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Malaise en pédopsychiatrie, les soignants lancent une alerte


PAPEETE, le 23 novembre 2017- Profitant de la semaine des droits de l'enfant, les membres de l'Association des Soignants en Pédopsychiatrie de la Polynésie française on souhaité communiquer à l'ensemble de la population polynésienne la lettre ouverte qu'elle a adressé ce jour au Ministre de la Santé et des Solidarités le Docteur Jacques Raynal ainsi qu'à Monsieur Pierre Frebault. Les soignants évoquent "leur inquiétude citoyenne vis à vis de l'état en devenir du soin pédopsychiatrique en Polynésie française au vue des remaniements envisagés par la Direction de la Santé, pourvus d'une logique qui leur reste obscure et qu'ils déplorent":

Pourquoi tant de violence ?

"Lundi 20 novembre, journée des droits des enfants… Qu’en est-il des droits en matière de santé mentale ?
Depuis 2012, l’équipe de l’unité médicale de pédopsychiatrie du CHPF s’emploie, non sans zèle, au développement du secteur de pédopsychiatrie, fameuse psychiatrie « hors les murs » pensée pour rapprocher les soins de la population sur les cinq archipels. Le secteur est un outil pensé pour créer les conditions d’un accès égalitaire aux soins, autrement dit, de lutter contre une politique à plusieurs vitesses.

Depuis deux ans aucun poste n’a été créé en Pédopsychiatrie malgré l’augmentation régulière de la charge de travail. Pour rappel, l’unité médicale a créé un centre psychothérapique pour adolescents et vingt antennes pédopsychiatriques sur l’ensemble de la Polynésie pour constituer une équipe quantitativement à même de faire fonctionner les différentes antennes de soins. Toutefois, cela permet à peine, à l’unité de pédopsychiatrie du CHPF, de couvrir les besoins en santé mentale infanto-juvénile, et a fortiori pour les populations les plus isolées et les plus précaires.

Actuellement, l’unité médicale de Pédopsychiatrie dispose de vingt six postes (équivalents temps plein). Comparativement, les autres territoires de la République Française (départements, DOM, TOM, Nouvelle Calédonie) comportent entre cinquante et soixante postes (équivalents temps plein), sans les contraintes géographiques qui caractérisent la Polynésie française.

Le Schéma d’organisation des soins, par sa publication au Journal officiel de Polynésie française, est devenu un document officiel, opposable juridiquement en cas de non respect de ses préconisations.
Dans ce document on trouve mentionné les éléments suivants :
• Le développement de la psychiatrie « hors les murs ».
• La fermeture du CCHMIJ et sa fusion avec le service de Pédopsychiatrie du CHPF

Malheureusement, si l’unité médicale s’emploie à mettre en œuvre les éléments du SOS, la fusion du CCHMIJ avec l’unité semble se faire sans le rapatriement des postes au CHPF. Ces postes sont au nombre de huit.
Or, si les missions du CCHMIJ vont échoir à l’unité médicale (Côte Ouest + Presqu’ile), cette dernière, sans postes supplémentaires ne pourra accueillir les patients et leur famille.
Ces patients risquent dés à présent de se retrouver en rupture de soin.
Cela ne peut plus durer !
Cessons de mépriser les souffrances des enfants présentant des troubles mentaux, leur famille ainsi que le personnel hospitalier accueillant !
Nous adressons cette lettre ouverte aux organismes décideurs pour leur demander de prendre, enfin, un position digne du travail accompli et en devenir pour le bien être de ces enfants, futurs citoyens de la Polynésie française, et de mettre en acte une politique de recrutement adéquate au regard des contingences réelles et des préconisations du SOS.

Il est nécessaire, dés janvier 2018, de renforcer l’Unité Médicale de Pédopsychiatrie du CHPF des 8 postes requis pour assurer les nouvelles missions qui lui sont dévolues. Au Ministère de la Santé, à la Direction de la Santé et à la CPS de faire leur travail, et à l’ARASS de montrer que sa création correspond bien à un vrai besoin, et à un véritable pouvoir d’ « orchestration » des politiques de Santé Publique en Polynésie française, une Polynésie moderne, et « décolonisée » de ses vieux archétypes stériles. "

L’Association des Soignants de Pédopsychiatrie en Polynésie Française.

Rédigé par () le Jeudi 23 Novembre 2017 à 17:45 | Lu 4942 fois