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Nouvelles frappes meurtrières à Gaza, Israël accusé d'affamer la population


Crédit JACK GUEZ / AFP
Crédit JACK GUEZ / AFP
Territoires palestiniens | AFP | lundi 18/12/2023 - De nouvelles frappes israéliennes ont fait des dizaines de morts, selon le Hamas, dimanche et lundi dans la bande de Gaza assiégée, où Israël est accusé par une organisation humanitaire d'affamer délibérément la population.

Malgré l'indignation internationale face aux lourdes pertes civiles, qui approchent les 20.000 morts, l'armée israélienne poursuit ses frappes sur le territoire palestinien, en proie à un désastre humanitaire, en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L'organisation Human Rights Watch a accusé lundi Israël d'utiliser "la famine des civils comme technique de guerre dans la bande de Gaza occupée, ce qui constitue un crime de guerre". Le gouvernement a qualifié en retour HRW "d'organisation antisémite et anti-israélienne". 

"L'armée israélienne bloque délibérément l'accès à l'eau potable, à la nourriture et au carburant, tout en entravant intentionnellement l'aide humanitaire, en détruisant semble-t-il des zones agricoles et en privant la population civile de produits indispensables à sa survie", assure HRW. 

Dix jours après un veto américain, le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur un nouveau texte appelant à une "cessation urgente et durable des hostilités" à Gaza, au moment où Washington montre des signes d'impatience face à son allié israélien.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, est en Israël lundi.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé que 110 Palestiniens avaient été tués depuis la veille dans des bombardements israéliens à Jabalia, dans le nord, dont 50 sont morts dans des frappes "sur des maisons".

Dans le sud, des nuages de fumée s'élevaient lundi matin au-dessus de la grande ville de Khan Younès, après des bombardements, selon des images de l'AFP.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent lancée par des commandos du Hamas infiltrés sur le sol israélien depuis Gaza, qui a fait environ 1.140 morts en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir des derniers chiffres officiels israéliens disponibles.

Environ 250 otages ont été enlevés par le Hamas le 7 octobre, dont 129 sont toujours détenus à Gaza, selon les autorités israéliennes.

En riposte à l'attaque, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

Dans la bande de Gaza, 19.453 personnes, en majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, selon le dernier bilan annoncé lundi par le gouvernement du Hamas.

Des hôpitaux visés 

Dans le petit territoire soumis par Israël à un siège total depuis le 9 octobre, environ 1,9 million d'habitants, soit 85% de la population, ont été déplacés par la guerre.

Beaucoup d'entre eux ont dû fuir à plusieurs reprises, survivant à l'arrivée de l'hiver dans des camps de fortune, sans électricité, où l'eau, la nourriture, les médicaments et le carburant manquent.

"Je ne serais pas surpris si des gens commençaient à mourir de faim, ou d'une combinaison de faim, maladie et faible immunité", a affirmé dimanche le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

L'aide internationale, dont l'entrée est soumise à l'autorisation d'Israël, arrive en quantité très limitée à Gaza. Le gouvernement israélien a annoncé lundi que 122 camions étaient entrés la veille depuis l'Egypte via le poste-frontière de Rafah, et 79 autres par le point de passage de Kerem Shalom, qu'Israël a accepté d'ouvrir en vertu d'un accord avec les Etats-Unis. 

Plusieurs hôpitaux de la bande de Gaza, dont la plupart sont hors service, ont été pris dans les combats. Israël accuse le Hamas de se servir des hôpitaux comme bases et d'utiliser les civils comme des "boucliers humains", ce que le mouvement islamiste dément.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré dimanche que l'agence était "consternée par la destruction effective" de l'hôpital Kamal Adwan, à Beit Lahiya, dans le nord, où les forces israéliennes ont mené une opération pendant plusieurs jours contre le Hamas, avant de se retirer.

Dans la cour de l'hôpital, creusée par les chenilles des chars et des bulldozers, des Palestiniens erraient dans les décombres.

Mahmoud Assaf, 50 ans, est venu de Jabalia avec une charrette pour récupérer deux enfants de sa famille, souffrant de brûlures et hospitalisés depuis dix jours. Il dit avoir trouvé un des deux enfants, Hadi, "paralysé... allongé sur le dos sous les chaises. Tout était sur lui". 

L'hôpital Al-Chifa, le plus grand du territoire, dans la ville de Gaza, ainsi que l'hôpital Nasser de Khan Younès, le plus grand du sud de Gaza, ont été visés dimanche et lundi par des frappes meurtrières, selon le Hamas. 

Appel au secours

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s'est à nouveau engagé dimanche à "se battre jusqu'au bout" pour éliminer le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, et libérer tous les otages.

Vendredi, l'armée avait admis avoir tué par erreur dans la ville de Gaza trois otages âgés de 25 à 28 ans, qui avaient brandi un drapeau blanc et parlé en hébreu, dans un secteur où les soldats israéliens subissent des embuscades. 

Dimanche, l'armée a indiqué que la fouille d'un bâtiment proche avait montré les signes d'un appel au secours, dessinés avec "des restes de nourriture". Le message "à l'aide, trois otages" était écrit en rouge sur un drap, selon une photo diffusée par l'armée.  

L'armée a par ailleurs affirmé dimanche avoir découvert "le plus grand tunnel" creusé par le Hamas sous la bande de Gaza, qui s'étend "sur plus de quatre kilomètres et n'arrive qu'à 400 mètres du point de passage d'Erez", entre Israël et le nord du territoire palestinien.

Selon l'armée, 126 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre.

Empêcher l'escalade 

Le Qatar, principal médiateur dans ce conflit, avec les Etats-Unis et l'Egypte, a assuré que des "efforts diplomatiques étaient en cours pour renouveler la pause humanitaire".

Une pause de sept jours, entre le 24 novembre et le 1er décembre, avait permis la libération de 105 otages aux mains du Hamas et de groupes affiliés, dont 80 en échange de 240 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes. 

"Les conditions du Hamas sont claires: un cessez-le-feu total, le retrait des chars des villes, l'ouverture de la route entre le nord et le sud, la fin du siège, l'entrée normale d'aide partout dans Gaza sans restrictions", a déclaré lundi un membre du Hamas. 

Israël est opposé à tout cessez-le-feu, qui selon lui laisserait au Hamas le contrôle de Gaza.

La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, était quant à elle au Liban lundi, après une visite dimanche en Israël et en Cisjordanie occupée, pour tenter de prévenir une escalade à la frontière israélo-libanaise, entre Israël et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.

La guerre à Gaza a aussi provoqué des tensions en mer Rouge, où les rebelles Houthis du Yémen, ont à nouveau revendiqué lundi l'attaque de deux navires "liés à Israël", selon eux.

le Lundi 18 Décembre 2023 à 06:52 | Lu 141 fois