les syndicats pour une parole attendue


Crédit Bertrand GUAY / AFP
Crédit Bertrand GUAY / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 27/07/2023 - Silencieux depuis le début de la crise qui agite la police, Gérald Darmanin reçoit dans la soirée les organisations syndicales, au moment où le mouvement de protestation des policiers lié à l'incarcération de l'un des leurs à Marseille semble se propager.

A peine le pied posé à Paris, de retour après une visite en Nouvelle-Calédonie, le ministre de l'Intérieur ouvre les portes de la place Beauvau à 20H00 aux représentants syndicaux de la police, a-t-on appris jeudi dans l'entourage du ministre.

M. Darmanin ne s'est encore pas exprimé depuis que le mouvement a été initié il y a une semaine. 

Les protestations, qui se manifestent principalement par des mises en code 562 - ce qui signifie un service minimum assuré dans les unités - et par des arrêts maladie, sont difficilement quantifiables. 

Mais elles gagneraient du terrain selon les syndicats. Mercredi, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, avait demandé par courrier à chacun des fonctionnaires de son ressort de "mesurer le tort qu’il ferait s’il s’aventurait à délaisser le service des autres".

Le ministre n'a pas non plus réagi aux propos du directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, qui avait estimé dimanche dans un entretien accordé au journal Le Parisien - validé par le cabinet du ministre - qu'un policier n'avait pas sa place en prison. Des paroles qui ont provoqué un tollé chez les magistrats et dans la classe politique.

"On est en pleine crise", dit à l'AFP Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat Unité SGP Police. "Je pense que le ministre (Gérald Darmanin) a conscience que les résultats dans les services sont impactés et que ce n'est pas sporadique. C'est assez inédit. En 2018, on avait eu un appel au 562 au début de la crise des gilets jaunes mais ça n'avait pas été très suivi. Là, les policiers trouvent plus facilement une légitimité dans le mouvement", assure-t-elle.

"On attend que ce (jeudi) soir, ce ne soit pas un discours stérile et qu'on nous dise pas: on vous comprend mais vous n'aurez rien", avertit Linda Kebbab, qui précise qu'il ne s'agit "pas d'un mouvement de défiance vis-à-vis du ministre".

Le syndicat Unité SGP Police demande, en particulier, la création d’un statut spécifique du policier mis en examen, excluant la détention provisoire d’un agent agissant en mission. 

Mais pour le syndicaliste Anthony Caillé (CGT-Intérieur-Police), "avoir une justice d'exception à l'endroit des policiers, ça n'est pas entendable, ça n'est pas acceptable", "ce serait grave dans une république, dans une démocratie". 

"Souffrance"

"Par contre, c'est un métier qui est en extrême souffrance. On n'a qu'à le voir sur le taux d'arrêts maladie et le taux de suicide dans notre profession extrêmement important. Mais à force de ne demander aux policiers de ne faire que des missions répressives, punitives, ça n'est pas tenable", a relevé Anthony Caillé jeudi sur franceinfo.

Le déclencheur du mouvement est venu de Marseille il y a une semaine avec l'incarcération d'un policier de la BAC (brigade anti-criminalité), soupçonné d'avoir roué de coups un homme de 22 ans, avec trois autres collègues, dans la nuit du 1er au 2 juillet. Les faits se seraient produits lors des émeutes qui ont embrasé le pays à la suite de la mort de Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.

La victime, Hedi, avait témoigné dans le journal La Provence avoir été passée à tabac par un groupe de quatre à cinq personnes qu'il avait identifiées comme des policiers de la BAC, après avoir reçu un tir de LBD dans la tempe.

Dans un entretien avec Konbini mis en ligne mercredi, il apparaît avec "une partie du crâne en moins", raconte devoir marcher avec un casque et ne pas voir de l’œil gauche. Interrogé sur "le geste des policiers", il répond : "J’espère ne pas garder une réticence vis-à-vis de ça parce que c’est comme dans tout, il y a des gentils, il y a des méchants partout, donc c’est important de pas faire un blocage, de pas faire une généralité".

Dans cette affaire, quatre policiers ont été mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une ITT (incapacité totale de travail) supérieure à huit jours. L'un d'eux a donc été incarcéré.

L'appel du policier contre son placement en détention provisoire sera examiné le 3 août par la chambre de l'instruction à Aix-en-Provence.

le Jeudi 27 Juillet 2023 à 06:11 | Lu 379 fois