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Mort d'un marin sur l'Aranui III: jusqu'à un an de prison avec sursis requis


L'Aranui III (photo) a été remplacé par l'Aranui V, qui dispose désormais d'un emplacement particulier pour les barges.
L'Aranui III (photo) a été remplacé par l'Aranui V, qui dispose désormais d'un emplacement particulier pour les barges.
PAPEETE, le 28 mars 2017. Le 6 octobre 2007, Tehau Heitaa est mort après avoir été heurté par une barge au cours du déchargement de l'Aranui III à Papeete. Le procureur de la République a requis de 9 mois à un an de prison avec sursis à l'encontre de quatre individus : le grutier, le capitaine et son second et l'armateur. La décision sera rendue le 13 juin.

Il y a presque 10 ans, le 6 octobre 2007, après deux semaines en mer, l'Aranui III revient au quai de Papeete. "Tout le monde est un peu excité et veut vite finir le travail", reconnaît le second capitaine à la barre du tribunal correctionnel ce mardi. Alors que les marins sont habitués à décharger le fret dans des conditions très difficiles dans les îles dépourvues de quai, décharger à Papeete apparaît comme l'étape la "plus facile" souligne l'armateur. Alors que les trois premières cales ont été vidées, il ne reste plus que la dernière cale à décharger. Sur celle-ci, une barge est posée. Une barge qui mesure 11 mètres sur six et pèse pas moins de huit tonnes. Pour vider la cale, il faut donc la bouger. Deux caliers travaillaient avec le grutier pour déplacer la barge. L'un des caliers s'est déplacé pour aller "chercher de l'eau". Le grutier lui, qui avait un angle mort depuis son poste, n'a pas vu où était le calier restant, Tehau Heitaa. Le flou reste sur les circonstances exactes du décès puisque personne n'a assisté à l'accident.

L'expert qui a examiné le corps du marin a exclu que le décès pouvait provenir d'une simple chute. Il a indiqué que son décès était résultat d'un écrasement de la boite crânienne, qui serait donc dû à la barge qui aurait percuté le calier.
Pour le procureur de la République, il y a "toute une chaîne de responsabilités". Il a alors évoqué l'action du grutier qui "a effectué une manœuvre sans avoir 'l'autorisation du seul calier", le capitaine, "qui ne se comporte pas en capitaine mais en ouvrier", qui conduit un chariot alors que le drame se produit. "Il n'est pas le vrai capitaine à bord", a souligné le représentant du parquet.

Il est ressorti des débats lors de l'audience que le capitaine, en formation, était encadré par son second, lui-même ancien capitaine du navire et qui "était le vrai maître à bord" selon le président du tribunal correctionnel.
Le procureur de la République s'est aussi interrogé sur l'absence du second capitaine à la fin du déchargement alors que son "rôle était d'être sur le quai pour assurer la sécurité". Enfin, se tournant vers l'armateur, le procureur de la République a reproché que "toutes les règles de sécurité n'ont pas été prises". "On a l'impression d'un manque d'organisation dans cette société", a-t-il souligné. "Personne ne savait exactement le protocole en matière en matière de déchargement".

"C'est une responsabilité collective", a insisté le représentant du parquet pour qui "un accident du travail entrainant la mort ne devrait plus exister." C'est pourquoi il a requis un an de prison avec sursis contre le grutier et une amende de 180 000 Fcfp, 9 mois de prison avec sursis et 300 000 Fcfp d'amende contre le capitaine, un an de prison avec sursis et 500 000 Fcfp d'amende contre le second capitaine et un an de prison avec sursis et 5 millions de Fcfp d'amende contre l'armateur.
La décision sera rendue le 13 juin.

Rédigé par Mélanie Thomas le Mardi 28 Mars 2017 à 17:03 | Lu 12743 fois