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Près de Lille, le "court-voiturage", la dernière initiative pour faciliter les déplacements en ville


Marcq-en-Barœul, France | AFP | mercredi 12/06/2018 - Dans une station de "court-voiturage" à Marcq-en-Baroeul (Nord), Aouatef attend le passage d'une voiture, le pouce levé. Au bout de trois minutes, elle sera prise en stop par une autre habitante de la ville, gratuitement, pour un bref trajet. 

"Ce service est très pratique, ça permet de faire de courtes distances à l'intérieur de Marcq, dans des conditions sympathiques", glisse, enthousiaste, cette conseillère clientèle de 44 ans. Pour rejoindre la mairie, il lui a fallu trois minutes. A pied, elle en aurait mis vingt. 
Ce dispositif pionnier en France, lancé fin mai pour un coût modeste de 10.000 euros, a permis l'installation de 25 stations calquées sur le modèle d'un dépose-minute avec un marquage au sol bleu (un pouce levé qui rappelle le signe de l'auto-stop), doublé d'un panneau de signalisation sur le trottoir.
Des panneaux métalliques sur lesquels figurent certaines destinations dans cette ville prospère et pavillonnaire de 40.000 habitants au centre du triangle Lille-Roubaix-Tourcoing peuvent aussi être affichés, à l'attention des automobilistes. 
Ces arrêts, placés en dehors des axes de circulation de bus, visent ainsi à trouver une parade au "dernier kilomètre", celui qui peut séparer l'arrêt de bus ou de métro du domicile ou du travail.
"Il y a ce dernier kilomètre qu'on ne franchit pas forcément: nous voulons qu'il y ait une solidarité qui s'installe entre nos concitoyens et qu'ils prennent l'habitude de se rendre service pour se +court-voiturer+", explique le maire Bernard Gérard (LR). Selon l'édile, cette initiative est dans "l'air du temps", avec le "besoin d'entraide" et de "créer du lien social", comme l'atteste le succès de la fête des voisins dans sa commune. 
 

-- proposer d'autres usages --

 
La problématique des "petites distances" concerne plus "une ville périurbaine comme Marcq" que Lille, où le maillage des transports en commun est plus dense, ajoute Pierre Verley, adjoint au développement durable, clamant le besoin de trouver "des propositions nouvelles" sur les questions de mobilité.
"Ca fait 70 ans qu'on construit des routes et des parkings pour la voiture, on arrive à des volumes tellement forts que ça devient congestionné et pollué dans nos villes. Réduire la production carbone des voitures est un des axes majeurs de notre travail!", appuie-t-il, alors que la métropole, d'où partent cinq autoroutes, est fréquemment touchée par des épisodes de pollution atmosphérique.  
Deux jeunes lycéens, Julien et Florent, apprécient déjà ce système. "C'est bien, nous l'avons déjà pris plusieurs fois", dit Julien. "Les gens qui s'arrêtent sont vraiment gentils. Ce sont souvent des jeunes, on prend ça pour éviter de beaucoup marcher", renchérit son ami. 
Audrey Drubay, trentenaire dynamique et la fibre "écolo", apprécie cet auto-stop institutionnalisé, même s'il faut parfois s'armer d'un brin de patience: "Je ne vous cache pas qu'au bout d'un petit moment, vous vous demandez si quelqu'un va s'arrêter… J'ai finalement été prise par une dame d'un certain âge, on a parlé de l'Afrique, de la famille, c'est assez exceptionnel de parler de tant de choses avec une inconnue en cinq minutes...", sourit Mme Drubay.

le Mercredi 13 Juin 2018 à 04:32 | Lu 316 fois