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Moana Kautai, régisseur : "Sur le tournage Al Dorsey, il fallait avoir les reins solides"


Moana Kautai  fait partie des nombreux Polynésiens qui ont travaillé sur le tournage de la série "Al Dorsey" qui a pour cadre Tahiti et Moorea.
Moana Kautai fait partie des nombreux Polynésiens qui ont travaillé sur le tournage de la série "Al Dorsey" qui a pour cadre Tahiti et Moorea.
PAPEETE, le 12 août 2016 - Le tournage de la série "Al Dorsey", inspirée des romans de Patrice Guirao et mettant en scène un détective privé à Tahiti, s'est achevé au début du mois. En attendant la diffusion des six épisodes de 52 minutes en 2017 sur France Télévisions, Moana Kautai, le régisseur général adjoint, nous raconte les coulisses de cette aventure partagée entre une équipe essentiellement polynésienne et une autre métropolitaine.


Quel était votre rôle exactement ?
Sur ce projet, en tant que régisseur général adjoint, j’ai été chargé de trouver les décors, les sites potentiellement éligibles pour le tournage. Ils doivent concorder au scénario et à un "cahier des charges" bien précis. Je devais donc non seulement trouver le lieu adéquat au tournage mais aussi où garer les véhicules techniques, où implanter la régie, le bureau de production et le HMC (habillage, maquillage, coiffure). Pour le bon déroulement du tournage, il faut avoir toutes les autorisations au niveau des différentes institutions, les accords et les mises à disposition. Je remercie d'ailleurs toutes les communes qui nous ont permis de travailler dans de très bonnes conditions.

Quelles sont vos précédentes collaborations ?
J’ai travaillé plusieurs années dans une agence de pub et c’est ainsi que j’ai découvert le monde de l’audiovisuel et de la télévision. J’ai posé plusieurs fois ma voix pour des pubs radio et télé, et j’ai aussi joué dans quelques-unes. Grâce au Festival international du film documentaire océanien (Fifo), je me suis converti dans le documentaire, et plus exactement en tant que "fixer", c’est-à-dire guide/interprète. Je suis fier d'avoir contribué notamment à ces documentaires : "The Sailing Canoe" d'Hoio Todoriu, "Le truck, dernier arrêt ?" de Philippe Sintes, "Danseuse ou femme de ménage ?" d'Émilie Lamoine, ou encore "Fly Fishing in Anaa" de Lucy Kreutz.

Comment se sont passées les conditions de tournage ?
Il fallait avoir les reins solides : 37 jours de tournage intense et des horaires décalés… il y a de quoi sortir de là extrêmement fatigué. La susceptibilité n’a pas de place dans ce métier. Il faut avoir en tête qu’on se met au service du projet. Nous avons tourné deux jours pluvieux, les pieds dans la boue. On a tous attrapé la crève, mais on a continué à bosser. Seul le tournage importe. Lorsque j’entends : "Moteur !", je suis satisfait. C’est que tout est OK. Bien sûr, il ne faut pas négliger le côté humain du projet. Nous faisons de belles rencontres. Des personnes qui sont prêtes à nous transmettre volontiers leur savoir. Il s’agit d’être à leur écoute, anticiper leur besoin, faire en sorte que l’équipe technique puisse travailler dans de très bonne conditions.

La logistique sur une île est-elle gérable de la même façon qu'en milieu urbain ?
Il y a parfois des problèmes, et il faut les résoudre au plus vite et de manière efficace. Il nous faut constamment avoir des plans B, C ou D, pour ne pas se planter. Ce n'est pas évident. Surtout lorsqu’il y a des changements de dernière minute. On doit se plier à la créativité du réalisateur et à l’œil du directeur de la photographie. La logistique n’est pas la même en ville que sur un motu, ou tout au fond d’une vallée. Il faut s’adapter à la situation du terrain. Déballer, porter, dresser le HMC, la régie et aider les techniciens.

Quelle expérience en retirez-vous ?
Ce tournage a été une sacrée expérience et je n’en ai pas assez en tant que régisseur général. Je me suis formé sur le tas et je pense avoir su relever le défi. C’était ma première grosse production et j’ai donné tout ce que j’ai pu pour que ce projet se réalise. J’attends avec impatience le résultat ! Sur la dernière feuille de service, notre réalisateur Thierry Bouteiller nous a laissé une citation de Mark Twain : "Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait…". Ça résume très bien ce que nous venons d’accomplir.

Rédigé par Dominique Schmitt le Vendredi 12 Août 2016 à 15:29 | Lu 4001 fois