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Marquises : "le projet de pêche tient la route" (Félix Barsinas)


Mercredi soir, les six tāvana ont rencontré l'investisseur de ce projet, Eugène Degage. (c. Tahiti Tourisme)
Mercredi soir, les six tāvana ont rencontré l'investisseur de ce projet, Eugène Degage. (c. Tahiti Tourisme)
PAPEETE, le 03/08/2017 - Les maires marquisiens ont rencontré mercredi soir l'investisseur du projet de pêche dans leur archipel, Eugène Degage. Selon le président de la Communauté des îles Marquises (Codim), le bilan est positif. Reste plus qu'à attendre les démarches administratives et législatives par le Pays afin de lancer concrètement le projet, sur le volet formation notamment.

"Le porteur du projet est la Codim. Donc, l’investisseur suit la vision que nous avons", rappelle Félix Barsinas, président de la Communauté des îles Marquises (Codim).

Mercredi soir, les six tāvana de cet archipel ont rencontré l'investisseur de ce projet, Eugène Degage. Une rencontre positive où les maires ont pu revenir sur leurs attentes. Dans ce projet, il est prévu que la société Big Eyes d'Eugène Degage envoie 12 thoniers aux Marquises pour pêcher des thons de "qualité sashimi".

"En tous les cas, le calendrier est respecté, et la date idéale serait avant la fin de l’année. La volonté est là, mais les rouages administratifs nous obligent à respecter ou à repousser l’échéance", précise le représentant marquisien, Félix Barsinas.

UNE LOI DU PAYS CONCERNANT LE ZONAGE

Dans ce projet, les maires ont déjà fait savoir leur position concernant le zonage de ce projet, afin de respecter notamment l'aire marine protégée de l'archipel.

"À l’intérieur des 20 milles nautiques, la pêche est réservée aux bonitiers et aux poti marara. Et au-delà des 20 milles nautiques, voire même 40 milles et 50 milles nautiques, cette zone sera réservée exclusivement aux thoniers. Et au-delà des 50 milles, ce sera pour les bateaux de plus grandes envergures", assure le président de la Codim.

Cependant les tāvana souhaiteraient que le Pays mette en place un arrêté ou une loi de Pays qui va dans ce sens.

EMBAUCHES LOCALES VALIDÉES PAR LES MAIRES

Ce qui motive les maires à lancer ce projet, ce sont les emplois directs ou indirects que cela procurera. "On projette de créer 600 emplois directs et indirects. Je pense tout de suite à des stations de carénage, à la maintenance des bateaux de pêche, à l’agriculture, à la restauration. Bien évidemment, d’ici trois ans, nous comptons développer d’autres secteurs liés aux activités de pêche", confie Félix Barsinas.

"La priorité absolue, est qu’on puisse recruter des Marquisiens confirmés. 50 % des capitaines qui travaillent sur des flottilles basées à Tahiti, viennent des Marquises. On leur laisse le choix de rentrer chez eux. Et bien évidemment, on demande par la suite la formation, et que le Pays nous accompagne à ce niveau-là", poursuit-il.

Et il y a bien un point qui ne sera pas négociable. "C’est nous qui nous chargerons des embauches, et non la société privée", précise le tāvana de Tahuata.

FORMATION DES FUTURS CAPITAINES

Et pour se lancer dans le secteur de la pêche, il y a des connaissances à acquérir, surtout en ce qui concerne le métier de capitaine.

"Nous souhaitons un programme de formation pour les Marquisiens. Que cela soit délocalisé aux Marquises avec un plan de formation accéléré sur deux-trois mois ", indique le président de la Codim. Un appel est de nouveau lancé au Pays.

"Le plus tôt sera le mieux avant la fin de l’année, sachant que l’effectif est de 12, et c’est l’administration qui dicte tout cela. Mais, on aimerait qu’il y ait au moins 30 places, avec 10 % de rejet. Et tout ce qui est pêcheur, c’est une formation assez facile, ceci dit en respectant les normes d’hygiène que préconisent les grands Pays."

PÊCHE RAISONNÉE

Conscients des différents avis qui émanent de la population, les maires tiennent à rappeler que l'objectif de ce projet est le développement de l'archipel, et non le pillage de l'océan. "Nous n’allons pas autoriser 100 thoniers à pêcher dans nos eaux. On fixe un quota de thoniers dans nos eaux, si c’est 20, eh bien ce sera ça, et si la prise annuelle est de 2 000 tonnes, eh bien, on n’autorisera pas au-delà".

Une idée qui a été acceptée par l'investisseur.

En termes de contrôles : "Il y aura des statistiques qui seront exigées par les pouvoirs publics pour qu’il y ait ce contrôle tous les ans. On sollicitera le service de la pêche et d’autres services du Pays. Le quota est fixé et il ne faudra pas le dépasser", précise le président de la Codim.

"Les pêcheurs marquisiens produisent 400 tonnes de poissons par an et qu’on expédie à Tahiti. Si on arrive à multiplier le tonnage et que l’on peut passer à 6 000 tonnes ou 2 000 tonnes au démarrage, pourquoi pas ? Il y a un potentiel énorme, et on ne va pas continuer à regarder les thoniers coréens ou japonais qui gravitent autour de notre zone. Il faut encourager les initiatives locales que ce soit aux Marquises, aux Tuamotu ou encore aux Australes… sachant que les études démontrent bien qu’il y a du poisson", assure Félix Barsinas.

Et de conclure : " c’est vrai qu’une partie est contre ce projet, et ce sont surtout des personnes qui relèvent des associations de protection de l’environnement. Le Pays se doit de nous accompagner tout comme l’Etat pour rassurer cette population et ces associations. Nous n’allons pas faire n’importe quoi dans notre zone économique exclusive au niveau des Marquises. Nous sommes conscients aussi de la préservation de nos ressources. Le Pays doit nous aider avec des lois de Pays qui nous réconfortent dans nos revendications."

En attendant que tout se mette en place, le travail d'information sur le terrain pour les tāvana reprendra dès la rentrée. Avec un seul mot d'ordre : rassurer la population !


le Jeudi 3 Août 2017 à 15:22 | Lu 4305 fois