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"Ned Choquitto ou l’autre Don Quichotte", une pièce décalée jouée demain au MTI


Le metteur en scène a offert les premiers rôles à Dylan Tiarii et Maki Teharuru, deux de ses anciens élèves polynésiens en option théâtre.
Le metteur en scène a offert les premiers rôles à Dylan Tiarii et Maki Teharuru, deux de ses anciens élèves polynésiens en option théâtre.
PUNAAUIA, le 1er juin 2017 - Cette pièce réalisée par Julien Gué est la transposition du "Don Quichotte" de Cervantès dans un contexte polynésien du 21e siècle. Porté par deux comédiens locaux, Dylan Tiarii et Maki Teharuru, ce spectacle met en scène deux SDF qui chevauchent le fantasme à bride rabattue. Rendez-vous le 2 juin, dans les jardins du Musée de Tahiti et des îles (MTI).


"Au vingt-et-unième siècle, pas plus qu’au temps de Cervantès, les utopistes ne sont pas pris au sérieux. Ce sont pourtant les utopies les plus folles et les rêves les plus insensés qui ont toujours permis à l’Homme de changer la face du monde… Nous avons tous croisé des Don Quichotte, mais combien de fois nous sommes-nous arrêtés pour écouter vraiment ce qu’ils avaient à dire ? C’est de ce simple constat qu’est né le spectacle", explique Julien Gué, qui a écrit et mis en scène "Ned Choquitto ou l’autre Don Quichotte", dont l'affiche caricaturale est signée P’tit Louis.

S'inspirant de l'œuvre de Miguel de Cervantès Saavedra, Julien Gué transpose l'histoire de Don Quichotte dans un contexte local et contemporain. Le chevalier sans terre aux idéaux de justice et son écuyer sont remplacés par des SDF, expulsés de leur île natale. 1616-2017, les enjeux semblent inchangés, les combats restent sans issue. Les jeunes comédiens polynésiens Dylan Tiarii et Maki Teharuru se donnent la réplique dans les rues de Tahiti. La réalité de ces vingt dernières années y affleure, entre sourires entendus, situations burlesques et drames du quotidien. La musique, le chant et les arts traditionnels ma'ohi tiennent une place prépondérante dans la manière dont nos deux héros transforment la réalité pour nous offrir le texte de Cervantès. Le metteur en scène prend aussi un malin plaisir à détourner les objets pour mieux dérouter le spectateur.

Julien Gué : "Réinventer le théâtre polynésien"

Celui qui est avant tout comédien n'en est pas à son coup d'essai. Formé au Conservatoire national d’art dramatique de Bordeaux (premier prix de diction, prix spécial du jury d’interprétation) de 1972 à 1975, Julien Gué a tenu 41 rôles au théâtre depuis 1975, trois rôles au cinéma et cinq rôles à la télévision, dont l'un dans la série "Al Dorsey" tournée à Tahiti. À son actif également : 23 spectacles produits, mis en scène et réalisés dans le cadre de deux compagnies théâtrales professionnelles (Le groupe Oripo et La compagnie du chien) dont il était le fondateur et l’administrateur. Animateur d'une troupe de théâtre amateur durant quatre ans avec réalisation de cinq spectacles dont l'un a été lauréat du 2e Festival du Théâtre amateur du Languedoc-Roussillon, il assure depuis 2001 l'enseignement de la pratique théâtrale aux lycées de Taaone et Aorai. En Polynésie, il a par ailleurs mis en scène deux spectacles de la Compagnie Alinéa, ainsi que "Il a neigé aux Tuamotu" en 2011 et "Le bel indifférent" en 2013. Chroniqueur télé et radio, il a été en outre pigiste et créé le blog "Tahiti, ses îles et autres bouts du monde".

Avec "Ned Choquitto", Julien Gué veut nous plonger dans le bain de l'actualité : "Si les préoccupations politiques sont bel et bien présentes dans ce projet (tant le peuple des déshérités, des exclus et des désespérés augmente de jour en jour en Polynésie française), et particulièrement la référence sous-jacente permanente aux conséquences des essais nucléaires français sur la société polynésienne, c’est bien d’une rencontre artistique improbable dont il s’agit ici. Celle d’une œuvre majeure de la littérature espagnole devenue une référence mondiale et de la culture, de tradition orale, d’un peuple déstabilisé et désorienté par l’évangélisation et la nucléarisation de sa société…" Surtout, il confirme sa volonté de "réinventer le théâtre polynésien" en offrant les premiers rôles à Dylan Tiarii et Maki Teharuru, deux de ses anciens élèves formés au fenua. Le premier souhaite poursuivre dans cette voie en métropole et en faire son métier, tandis que le second aimerait se lancer dans la politique afin d'aider les jeunes dans leur scolarité ; tous deux ont à cœur de revaloriser la langue tahitienne.

Le synopsis

Sannos Pacha et Ned Choquitto sont deux SDF accrochés à un banc public et un réverbère comme des naufragés à une épave...
Sannos Pacha et Ned Choquitto sont deux SDF accrochés à un banc public et un réverbère comme des naufragés à une épave...
La scène se passe de nos jours, la nuit, dans une rue anonyme de Papeete, la capitale polynésienne. Sannos Pacha et Ned Choquitto sont deux SDF accrochés à un banc public et un réverbère comme des naufragés à une épave. Chacun à sa manière, ils tentent d’atteindre l’autre bout de la nuit. Toutes leurs richesses sont contenues dans une brouette, et c’est d'elle que jaillissent les accessoires du spectacle. À quelques rares répliques près, l’intégralité du texte dit par nos deux larrons vient, sans modification aucune, de l’œuvre de Cervantès dans la traduction de Louis Viardot. Seuls les noms de lieux et de personnages ont été remplacés par leurs équivalents polynésiens.

Infos pratiques

L'affiche caricaturale de la pièce est signée P’tit Louis.
L'affiche caricaturale de la pièce est signée P’tit Louis.
Vendredi 2 juin, à 16 heures
Musée de Tahiti et des îles
Tarifs : 2 000 Fcfp (adultes) ; 1 000 Fcfp (étudiants et moins de 18 ans) ; gratuit pour les moins de 12 ans
Contact : 40 54 84 35

Rédigé par Dominique Schmitt le Jeudi 1 Juin 2017 à 12:04 | Lu 966 fois