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Organisation des soins : la santé lancera un SOS en fin d'année


Le CHPF est "un établissement de santé correspondant aux standards d’un grand centre hospitalier métropolitain tant sur le plan du plateau technique que de l’architecture et de l’immobilier. Il est le dernier recours pour la Polynésie mais également le premier recours pour la plupart des habitants de l’archipel de la Société".
Le CHPF est "un établissement de santé correspondant aux standards d’un grand centre hospitalier métropolitain tant sur le plan du plateau technique que de l’architecture et de l’immobilier. Il est le dernier recours pour la Polynésie mais également le premier recours pour la plupart des habitants de l’archipel de la Société".
PAPEETE, le 4 mai 2015. A la fin du mois de mai, la direction et le ministère de la santé doivent ouvrir des discussions avec les professionnels de santé sur les axes du prochain schéma d'organisation sanitaire (SOS) du Pays. Le dernier en vigueur sur le territoire est vieux de plus de dix ans.
Améliorer l'offre de santé du territoire tout en limitant les coûts devenus prohibitifs au fur et à mesure que la population vieillit et alors que la prévalence de certaines maladies (obésité, diabète, cancer) s'alourdit. C'est l'objectif que se fixe le prochain schéma d'organisation sanitaire du Pays qui devrait être présenté, pour approbation, aux élus territoriaux d'ici quelques mois. Mais ce qui ressemble à s'y méprendre à chercher la quadrature du cercle donne du fil à retordre à tous les spécialistes.

Au point que le SOS en vigueur encore aujourd'hui en Polynésie française date de 2003. Les gouvernements successifs de 2008 à 2014 ont soigneusement évité de le réviser pour ne pas se prendre les pieds dans le tapis des nécessaires réformes à apporter au système de santé, son mode de financement et son corollaire tout aussi explosif qu'est la protection sociale généralisée. Pourtant, diverses publications d'experts: rapport Bolliet en 2010 en passant par les recommandations de l'Igas (Inspection générale des affaires sociales) en 2014 et les conclusions de la Chambre territoriale des comptes, toutes pointent la nécessité de réviser ce SOS pour y voir plus clair, redéfinir les priorités, rationnaliser les sources de financement.

Pourtant, au cours de la décennie passée, tous les voyants de la santé en Polynésie française se sont mis à clignoter en rouge. Un état des lieux et diagnostic préalable à la préparation du SOS 2015-2020 reprend en mains toutes les données existantes en la matière et ce qui en ressort, c'est qu'il y a du travail ! La population de la Polynésie française vieillit, les longues maladies se multiplient, "selon les données de la Caisse de Prévoyance Sociale (CPS) 2012, un habitant bénéficiant de la couverture santé sur huit est aujourd’hui concerné par une longue maladie, contre un sur 22 en 1995". Conséquence : les dépenses exécutées par la Caisse de prévoyance sociale (CPS) ont atteint 74 milliards de Fcfp en 2011 quand elles n'étaient que de 21,6 milliards en 1996, soit une progression de +129 % dans l'intervalle.

Par ailleurs, le paysage social a été profondément affecté par la crise économique mondiale, au point qu'entre 2008 et 2013, la population bénéficiaire du régime de solidarité a augmenté de 34,6%. "La PSG (protection sociale généralisée) permettant l’accès universel à une couverture du risque maladie généreuse, les dépenses de l’assurance maladie par régime accusent une progression forte comme dans de nombreux pays. L’évolution du recours aux soins, le développement de l’offre de soins (libérale et hospitalière), la hausse constante de la prévalence des maladies chroniques et le vieillissement de la population entrainent une augmentation significative des dépenses de santé".

Or, en dépit de ces constats visibles par tous à l'œil nu, aucun correctif n'a été apporté ni sur le contrôle des dépenses de santé, ni sur la santé au sens large. Au contraire, certaines actions, notamment la prévention ont été abandonnées : "La décennie 2000 a marqué un recul en matière d’observation et d’évaluation en santé. Il n’existe plus de tableau de bord de suivi des principales données de santé".


Les médecins urgentistes de Taravao étaient en grève en avril dernier et ont fini par obtenir du gouvernement un accord qui vise à l’amélioration de la permanence des soins dans cet hôpital, notamment le week-end. Le nouveau SOS devra préciser les missions exactes de chacun des quatre hôpitaux périphériques.
Les médecins urgentistes de Taravao étaient en grève en avril dernier et ont fini par obtenir du gouvernement un accord qui vise à l’amélioration de la permanence des soins dans cet hôpital, notamment le week-end. Le nouveau SOS devra préciser les missions exactes de chacun des quatre hôpitaux périphériques.
Les hôpitaux périphériques "relégués"

Le diagnostic effectué sur la répartition des établissements de santé sur l'immensité du territoire polynésien remarque nécessairement que la répartition de l'offre de soins est "hyper-concentrée dans les Îles du Vent". Les structures de soins publiques ou privées, les médecins généralistes et spécialistes sont en priorité à Tahiti et majoritairement dans l'agglomération de Papeete. Quant aux quatre hôpitaux périphériques, ils "ont pour points communs d'être relégués dans le système de santé polynésien. Ils sont aujourd’hui confrontés à plusieurs problématiques de gestion, de gouvernance, de sous financement et d’absence de stratégie. Ils subissent des contraintes structurelles relatives à leur desserte, à leur attractivité et à la taille du bassin d’attraction. Leur activité est déclinante et leur productivité faible : le taux d’occupation en hospitalisation des hôpitaux périphérique est très faible. Leur vocation/mission est confuse et leur gestion centralisée est disséminée entre plusieurs services ministériels". L'avenir passe par une "refonte de la gouvernance des hôpitaux périphériques et certainement d'une réallocation afin de renforcer la qualité de l'offre de soins".



EN CHIFFRES

514 praticiens libéraux sont recensés en Polynésie française par la CPS. 39% sont des médecins, 26% des infirmiers. "On note chez les médecins une très forte représentation à Tahiti. Cette forte surreprésentation s’accroît avec la spécialisation. Ainsi, sur 514 praticiens en Polynésie, seuls 8 sont aux Australes, 14 aux Marquises, et 12 aux Tuamotu". Papeete enfin est un pôle majeur à Tahiti, ainsi Papeete compte 101 des 167 médecins de Tahiti.



Des structures de proximité à préserver

En dépit de la concentration de l'offre de soins à Tahiti, le "modèle polynésien d'organisation des soins primaire" est "une singularité à pérenniser". On trouve sur le territoire à la fois système classique de médecine libérale et mais aussi les dispensaires, structures de médecine publique, rattachées à la Direction de la santé. Un système original que le diagnostic salue : "Le système polynésien de « délégation de tâche » est original et assez efficace alors même qu’il s’est développé sans ligne politique claire ni réglementation".

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 4 Mai 2015 à 18:45 | Lu 115185 fois
           



Commentaires

1.Posté par enata le 05/05/2015 09:48 | Alerter
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Rien n'a été fait entre 2003 et 2015, malgré les voyants au rouge???
Pourquoi aurions nous tout d'un coup une autre conscience des problèmes?
La plupart des "épidémies" de santé publique et les fléaux en cours sont dues aux modes de vie et au largement foutisme local et électoraliste.
Nous sommes juste arrivés à un point de non retour, où l'on ne peut plus financer la bouffe, l'alcool, et le sucre sans être obligés de taxer les entreprises, les salariés SANS TOUCHER AUX FONCTIONNAIRES grands consommateurs de soins à l'avenir.

2.Posté par enata le 05/05/2015 09:55 | Alerter
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Si l'on veut garder le même système avec un peu plus d'organisation, de logique et bon sens, il va falloir mettre le haut là et SURTOUT faire payer les mauvais comportements.
La gratuité de tout pour tous est la pire chose que l'on est pu créer.
L'école gratuite et la santé pour tous, résultat, des illettrés obèses, diabétique, que l'on doit prendre en charge pendant 40 ans!!!
On dé-responsabilse et on fait payer ceux ou celles qui tendent à préserver leur bonne santé.
Faut savoir quel genre de société et d'avenir on souhaite.
Le système du "tout pour Tahiti" est une aberration et quand va t-on considérer que les transferts EVASAN sont du ressort de la continuité territoriale et que l'état prenne en charge ces dépenses?

3.Posté par tutua le 05/05/2015 09:57 | Alerter
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de 2008 à 2014, le pays a été sinistré par le Tahoeraa qui n'a pas accepté sa défaite en 2004 et a organisé une instabilité permanante : une dizaine de gouvernements en 9 ans !!! la Pf a reculé
autre point : en France le 1/3 payant est en discussion avec de bonnes probabilités d'être adopté. C'est un projet qui devrait être appliqué chez nous, un progrès majeur pour les " petits Tetuanui " qui ne vont pas se soigner parce qu'ils doivent avancer les 3600 balles de la consultation qu'ils préfèrent garder pour se nourrir

4.Posté par wakrap le 05/05/2015 11:34 | Alerter
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Ouaip, tutua, c'est vrai, mais heureusement qu'il n'a pas été exterminé au même moment par la bande de crypto marxistes du tavini. C'était pas top, mais on a échappé au délire.

5.Posté par enata le 05/05/2015 14:12 | Alerter
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@tutua
La gratuité des soins ça fonctionne dans les pays où la responsabilité personnelle et collective sont assumées et assurées.
En France on a beaucoup parlé du 1/3 payant dans les autres pays d'Europe sans parler de leurs systèmes de prise en charge très loin de nos "on va où quand et combien on veut"
Si le territoire la CPS et les organismes de santé ne parlaient que de un et seule voix, celle qui dit "ça suffit"

6.Posté par tutua le 06/05/2015 08:56 | Alerter
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j'insiste, le 1/3 payant est une véritable avancée qui mettra la santé à la portée de tous. Vous mettez en avant des questions de responsabilités de dépenses publiques et autres, c'est important, mais secondaire. Etre en bonne santé c'est coûter moins cher au pays, c'est pouvoir travailler et se prendre en charge, ça veut dire des campagnes d'infos sur comment ça fonctionne

à wakrap : ton disque est rayé, t'es en 33 tours, accélère bon sang !

7.Posté par Honu DEMER le 06/05/2015 10:06 | Alerter
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DEMER
@ Enata,
Même s'il y a dans votre message (P.2) des idées auxquelles j'adhère, il y en a d'autres qui me font dresser les cheveux sur la tête :)
Je vous rappel que l'école est gratuite depuis Jules FERRY (reformes de 1881-1882) et c'est étendue au secondaire en 1933 justement pour réduire l'illettrisme et créer une nation forte (bref, je vous passe les notions stratégiques que cela impliquait). Ensuite, les EVASAN font partie du système de santé Polynésien et tel est le prix de l'autonomie. L’État garde les fonctions régaliennes et laisse la Polynésie gérer le reste (http://www.polynesie-francaise.pref.gouv.fr/Repartition-des-competences).

8.Posté par Honu DEMER le 06/05/2015 10:12 | Alerter
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DEMER
(suite)
Demander à l’État d'absorber les dépenses des EVASAN reviendrait à nous diriger de plus en plus vers la départementalisation (chose pour laquelle je n'aspire pas...je précise car les mauvaises langues guettent). Il nous faut donc faire comme tous les pays ayant une assurance maladie gratuite...trouver des moyens viables et pérennes de financement - ce qui reviendrait à changer notre système de financement, ou alors faire comme la métropole et creuser le déficit ou encore arrêter la gratuité des soins et autres remboursement des médicaments.

9.Posté par enata le 06/05/2015 12:20 | Alerter
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@ tutua Post 6
"Etre en bonne santé c'est coûter moins cher au pays" oui tout à fait d'accord mais la gratuité dans ce pays est considéré comme un du, et non pas comme une facilité.
Si l'on veut que la population polynésienne soit en ...meilleure santé, il y a des mesures à prendre DE TOUTES URGENCES.
- taxer fortement les produits dérivants
- insérer des programmes de santé publique à l'école dès la maternelle, de civisme par la même occasion
- taxer fortement le tabac, l'alcool (pourquoi devrions nous faire jeu de la Brasserie ou autres)
- TVA variable sur la restauration rapide
- revoir les obtentions et les renouvellements des ALD
Oui, responsabiliser la population AUX COUTS de la santé et OUI on pourra ensuite mettre le 1/3 payant sur tout.
Pourquoi prendre en charge à 100% une arthroscopie sur un patient de 150 kgs????? il va devoir revenir tous les 2 ans voire pire

10.Posté par enata le 06/05/2015 12:22 | Alerter
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Nous se sommes plus au stade de la philosophie bisounours, ou l'éducation bienveillante, mais en plaine épidémie.
SI, je dis bien SI, nous prenons les problèmes à bras de corps maintenant, nous pourrons espérer au mieux une stabilisation et un léger mieux dans ....10 ans.!

11.Posté par enata le 06/05/2015 14:52 | Alerter
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@Honu Demer
Oui nous nous dirigeons vers plus "d'état", plus de dirigisme.
L'autonomie c'est quoi
- pas d'eau potable avant 2022 (si le contrat n'est pas reporté)
- une PSG moribonde système de retraite à genou, maladie dans la fosse
- une population malade et un système scolaire inefficace
- une économie qui ne décollera pas, des marchés qui existent que par des effets d'annonce
- un secteur primaire qui n'existe pas réellement
Pourquoi prendre pour exemple la métropole, qui a démontré depuis des décennies l'inefficacité de ses idées et méthodes, sans parler de son système politco-mafieux.
Oui, l'école est gratuite et c'est bien cela le problème, personne ne prend en compte la chance qui est donnée à chacun de nous.

12.Posté par Honu DEMER le 06/05/2015 20:44 | Alerter
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DEMER
@ ENATA,
Si j'entends bien, vous êtes pour plus "d’État", mais sans copier le modèle métropolitain. Il y a petite contradiction ou je n'ai pas saisi vos propos. Si l’État devient omniprésent, nous nous dirigerons inéluctablement vers une départementalisation...et donc une politique, des idées et des méthodes qui vont avec!
Je comprends votre dernière phrase qui sent l’agacement, mais je ne suis pas en encore avec vos derniers propos.
Cdt