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Prison ferme pour Emelie, la turbulente SDF du marché de Papeete


Emelie a été conduite à la maison d'arrêt des femmes ce lundi après-midi. Avec le jeu des remises de peine, elle devrait passer moins d'un mois en détention.
Emelie a été conduite à la maison d'arrêt des femmes ce lundi après-midi. Avec le jeu des remises de peine, elle devrait passer moins d'un mois en détention.
PAPEETE, le 24 avril 2017 - Cette sans domicile fixe de 42 ans, qui souffre de troubles mentaux, était connue de tous pour ses éclats de voix et ses frasques sur fond de délire de persécution. Elle a franchi un cap en agressant aux ciseaux une vendeuse de fleurs sur son stand le 18 avril dernier. Jugée ce lundi en comparution immédiate, elle écope d'1 mois de prison ferme avec maintien en détention.


Le tribunal a mis du temps à délibérer. Sans doute les magistrats ont-ils cherché une alternative aux 4 mois de prison ferme avec maintien en détention requis par le parquet. Mais la turbulente Emelie, personne n'en veux. Ni les foyers d'hébergement qui ne savent plus la gérer, ni les familles d'accueil dont elle ne respecte pas les règles de vie, et encore moins sa propre famille, sur son île de Rurutu, qui s'était cotisée pour lui payer le billet d'avion retour sur Tahiti la dernière fois qu'ils l'avaient recueillie tellement cela s'était mal passé.

Le tribunal a donc dû s'y résoudre en condamnant ce lundi la sans domicile fixe de 42 ans à 6 mois de prison, dont 1 mois ferme exécutable immédiatement à la maison d'arrêt des femmes de Nuutania. Jugée en comparution immédiate, Emelie avait été interpellée par les mutoi le 18 avril dernier pour avoir rageusement agressé sur son stand, avec sa paire de ciseaux, une vendeuse de fleurs qu'elle soupçonnait à tort de dire des méchancetés sur elle. La victime avait été blessée au thorax et il avait fallu l'intervention d'une tierce personne pour mettre la furie à terre.

"On a franchi un cap"

Placée sous tutelle, Emelie est polynévrotique selon le médecin psychiatre, souffre de troubles de la persécution qui se manifestent par des crises de délire. Les habitués du marché, où Emelie a ses propres habitudes et aide à la confection de colliers de fleurs, s'y sont familiarisés : la SDF de 42 ans vocifère dans les allées, invective les badauds et les touristes, se balade parfois dévêtue, s'allonge au milieu de la route, gêne la circulation.
Mais c'est bien la première fois qu'elle s'en prend physiquement à quelqu'un à coups de ciseaux.

"On a franchi un cap" a fait remarquer le procureur de la République Hervé Leroy pour justifier ses réquisitions de détention. "Je veux bien qu'il y ait un échec des différents acteurs sociaux qui traitent son cas ici mais le risque de récidive est réel et mon soucis est de ne pas faire courir de risques aux citoyens. Il faut un temps de détention pour mettre en place un suivi social sérieux".

Le tuteur d'Emelie lui-même ne s'y est pas opposé devant l'échec de tout ce qui a été tenté pour lui venir en aide : "Je n'ai pas de solutions malheureusement. C'est peut-être le moyen de lui faire comprendre que là, elle est allée trop loin". "Il ne faut pas faire de Nuutania la solution à tous les problèmes psychiatriques" a plaidé dans des considérations plus générales son avocate Me Pater. Coquette dans sa robe tahitienne, fleur à l'oreille, Emelie a suivi sans broncher les gendarmes dans la fourgonnette qui l'a conduite en prison pour un mois.

Rédigé par Raphaël Pierre le Lundi 24 Avril 2017 à 17:35 | Lu 36080 fois