Tahiti, le 17 décembre 2025 - Alors que le Pays a engagé, après la chute d’un arbre à Paofai ayant provoqué la mort d’un jeune homme, une expertise approfondie et graduée pour sécuriser les arbres des routes territoriales, la ville de Papeete s’apprête à abattre six marumaru centenaires rues des Poilus tahitiens et Jacques Moerenhout. Une décision imminente – les premiers doivent être sacrifiés ce dimanche –, prise malgré des avis techniques favorables à leur conservation.
Après la mort tragique d’un jeune homme de 23 ans, tué le 29 juillet 2024 par la chute d’un arbre à Paofai, le Pays a engagé une étude technique approfondie afin d’identifier les risques réels sur les routes territoriales. Une démarche fondée sur l’expertise et la gradation des réponses. À l’inverse, la ville de Papeete programme aujourd’hui l’abattage de six marumaru centenaires dans des rues communales, malgré des avis techniques favorables à leur conservation. Dès novembre 2023 après une précédente chute de marumaru sur l’avenue Pouvana’a a Oopa, le Pays avait réagi en commandant une étude technique indépendante sur les arbres bordant les routes territoriales du centre-ville. ès novembre 2023 après une précédente chute de marumaru sur l’avenue Pouvana’a a Oopa, Au total, 480 arbres avaient été inspectés, cartographiés et évalués selon des critères physiologiques et mécaniques par le bureau d’étude Tree Wood.
De cette expertise a découlé une hiérarchisation claire des risques. Vingt arbres avaient été identifiés comme présentant un danger à court terme pour les usagers. Trois marumaru ont ainsi été abattus en urgence, notamment à l’approche d’un événement public majeur sur le front de mer, pour des raisons strictement sécuritaires. Mais cette politique volontariste ne concerne que les routes territoriales. Dans les rues communales, la compétence revient à la ville de Papeete. Et c’est précisément là que le bât blesse.
Une décision controversée malgré l’avis des experts
Selon nos informations et plusieurs documents en notre possession, la capitale a prévu d’abattre six marumaru centenaires situés rue des Poilus Tahitiens et rue Jacques Moerenhout, les premiers doivent être tronçonnés ce dimanche. Sauf que ces arbres emblématiques sont pourtant décrits par l’Office national des forêts (ONF) comme “physiologiquement satisfaisants”, “structurellement conservables” et ne présentant aucun danger immédiat pour les usagers. Les experts préconisent tout au plus des tailles d’adaptation légères ou un suivi régulier. Malgré cela, les lettres de consultation municipales ordonnent leur abattage pur et simple.
Cette décision apparaît ainsi excessive et révélatrice d’une gestion arboricole précipitée. Ces arbres jouent un rôle essentiel dans la régulation thermique du centre-ville, l’absorption du carbone et l’identité paysagère de Papeete. Pourquoi les abattre sans menace avérée, alors même que des précédents récents ont montré les effets délétères de tailles excessives et de décisions incohérentes ?
Entre sécurité et patrimoine, une logique de raccourci
Interrogé sur ce choix, Joel Moux, à la tête de la Direction générale des services (DGS) de Papeete (depuis que Rémy Brillant a délaissé ce poste pour se consacrer à sa campagne pour les municipales), a confirmé nos informations en précisant que les deux premiers arbres seront bien abattus ce dimanche. Il explique que la ville a pris la décision d’abattre ces arbres pour “enlever tout danger”, et que les services municipaux “replanteront ensuite une autre essence”. Selon lui, sécuriser ces marumaru nécessiterait de “condamner la route”, ce qui serait “impossible compte tenu de la largeur et de l’importance de la voie”. Une explication qui semble un peu légère au regard de la situation puisqu’encore une fois, rien ne justifie l’abattage pur et simple de ces arbres reconnus sains et stables par les experts de l’ONF
Là où le Pays tente d’établir un équilibre entre sécurité publique, expertise technique et préservation du patrimoine vivant, la Papeete semble privilégier une logique de raccourci. Une différence d’approche qui pose une question centrale : face aux risques réels mais ciblés, la capitale polynésienne choisira-t-elle enfin la gestion raisonnée de ses arbres, ou continuera-t-elle à sacrifier un patrimoine centenaire au nom d’une sécurité mal évaluée ?
Cette contradiction flagrante entre diagnostics techniques et décisions administratives illustre une absence de vision écologique et une politique arboricole guidée davantage par la facilité que par la préservation du vivant.
Au-delà de la symbolique patrimoniale, la perte écologique est considérable (lire l’encadré). À l’heure du réchauffement climatique et de la minéralisation croissante du centre-ville, supprimer ces “climatiseurs naturels” revient à aggraver les îlots de chaleur urbains. D’autant que ces arbres, au feuillage fin et non glissant, ne génèrent aucune nuisance particulière.
Le cas n’est malheureusement pas isolé. Au parc Bougainville, d’autres arbres patrimoniaux ont déjà payé le prix de choix techniques contestables. Un autera’a a été lourdement amputé lors d’interventions passées, compromettant durablement son équilibre. Quant au sandragon, un géant de 26 mètres de haut pourtant jugé lui aussi sain par l’ONF, il a subi un élagage sévère à 60 %, en totale contradiction avec les préconisations qui limitaient les coupes à quelques branches ciblées. Résultat : un arbre affaibli, des rejets fragiles et des risques mécaniques accrus à long terme.
Les documents municipaux révèlent une mécanique bien rodée : interventions répétitives, tailles excessives, budgets élevés, puis diagnostics alarmistes justifiant de nouveaux abattages. En clair, Papeete dépense de l’argent public pour fragiliser ses arbres, avant de les déclarer dangereux et de les supprimer.
Face à cette situation, un changement radical de méthode s’impose : gestion raisonnée, tailles douces, protection des sols racinaires et respect strict des avis d’experts. Car au-delà de six arbres, c’est la capacité de Papeete à préserver ses poumons verts et son identité paysagère qui est aujourd’hui en jeu.
Après la mort tragique d’un jeune homme de 23 ans, tué le 29 juillet 2024 par la chute d’un arbre à Paofai, le Pays a engagé une étude technique approfondie afin d’identifier les risques réels sur les routes territoriales. Une démarche fondée sur l’expertise et la gradation des réponses. À l’inverse, la ville de Papeete programme aujourd’hui l’abattage de six marumaru centenaires dans des rues communales, malgré des avis techniques favorables à leur conservation. Dès novembre 2023 après une précédente chute de marumaru sur l’avenue Pouvana’a a Oopa, le Pays avait réagi en commandant une étude technique indépendante sur les arbres bordant les routes territoriales du centre-ville. ès novembre 2023 après une précédente chute de marumaru sur l’avenue Pouvana’a a Oopa, Au total, 480 arbres avaient été inspectés, cartographiés et évalués selon des critères physiologiques et mécaniques par le bureau d’étude Tree Wood.
De cette expertise a découlé une hiérarchisation claire des risques. Vingt arbres avaient été identifiés comme présentant un danger à court terme pour les usagers. Trois marumaru ont ainsi été abattus en urgence, notamment à l’approche d’un événement public majeur sur le front de mer, pour des raisons strictement sécuritaires. Mais cette politique volontariste ne concerne que les routes territoriales. Dans les rues communales, la compétence revient à la ville de Papeete. Et c’est précisément là que le bât blesse.
Une décision controversée malgré l’avis des experts
Selon nos informations et plusieurs documents en notre possession, la capitale a prévu d’abattre six marumaru centenaires situés rue des Poilus Tahitiens et rue Jacques Moerenhout, les premiers doivent être tronçonnés ce dimanche. Sauf que ces arbres emblématiques sont pourtant décrits par l’Office national des forêts (ONF) comme “physiologiquement satisfaisants”, “structurellement conservables” et ne présentant aucun danger immédiat pour les usagers. Les experts préconisent tout au plus des tailles d’adaptation légères ou un suivi régulier. Malgré cela, les lettres de consultation municipales ordonnent leur abattage pur et simple.
Cette décision apparaît ainsi excessive et révélatrice d’une gestion arboricole précipitée. Ces arbres jouent un rôle essentiel dans la régulation thermique du centre-ville, l’absorption du carbone et l’identité paysagère de Papeete. Pourquoi les abattre sans menace avérée, alors même que des précédents récents ont montré les effets délétères de tailles excessives et de décisions incohérentes ?
Entre sécurité et patrimoine, une logique de raccourci
Interrogé sur ce choix, Joel Moux, à la tête de la Direction générale des services (DGS) de Papeete (depuis que Rémy Brillant a délaissé ce poste pour se consacrer à sa campagne pour les municipales), a confirmé nos informations en précisant que les deux premiers arbres seront bien abattus ce dimanche. Il explique que la ville a pris la décision d’abattre ces arbres pour “enlever tout danger”, et que les services municipaux “replanteront ensuite une autre essence”. Selon lui, sécuriser ces marumaru nécessiterait de “condamner la route”, ce qui serait “impossible compte tenu de la largeur et de l’importance de la voie”. Une explication qui semble un peu légère au regard de la situation puisqu’encore une fois, rien ne justifie l’abattage pur et simple de ces arbres reconnus sains et stables par les experts de l’ONF
Là où le Pays tente d’établir un équilibre entre sécurité publique, expertise technique et préservation du patrimoine vivant, la Papeete semble privilégier une logique de raccourci. Une différence d’approche qui pose une question centrale : face aux risques réels mais ciblés, la capitale polynésienne choisira-t-elle enfin la gestion raisonnée de ses arbres, ou continuera-t-elle à sacrifier un patrimoine centenaire au nom d’une sécurité mal évaluée ?
Cette contradiction flagrante entre diagnostics techniques et décisions administratives illustre une absence de vision écologique et une politique arboricole guidée davantage par la facilité que par la préservation du vivant.
Au-delà de la symbolique patrimoniale, la perte écologique est considérable (lire l’encadré). À l’heure du réchauffement climatique et de la minéralisation croissante du centre-ville, supprimer ces “climatiseurs naturels” revient à aggraver les îlots de chaleur urbains. D’autant que ces arbres, au feuillage fin et non glissant, ne génèrent aucune nuisance particulière.
Le cas n’est malheureusement pas isolé. Au parc Bougainville, d’autres arbres patrimoniaux ont déjà payé le prix de choix techniques contestables. Un autera’a a été lourdement amputé lors d’interventions passées, compromettant durablement son équilibre. Quant au sandragon, un géant de 26 mètres de haut pourtant jugé lui aussi sain par l’ONF, il a subi un élagage sévère à 60 %, en totale contradiction avec les préconisations qui limitaient les coupes à quelques branches ciblées. Résultat : un arbre affaibli, des rejets fragiles et des risques mécaniques accrus à long terme.
Les documents municipaux révèlent une mécanique bien rodée : interventions répétitives, tailles excessives, budgets élevés, puis diagnostics alarmistes justifiant de nouveaux abattages. En clair, Papeete dépense de l’argent public pour fragiliser ses arbres, avant de les déclarer dangereux et de les supprimer.
Face à cette situation, un changement radical de méthode s’impose : gestion raisonnée, tailles douces, protection des sols racinaires et respect strict des avis d’experts. Car au-delà de six arbres, c’est la capacité de Papeete à préserver ses poumons verts et son identité paysagère qui est aujourd’hui en jeu.
Les marumaru, climatiseurs naturels de Papeete
Les marumaru, introduits au début du XXᵉ siècle, font partie intégrante de l’histoire urbaine de Papeete, notamment sur l’avenue Pouvanaa a Oopa qui en est bordée de chaque côté. Témoins de la construction administrative de la capitale, ils constituent un patrimoine vivant alliant mémoire, esthétique et fonction écologique.
Ces majestueux arbres centenaires ne sont pas seulement des témoins de l’histoire urbaine de Papeete, ils jouent un rôle écologique crucial. Chaque marumaru peut stocker jusqu’à 28 tonnes de CO₂ par an et créer un véritable îlot de fraîcheur, abaissant les températures sous leur houppier de plusieurs degrés. Leur feuillage léger ne gêne pas la circulation, et leur présence contribue à la qualité de l’air et au confort thermique des rues. Bref, que du bonus.
Ces majestueux arbres centenaires ne sont pas seulement des témoins de l’histoire urbaine de Papeete, ils jouent un rôle écologique crucial. Chaque marumaru peut stocker jusqu’à 28 tonnes de CO₂ par an et créer un véritable îlot de fraîcheur, abaissant les températures sous leur houppier de plusieurs degrés. Leur feuillage léger ne gêne pas la circulation, et leur présence contribue à la qualité de l’air et au confort thermique des rues. Bref, que du bonus.





































