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Moorea : Le projet de centre commercial de la Sogil fait encore parler de lui


Le projet prévoit l’implantation de 13 800 m² de bâtiments comprenant un supermarché, une galerie marchande, des bureaux et des parkings sur une emprise foncière de 51 000 m² à Maharepa.
Le projet prévoit l’implantation de 13 800 m² de bâtiments comprenant un supermarché, une galerie marchande, des bureaux et des parkings sur une emprise foncière de 51 000 m² à Maharepa.
Moorea, le 23 décembre 2025 - Le projet de centre commercial de la société Sogil continue de susciter l’inquiétude à Moorea. Même après la suspension du permis de construire, la Fédération Tāhei ‘autī ia Moorea redoute les risques d’inondation, l’impact sur le paysage et la circulation, ainsi que des retombées limitées sur l’emploi local. Pour elle, il est plus que jamais essentiel d’obtenir l’aval des habitants pour des projets d’une telle envergure.
 
Malgré la suspension du permis de construire du projet de centre commercial Maharepa par le tribunal administratif de Papeete au début du mois de novembre, et la demande faite à la société Sogil de compléter son étude d’impact environnemental, le projet sème toujours le doute et l’inquiétude, sur l’île sœur ; voire l’indignation, d’une partie de la population de Moorea, notamment celle de Maharepa. Pour rappel, le projet prévoit de s'implanter sur un foncier de 51 000 m² et d'y ériger, sur une surface de 13 800 m², un supermarché, une galerie marchande, des bureaux et des parkings. La Fédération Tāhei ‘autī ia Moorea reste également très inquiète, notamment sur deux points majeurs pourtant évoqués par le tribunal. Le premier concerne le risque de submersion et d’inondation amplifié par l'existence d'un tel complexe. “La zone où la construction est prévue est une zone rouge dans le Plan de prévention des risques de Moorea. Cette forêt naturelle faisait office de tampon. Si jamais il y avait une grosse houle, les arbres de pūrau, avec la boue, absorbaient l’eau. Aujourd’hui, on a rasé toute cette végétation et on prévoit 1,92 mètre de remblai avec des bâtiments en béton. L’eau ne sera plus absorbée et va se reporter sur les zones voisines et sur la route”, prévoit Rahiti Buchin, le président de la fédération Tāhei ‘autī ia Moorea.
 
L’autre sujet de préoccupation de ce collectif citoyen regroupant des membres d'associations culturelles, religieuses, sportives et environnementales s’intéresse à l’impact paysager du projet : “Quand on regarde les visuels du permis de construire, on voit que le projet ne se fond pas du tout dans le paysage. Ce n’est pas ce qui est demandé aujourd’hui pour des projets de cette envergure. Avec près de 13 800 m² de surface et plus de dix mètres de hauteur, le centre commercial deviendrait l’un des bâtiments les plus imposants de Moorea”, souligne-t-il. D’autant que la Fédération Tāhei ‘autī ia Moorea reste très dubitative au sujet des créations d’emplois pour un tel centre commercial dans le bassin de population de l’île et pointe les conséquences d’un tel pôle sur le trafic routier : “On parle beaucoup d’emplois, mais quand on regarde de près, on est convaincus qu’on va surtout en perdre. Les commerces déjà implantés depuis 5, 30, 40 ou 50 ans auront du mal à s’aligner face à un géant comme Carrefour”, affirme Rahiti Buchin. “Je vois toutes les voitures qui vont affluer, entre employés et visiteurs. À côté, il y a déjà un centre commercial. Quant au supermarché Maharepa, il va se déplacer juste à côté. Le week-end, il y a aussi les matchs de foot. Il est clair que la circulation va s’aggraver.”
 
Consultation populaire
 
Pour Tāhei ‘autī ia Moorea, l’île dispose déjà d’un atout majeur : son capital vert et bleu, véritable moteur de l’économie locale. “Le week-end dernier encore, mille et quelques coureurs sont venus à Moorea pour participer à l’ultra trail. Ils ne viennent pas pour voir un supermarché Carrefour. Ils viennent pour courir dans nos montagnes et nager dans notre lagon. Les commerces existants sont déjà capables de répondre à cette demande, et ils font vivre la population locale”, insiste-t-il.
 
Enfin, la Fédération Tāhei ‘autī ia Moorea rappelle que des projets d’une telle envergure ne devraient pas être menés sans une véritable consultation populaire préalable, ni l’aval des riverains dans un cadre collaboratif. Un principe qui peine à faire son chemin du côté des autorités politiques locales. “Si la majorité de la population est pour le projet, alléluia, on y va. Mais il faut arrêter de nous bassiner avec l’emploi et enfin associer la population aux décisions. Je veux dire, l’emploi, actuellement, ce sont les montagnes et le lagon de Moorea. Il est essentiel que le promoteur vienne présenter son projet et écouter les habitants dans les réunions publiques”, estime le président de la fédération. “Quand on demande l’avis de la population, celui-ci se limite souvent à des consultations en ligne, comme pour le port de Vaiare, ou à des cahiers de doléances volumineux qu’on ne peut pas consulter chez soi. Il faut donc se déplacer et lire parfois 100 à 300 pages pour donner son avis, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde.”

Rédigé par Toatane Rurua le Mardi 23 Décembre 2025 à 13:56 | Lu 826 fois