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"Pakaihi i te moana": bilan d'étape de cette campagne océanographique aux Marquises


"Pakaihi i te moana": bilan d'étape de cette campagne océanographique aux Marquises
Pendant trois semaines, du 20 novembre au 12 décembre 2011, neuf scientifiques de Nouvelle-Calédonie, Polynésie-française, d’Europe et des Etats-Unis ont pris la relève de la première campagne, à bord du navire océanographique Braveheart.
L’équipe dirigée par Claude Payri, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de Nouméa, a consacré son activité à l’inventaire de la diversité des habitats, de la flore et de la faune benthiques (fixées sur les fonds) peuplant les zones côtières des îles Marquises.
Au total, 9 îles ont été prospectées, 1300 km parcourus, 43 stations échantillonnées, 450 heures de plongée réalisées en scaphandre autonome, et quelques pêches à marée basse. Cette exploration a permis « en matière d’inventaire » de collecter, trier, étiqueter plus de 2800 spécimens renfermant près de 100 espèces d’algues, 33 espèces de coraux, 51 espèces d’éponges, 7 ascidies, plus de 200 espèces de mollusques, et plusieurs centaines d’espèces appartenant aux crustacés, échinodermes (oursins, étoiles de mer, ophiures, et holothuries…) et autres invertébrés de la faune mobile.
 
 Objectif : collecter des données sur un patrimoine naturel marin marquisien présumé exceptionnel mais peu connu et permettre aux autorités polynésiennes de réfléchir à la gestion future de cet espace maritime. Plusieurs groupes, négligés jusque-là dans la connaissance des Marquises, sont à présent documentés et plusieurs espèces nouvelles pour la science sont à confirmer. Le taux d’endémisme a été estimé à 10% pour les seuls mollusques et de nouvelles associations biologiques ont été observées entre coraux et mollusques, échinodermes et crustacés.
 
 

« Pakaihi i te Moana » signifie en marquisien « respect de l’océan »

"Pakaihi i te moana": bilan d'étape de cette campagne océanographique aux Marquises
Les habitats sont une notion clé pour la conservation des espaces et des espèces. Au total, 64 types d’habitats illustrant les pentes abruptes, les éboulis, les surplombs, les plaines sédimentaires, les algueraies…, ont été documentés à l’échelle de l’archipel en croisant la géomorphologie, la nature des fonds (substrats coralliens, rocheux, sableux…), l’architecture, la bathymétrie et les grandes communautés benthiques.
 
Ce chiffre n’est cependant pas exceptionnel même si la diversité inventoriée n’est pas exhaustive, puisque les bancs du nord et les côtés les plus exposés n’ont pu être explorés. Mais la description en type d’habitat est originale et constitue une pièce maîtresse pour la définition d’espaces à protéger. De plus, la prospection systématique des divers types d’habitats a permis d’optimiser l’étude de la diversité des groupes biologiques associés et d’approcher au mieux la magnitude de la biodiversité. La méthode basée sur l’exploitation d’images par satellite reste originale même si elle est de plus en plus généralisée à ce type d’étude.
 
Les algues étaient un groupe jusque là négligé : 90% des données récoltées sont inédites, puisque seulement dix espèces étaient signalées dans la littérature. La flore « largement dominée par les algues rouges calcaires » témoigne des conditions du fort brassage des masses d’eau, et forme un glacis pourpre égayant d’une note colorée les roches sombres de l’horizon supérieur. Les Halimeda, algues vertes aux articles calcaires, forment quelques rares algueraies rappelant les ambiances tropicales coralliennes, notamment à Ua Huka. Enfin, la faible présence d’algues ‘molles’, à relier aux fortes densités d’oursins et de poissons herbivores est l’une des caractéristiques de la végétation marine des Marquises.


L’inventaire des coraux s’enrichit de 14 espèces dont 10 coraux dépourvus de zooxanthelles² et vivant principalement dans les cavités et sous les surplombs. Si la diversité de ce groupe demeure faible, et l’étendue des zones récifales réduite, en revanche la grande taille des colonies structure fortement certains habitats.
 
 


Rédigé par communiqué le Vendredi 27 Janvier 2012 à 14:57 | Lu 988 fois