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Peeta, graffeur en trois dimensions


PAPEETE, le 3 octobre 2016 - L'artiste italien de street-art sera présent toute la semaine à Tahiti pour le festival Ono'u, qui met à l'honneur les graffiti et le street-art. Pour Peeta, être ici est un honneur.

Ses mains sont noircies par l'ébauche qu'il dessine depuis plusieurs heures. Dans un coin du centre Vaima, l'artiste italien Peeta s'active. Il trace, observe, accentue le trait et parfois, gomme et recommence jusqu'au tracé parfait. A l'intérieur du futur musée dédié au street art, le jeune homme tisse sa toile, prendre ses marques. "C'est la première fois que je viens ici, en Polynésie, je suis très content d'être là. C'est un monde nouveau pour moi", commente t-il le temps d'une pause. A l'extérieur se trouve le mur sur lequel il laissera sa trace dans quelques jours. Voilà plus de 23 ans que cet Italien à l'accent anglais impeccable parcourt les routes du monde, une bombe de peinture pour seul passeport.

Au fil des expériences et des rencontres, son style a évolué. Sa manière de peindre s'est étoffée. L'époque du jeune ado qui dessinait sur des murs interdits de Venise est bien loin derrière lui. Peeta est aujourd'hui un artiste reconnu à travers le globe. Plus aucun mur ne lui est interdit.

UN PEU DE POLYNÉSIE DANS SON GRAFFITI

Lorsqu'on lui a proposé de se confronter aux murs polynésiens, Peeta n'a pas hésité. Un nouveau terrain de jeu s'offre à lui pour une petite semaine. "Je me suis dit que c'était un très beau festival. J'ai vu la liste des artistes qui y participaient, et j'ai pensé que c'était un honneur d'y être invité… De plus, cette ville et cette île attisent ma curiosité. Je suis très content d'être ici car il y a de nombreux artistes venus de partout. Je suis très impatient de voir le résultat final…"

Derrière ses lunettes carrées bordées de noir, Manuel Di Rita de son vrai nom, observe avec attention les artistes portugais à l'œuvre. Depuis toujours, le graffeur s'inspire de son environnement pour ses créations. "Au milieu des années 90, c'était un style très populaire, qu'on retrouvait notamment chez des artistes allemands et hollandais de qui je me suis inspiré. J'ai commencé à peindre des sortes de sculptures avec mon nom, c'est comme ça que j'ai appris la 3D. Depuis peu, j'interagis beaucoup avec l'architecture, l'environnement tout ça et très nouveau et la 3D fait partie de mon style ", confie t-il dans un sourire.

Arrivé samedi soir au fenua, Peeta s'imprègne petit à petit de l'atmosphère de Tahiti. Les formes, les couleurs, l'ambiance, rien n'est laissé au hasard. L'Italien ne sait pas encore s'il s'en inspirera pour son œuvre finale sur les murs du centre Vaima, mais les photos sont prises. "Je pense qu'il y aura en tout cas des références à la Polynésie dans mon travail…"

Le programme

- Parcours mural Ono'u à Tahiti : en accès libre et gratuit, le public pourra découvrir les anciennes et nouvelles fresques murales sur les murs de Papeete. La carte est à retrouver au centre Vaima.

- Initiation au graffiti au collège Tipaerui : mercredi 5 octobre de 8 heures à 11 heures pour les jeunes (gratuit mais sur inscription uniquement).

- Soirée street art in Paradise city : samedi 8 octobre de 20 heure à 23 heures au centre Vaima, soirée ouverte au public (billetterie sur place au tarif unique de 1500 cfp).

- Extension du festival Ono'u à Raiatea
: du 3 au 14 octobre, expositions gratuites, réalisations d'œuvres murales et diverses animations sont prévues sur l'île.

"Nous voulions créer un pont entre Papeete et la scène street-art internationale"

Interview de Jean Ozonder, coorganisateur de l'évènement.

Qu'attendez-vous de ce festival Ono'u?
Beaucoup de surprises. C'est-à-dire que, peut-être, contrairement aux éditions précédentes, nous avons privilégié des styles très différents et très pointus dans le graffiti. Par exemple, le Portugais Bordalo II, qui se trouve à l'extérieur du centre Vaima, fait du trash art. Il va dans les décharges trouvé des déchets avec lesquels il fait des sculptures phénoménales qu'il graffe ensuite. Ou encore, Kalouf et Mr ZL, font du vidéo mapping, c'est-à-dire du graffiti réhaussé de vidéo. Autre exemple, Keer donne dans l'anamorphose. C'est une mise en relief de dessins sous certains angles, et ainsi, on a l'impression que le graffiti sort du mur…

Quelle place a le street-art aujourd'hui en Polynésie française?
Nous voulions créer un pont entre Papeete et la scène street-art internationale. Notre mission est de faire venir les meilleurs mondiaux et que Papeete devienne une adresse reconnue dans le monde du street-art. Nous aimerions que Papeete puisse communiquer avec le monde street-art de Berlin ou celui de Paris. Ici, ce sera le siège d'Ono'u de manière à ce qu'il y ait une permanence du street-art à Papeete. Cela permettra aussi de faire des expositions tout au long de l'année et des résidences d'artistes.

Est-ce que cet espace va devenir un musée du street-art?
Oui. Bien entendu, ce ne sera pas le musée du Louvre mais c'est une première. Sa vocation est de faire découvrir aux gens qu'ils ont des techniques et des artistes qu'ils ne connaissent pas ici à Tahiti.

Titre encadré 2 : Un mur pour les Polynésiens, par les Polynésiens
Au détour du marché, trois artistes bombent un immense mur de briques, autrefois sans vie. Par leur peinture, ils lui redonnent un peu de couleur, de formes et de vie. Abuz, HTJ et Jops sont trois artistes de street-art polynésiens. A l'occasion du festival, ils peuvent exprimer leur talent sur un des murs de Papeete. Ils sont à pied d'œuvre depuis samedi. Jops décrit leur projet : " Cela va être un travail assez riche avec beaucoup d'éléments mélangés qui partent dans tous les sens, on va jouer sur la dynamique. Nous avons tous les trois des styles différents. Le mélange de nos trois styles en arrière plan et puis, la croix marquisienne qui va venir se dessiner dessus, cela va rendre très bien de loin. De près, nous aurons une richesse d'éléments, de motifs, de symboles qui sont vraiment typiques de la Polynésie. "

Un mur pour les Polynésiens, par les Polynésiens

Au détour du marché, trois artistes bombent un immense mur de briques, autrefois sans vie. Par leur peinture, ils lui redonnent un peu de couleur, de formes et de vie. Abuz, HTJ et Jops sont trois artistes de street-art polynésiens. A l'occasion du festival, ils peuvent exprimer leur talent sur un des murs de Papeete. Ils sont à pied d'œuvre depuis samedi. Jops décrit leur projet : "Cela va être un travail assez riche avec beaucoup d'éléments mélangés qui partent dans tous les sens, on va jouer sur la dynamique. Nous avons tous les trois des styles différents. Le mélange de nos trois styles en arrière plan et puis, la croix marquisienne qui va venir se dessiner dessus, cela va rendre très bien de loin. De près, nous aurons une richesse d'éléments, de motifs, de symboles qui sont vraiment typiques de la Polynésie. "

Rédigé par Amelie David le Lundi 3 Octobre 2016 à 16:07 | Lu 1589 fois