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Marqueseas Fisheries Project : les pêcheurs inquiets


"On a une coopérative, on est prêt à aller couper les lignes s’il faut pour protéger notre poisson."
"On a une coopérative, on est prêt à aller couper les lignes s’il faut pour protéger notre poisson."
NUKU HIVA, le 22 mai 2017 - La Communauté de communes des îles Marquises porte le projet Marquesas Fisheries project en association avec le secteur privé du pays et sa société civile. La société Degage déclare vouloir investir 7 milliards de Fcfp. Mais, sur place, les pêcheurs demandent plus de concertation.

"On n’est pas contre le projet, on ne dit pas qu’il ne faut pas le faire, mais on demande à être associés à ce projet", commente Henri Kaiha, pêcheur à Nuku Hiva. "Ils ont donné l’accord sans nous consulter, ils nous ont informés mais une fois avoir pris les décisions. Ils ont mis la charrue avant les bœufs", regrette-t-il.

"Le projet", expliquent de concert Benoit Kautai, maire de Nuku Hiva et Joseph Kaiha, maire de Ua Pou "est notre projet à nous, Marquisiens." Un projet né d’études faites sur le terrain. À en croire un rapport de la Codim daté de juillet 2016 relatif au Marquesas Fisheries Project : "l’océan qui nous entoure regorge de thons rouges big eye, yellow fin à tel point qu’avec les Maldives, les Marquises sont les îles les plus riches en gros thons, big eye."

Joseph Kaiha poursuit : "C’est un moyen de développement important qui va laisser les pêcheurs d’ici continuer leur pêche traditionnelle et permettre à ceux qui le souhaitent d’investir dans des nouveaux bateaux." "Le problème", assure Henri Kaiha, "c’est que pour investir, même si nous sommes aidés comme c’est annoncé, et pour se former, il faut compter trois ans. Or, les premiers thoniers arrivent en septembre."

Un lancement en fin d’année

Eugène Degage, responsable de la société Degage, le partenaire privé investisseur, confirme que le projet est en cours. "Nous avons racheté une dizaine de bateaux que nous allons aménager, de même que des bateaux de notre société. Soit au total une douzaine de bateaux." Les pièces qui permettront la mise sur pied des navires sont en cours d’achat auprès d’une société chinoise. "À partir de l’accord signé avec cette société chinoise, il faudra compter un mois de transfert des pièces, puis deux mois de travaux. On part donc plutôt sur un lancement en fin d’année."

Par ailleurs deux bateaux usines vont être mis en place, une trentaine de bateaux de 12 mètres et une trentaine de bateaux de 15 mètres vont venir compléter la flottille. Enfin, à terme, d’ici à deux ou trois ans, cinq bateaux de 50 mètres rejoindront l’archipel.

Un pêcheur de Ua Pou s’inquiète quant à lui du zonage. "On ne sait pas où les navires vont aller pêcher. Le problème en ouvrant la zone des 20 ou 30 miles, c’est qu’on ouvre les hauts fonds, là où le poisson se reproduit."

Zonage : 3 périmètres retenus

Le zonage de pêche retenu par le Marquesas Fisheries Project fait apparaître 3 périmètres. En témoigne le rapport de la Codim. Le premier couvre la zone comprise entre les côtes des îles et les 12 à 20 miles de ses îles. Cette zone sera dédiée aux embarcations type bonitier et potimarara. Au-delà et jusqu’à 200, la zone sera réservée aux thoniers de 13/14 mètres. Enfin, la troisième zone sera réservée aux bateaux de 40 mètres et plus. Aux surgélateurs qui iront pêcher entre 100 et 200 miles dans la ZEE de la Polynésie française et à l’extérieur des 200 miles, dans les eaux internationales, jusqu’à Clipperton.

Concernant la zone de reproduction, Eugène Degage répond : "On ne sait pas où se reproduisent les thons, ce sont des espèces migratrices. Quant au zonage, il est du ressort de la Codim, à elle de le fixer, de même que le contrôle." Joseph Kaiha confirme que la question n’a pas encore été tranchée.

Henri Kaiha conclue par une prévision : "Ce qui va se passer ? Si ça continue comme ça, on va vivre la même chose qu’à Tahiti. Aujourd’hui il n’y a plus de bonitiers car il n’y a plus de poissons." Mais avant d’en arriver là les pêcheurs répètent : "On a une coopérative, on est prêt à aller couper les lignes s’il faut pour protéger notre poisson."

Joseph Kaiha, maire de ua Pou indique : "C’est un moyen de développement important qui va laisser les pêcheurs d’ici continuer leur pêche traditionnelle et permettre à ceux qui le souhaitent d’investir dans des nouveaux bateaux."
Joseph Kaiha, maire de ua Pou indique : "C’est un moyen de développement important qui va laisser les pêcheurs d’ici continuer leur pêche traditionnelle et permettre à ceux qui le souhaitent d’investir dans des nouveaux bateaux."

"Ils ont donné l’accord sans nous consulter, ils nous ont informés mais une fois avoir pris les décisions. Ils ont mis la charrue avant les bœufs".
"Ils ont donné l’accord sans nous consulter, ils nous ont informés mais une fois avoir pris les décisions. Ils ont mis la charrue avant les bœufs".

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 22 Mai 2017 à 16:02 | Lu 5853 fois
           



Commentaires

1.Posté par Joseph le 23/05/2017 11:41 | Alerter
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Si on suit le calcul, ca fait 72 thoniers de 12-15m et 5 bateaux usines de 50m d'ici 2-3 ans! Tout ça aux Marquises, pour pêcher du bigeye, une espèce menacée! Il est où le profit pour les Marquisiens avec ces thoniers industriels venus de Tahiti, payés en grande partie avec l'argent de la defisc et l'autre partie on ne sait pas d'où? et meme sils embauchent qqs marquisiens pour la photo, le profit risque d'etre de courte durée, car les derniers stocks de bigeye vont rapidement disparaitre à cette allure! Il est devenu quoi le projet d'aire marine protégée des marquises? Remplacé par ce projet de peche industrielle? Yaurait pas moyen de concilier les 2, protection + développement raisonné de la peche?

2.Posté par KAIKAHI le 23/05/2017 12:04 | Alerter
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Nous Marquisiens notre mer nous nourrit, nous avons tous du poisson à manger dans nos assiettes et nos enfants grandissent bien ils vont se baigner dans une mer propre. Nous ne voulons pas échanger notre garde manger contre de l'argent pour aller acheter du thon ou du mackerel en boite au magasin quand il n'y aura plus rien. Nous ne voulons pas aller ns baigner dans une mer morte polluée et attraper des maladies. Celui qui veux aller pêcher il attrape facilement du poisson, celui qui ne va pas pêcher il achète du thon à 500 fcp le kg et fait vivre le petit pêcheur local. Nos enfants ont encore la chance de voir, apprendre, connaitre la richesse de notre mer, thon, thazard, raie manta, ature, requin, tortue...etc Pourquoi vouloir détruire notre environnement unique au monde porteur de richesse pour les génération futur ! moni moni moni
SVP Mr Degage aller vous enrichir, piller et détruire ailleurs, ici c'est la" terre des hommes" et vous n'en faite pas partie laisser nous tranquille nous sommes très heureux sans vos gros sales bateaux qui sentent la mort !!!

3.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:25 | Alerter
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Merci Henri de prendre la parole

4.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:31 | Alerter
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Les détails sur le projet « Marquesas Fish Project » (MFP) est consultable sur le http://www.codim.pf/fr/hiva-toa-marquesas-fisheries-project/.
Extraits :
« Page 7 : Le thon rouge : une ressource à portée de mains marquisiennes
• La règlementation internationale … 10 jours entre la capture du thon dans l’océan et sa vente … Hawaii, aux USA, au Japon ou en Europe.
• Il est impossible de respecter ce délai si les bateaux acheminent leurs prises depuis les Marquises jusqu’à Papeete (entre 8 et 10 jours).
Page 24
Un plan B en attendant l’exécution du projet MFP
Acheminement du poisson Option 1 : par voie maritime avec des ferrys de type Aremiti
• Option 3 : transport des poissons depuis Atuona jusqu’à Hao aux Tuamotu par bateau »

5.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:32 | Alerter
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Page : 27 http://www.codim.pf/fr/hiva-toa-marquesas-fisheries-project/.
« Pour les marins, le salaire minimal est de 95 000 FCP. La répartition des gains par campagne se fait selon le ratio : 60% pour l’armateur, 40 % pour l’équipage (25 % pour le capitaine, 1.5 % pour le chef mécanicien, 1.2 % aux marins, 0.8 % à l’apprenti. »
Les emplois crées pour nos jeunes qui ne sont pas formés seront-ils précaires « 0.8 % à l’apprenti »
Et en attendant la mise en place, du Marquesas fish project 12, 24 voire 40 et maintenant 70 thoniers seront là à la fin de l’année. Le Groupe Degage est prêt à promettre l’impossible pour avoir « Le thon rouge : une ressource à portée de mains » (P7 du projet). Dans quel but ? Obtenir 60% des gains pour laisser 0,8% des gains au Tama Enana qui sera apprenti ! (Page 27 du projet)

6.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:32 | Alerter
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Page 24 : L’application du plan B en attendant la mise en place de toutes les infrastructures n’entrainera t-il pas du gaspillage des ressources ? Des pêcheurs de thoniers rapportent que si dans les calles il y a des thons de 60kg et que le thonier tombe sur un banc de thon de 150kg, les calles des thons de 60kg sont vidées ! Infos ou intox ? qui peut le vérifier ?
L’impact sur l’environnement marin, c’est l’inconnu ! On ne peut pas dérégler la nature.
Cependant, on peut prendre exemple l’Île de la Réunion depuis que la surpêche a été autorisée, en moins d’une génération, on peut lire https://habiter-la-reunion.re/les-attaques-de-requins-a-la-reunion/ « Les causes des attaques de requins »

7.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:33 | Alerter
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Haapakaihi te moana o Te Ati Enana, Soyons un exemple de développement durable
Est-ce qu’on ne pourrait pas mettre en place des formations :
1) De transformation de produit de la mer pour nos jeunes pêcheurs ?
2) On peut aussi se baser sur le projet de Monsieur Karel Luciani qui a reçu le deuxième prix dans la catégorie « économie circulaire » pour recycler les déchets de poissons. http://www.tahiti-infos.com/Karel-Luciani-recycle-les-dechets-de-poissons_a159595.html.?

8.Posté par Tahia le 23/05/2017 12:35 | Alerter
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Au moment où je lis cette article, il a été lu 3214 fois.
Nos Maires sont fermes, ils mettront en place ce projet. Combien de famille d’armateur seront au chômage sur Tahiti ? Est-ce qu’il y a quelqu’un pour nous défendre ?
Monsieur le Président de la Polynésie Française, les Maires des Marquises ont-ils obtenu la compétence pour AGIR ainsi ?
Les Maires ont-ils la compétence pour accorder un marché à une personne plus que d’autres sans appel d’offre ?
Si vous voulez sauver les Marquises, Faîtes suivre cette pétition
https://www.change.org/p/pr%c3%a9servons-les-marquises-de-la-p%c3%aache-industrielle?utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=petition_signer_receipt

Vaieinui,
Nui te Kaoha

9.Posté par Bozo le 23/05/2017 12:36 | Alerter
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Depuis quand les Maires des Marquises décident pour la ZEE?

10.Posté par Metaki le 24/05/2017 07:33 | Alerter
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"On a une coopérative, on est prêt à aller couper les lignes s’il faut pour protéger notre poisson."
Au groupe Degage:
J'ai même envie de cotiser le mazout avec ces jeunes pour couper vos lignes. Dégagez vos thoniers des Marquises.
Vous êtes avertis, la population ne se laissera pas faire. Nous soutenons nos petits pêcheurs!

11.Posté par Teiki le 25/05/2017 03:44 | Alerter
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http://www.ladepeche.pf/peche-aux-marquises-eugene-degage-defend-projet/
“Ils se trompent de cible”, attaque d’entrée, Eugène Degage. “Ils s’appuient sur Hélène Bourges (chargée de campagne pour Greenpeace, NLDR) … Les pétitionnaires sont quelque part malhonnêtes. Ils ont tout mélangé, peut-être pour se faire connaître.”
Son associé, Tutu Tetuanui, est confiant. “Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que les élus des Marquises sont favorables au projet. C’est un processus de travail qui a duré deux ans avec eux, sur le terrain. Pour les opposants ou les inquiets, nous allons encore faire des réunions d’information.
Le Pays soutient ce projet. Le président, comme les ministres et le gouvernement, souhaite atteindre les 12 000 tonnes pêchées. Avec ce que nous proposons, on se rapproche de cet objectif”, assure Tutu Tetuanui
Te Tama Enata, ua kamo ia to oe henua, te kamo nei atou to outou avatai! A matava'a!

12.Posté par Mareva le 25/05/2017 03:59 | Alerter
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Le projet a été établi par 2 universitaires (en aménagement du territoire et en gestion & finances) qui n'y connaissent pas grand chose en matière de pêche.
Le groupe Dégage, nouveau dans le secteur, non plus.
L'embarquement de marins locaux n'est pas garanti par Degage.
Les pêcheurs locaux en seraient réduits à pêcher des appâts pour les palangriers qui rafleraient tous les gros poissons de valeur commerciale.
Il fut une époque où les Marquisiens échangeaient leur Terre pour des clous ! des vrais clous 25,50,70,80,100 sinon pour des « Karani », carafes de vins de 5L.
Le Marquisien s’est autrefois fait spolier ses Terres et aujourd’hui, Le Président et nos 6 Hakaiki sont entrain de spolier notre Océan.

13.Posté par Mareva le 25/05/2017 04:01 | Alerter
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M. DEGAGE : Je ne connais pas Hélène BOURGUES et vous dite « Les pétitionnaires sont quelque part malhonnêtes »
La base, la population n’a pas été consultée et vous travaillez cela avec nos élus depuis 2 ans ! Merci pour l’info.
Je ne veux pas me faire connaître comme vous le dîtes, vous ne vivez pas aux Marquises et vous arrivez en territoire conquis grâce à nos élus pour dire « Les pétitionnaires sont quelque part malhonnêtes » !
Vous êtes un vendeur de clous !
Je suis une simple Maman qui veut que ses petits enfants se badinent les papilles avec du Toka mito ! Vous ne connaissez même pas ce que c’est !