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Papara : la supérette familiale écoulait en rayon ses produits périmés depuis des années


Le gérant avait pris l'habitude de recycler la viande périmée dans ses plats cuisinés à emporter. Bon appétit.
Le gérant avait pris l'habitude de recycler la viande périmée dans ses plats cuisinés à emporter. Bon appétit.
PAPEETE, le 23 février 2016 - Le tribunal a requis 6 mois de prison avec sursis et 18 peines d'amende à 30 000 francs contre le commerçant, ce mardi, pour tromperie sur la marchandise.


Lait en poudre pour bébé, sauces, soupes, gâteaux, fromages, conserves de poisson, jus de fruit, et même de la viande périmée recyclée dans les ma'a tinito et autres plats à emporter : la liste des infractions reprochée par la direction générale des affaires économiques (DGAE) à l'ancien supermarché Alice de Papara est longue comme le bras. Un listing de plusieurs pages sur lequel s'étalent près de 500 références de produits que les gérants de ce commerce familial écoulaient sans vergogne depuis des années et avant sa fermeture, en novembre 2015. "On a quand même retrouvé lors d'un contrôle 28 kilos de viandes dont la date limite de consommation était dépassée", souligne l'agent de la DGAE au président du tribunal correctionnel, qui jugeait l'affaire ce mardi.

Poursuivi pour tromperie sur la marchandise, le patron de cette petite enseigne, aujourd'hui fatigué et malade sur sa chaise roulante, encourait une peine de maximale de 2 ans de prison et 4,4 millions de francs d'amende. Le procureur de la République a finalement requis 6 mois de prison avec sursis contre le vieil homme retiré des affaires, et 18 amendes de 30 000 francs chacune : "C'est un enjeu de santé publique pour les consommateurs". Le tribunal rendra sa décision le 15 mars prochain.

"De la parfaite mauvaise foi" estime le parquet

Un premier contrôle de la DGAE avait constaté dès 2014 les mauvaises habitudes du commerçant qui se fichait manifestement des dates limites de consommation (DLC) et autres dates limites d'utilisation optimale (DLUO). L'affaire avait même donné lieu à une enquête de gendarmerie, au cours de laquelle le personnel du magasin expliquait recevoir des consignes du patron pour ne pas retirer des rayons les produits périmés. Des fromages entiers étaient par exemple reconditionnés à la coupe pour se débarrasser de l'emballage et ainsi tromper le consommateur.

Pour sa défense, le vieux commerçant a essayé de rejeter la faute sur l'incompétence de son équipe et la négligence de ses fournisseurs. Sans vraiment convaincre. "De la parfaite mauvaise foi", a même estimé le représentant du ministère public. Certains des produits retrouvés en rayon par les agents de la DGAE présentaient des records de dates limites de consommation dépassées : jusqu'à plus de 500 jours.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 23 Février 2016 à 18:08 | Lu 18750 fois