Tahiti Infos

Makalio Folituu : "La voiture est devenue un produit de première nécessité"


"Ce qu'on veut faire comprendre aux décideurs politiques c'est qu'il y a beaucoup de chose à faire pour les consommateurs. On pourrait améliorer la situation. On a parlé des taxes. Il faut peut-être revoir ce domaine au niveau de la fiscalité", a insisté Makalio Folituu.
"Ce qu'on veut faire comprendre aux décideurs politiques c'est qu'il y a beaucoup de chose à faire pour les consommateurs. On pourrait améliorer la situation. On a parlé des taxes. Il faut peut-être revoir ce domaine au niveau de la fiscalité", a insisté Makalio Folituu.
PAPEETE, le 21 février 2019 - L'association de défense des consommateurs polynésiens, "Te Tia ara" présidée par Makalio Folituu, a présenté hier les résultats de son enquête sur le comportement des consommateurs polynésiens à l'égard de leur véhicule. "L'objectif de notre étude était de proposer un certain nombre de préconisations en vue de permettre aux consommateurs de réduire et maîtriser leurs dépenses sur ce poste", a expliqué le président de "Te Tia ara".
 
La voiture est devenue aujourd'hui un produit de première nécessité", a affirmé Makalio Folituu, président de l'association "Te Tia ara" qui défend les intérêts des consommateurs polynésiens. On serait tenté de le croire. D'autant plus sur un territoire dépourvu d'un réseau de transport en commun efficace. Par ailleurs, une étude de l'Institut de la statistique de Polynésie française (ISPF), publiée au début de ce mois, a révélé que les ménages tahitiens ont consacré 44,8 milliards de francs aux transports en 2015, soit 18 % de leur budget. Ce qui représente le second poste de dépenses des foyers polynésiens, derrière l'alimentation, en lien avec le budget alloué à l’automobile.
 
En partant du constat établi par l'ISPF, "Te Tia ara" a lancé une étude au cours du deuxième semestre de 2018 "pour identifier le comportement des consommateurs à l'égard de leur véhicule et de proposer ensuite un certain nombre de préconisations en vue de leur permettre de réduire et maîtriser leurs dépenses sur ce poste", a expliqué Makalio Folituu.
 
L'enquête s'est donc attachée à savoir si le type, la marque de véhicule, le kilométrage, le budget alloué à l'entretien ou encore le service de maintenance font partie des critères de sélection pour l'achat d'un véhicule.

"UNE MÉCONNAISSANCE DU CADRE RÉGLEMENTAIRE EXISTANT"

Makalio Folituu a donc présenté hier la synthèse de cette étude. Cette dernière a ainsi permis de dégager certaines attentes des consommateurs, notamment pour l'achat du véhicule neuf. Comme par exemple une aide accrue du Pays pour faire baisser les prix des véhicules neufs, un taux de crédit spécial premier achat, ou encore une baisse des taxes sur l'importation de véhicule. À noter cependant que des mesures pour favoriser l'achat de véhicule ont déjà été prises par le gouvernement, tel que la prime "voiture propre" mise en place en 2016.

"Il y a en effet une certaine méconnaissance du cadre réglementaire de protection dans le secteur de l'automobile", a reconnu William Vanizette, directeur à la Direction générale des affaires économiques (DGAE). Avant d'ajouter, "on va donc renforcer notre communication sur le sujet par l'intermédiaire de spots télévisés et radios pour que l'information soit délivrée au plus grand nombre."

Makalio Folituu souhaite cependant que le gouvernement aille plus loin dans sa démarche pour soulager les dépenses des ménages pour ce poste : "Ce qu'on veut faire comprendre aux décideurs politiques, c'est qu'il y a beaucoup de choses à faire pour les consommateurs. On pourrait améliorer la situation. On a parlé des taxes. Il faut peut-être revoir ce domaine au niveau de la fiscalité."


UNE MAINTENANCE À MOINDRE PRIX

Ce qui ressort également de cette étude, c'est le peu de moyens mis par les consommateurs pour l'entretien et la maintenance de leur véhicule. 45% des personnes interrogées indiquent ne pas avoir entretenu leur véhicule depuis plus de deux ans. Et le "travail au noir" représente 25% des opérations de maintenance réalisées (sauf pour le changement des pneus).
 
"Il y a des petits garages qui font du bon boulot pour des prix très compétitifs", confie Philippe Dillon conseiller service pour un concessionnaire de la place. "Mais beaucoup aussi utilisent des pièces défectueuses pour leurs réparations. Ce qui fait que les pannes sont plus  fréquentes, donc on dépense davantage d'argent pour la maintenance de son véhicule. Mais on a remarqué que beaucoup de personnes reviennent néanmoins vers leurs concessionnaires faire entretenir leur voiture."
 
Cette étude donnera lieu à la réalisation de supports d'information à destination du grand public et à des recommandations aux pouvoirs publics visant à lutter contre la vie chère et à renforcer la protection des consommateurs.

FOCUS

Les chiffres à retenir

55%
des personnes interrogées ont acheté leur véhicule au cours des cinq dernières années

2%, c'est la part de personne qui indiquent avoir pris en compte le critère "écologique" pour l'achat de leur véhicule

10 811 kilomètres, c'est le kilométrage moyen estimé. Le travail, le changement d'adresse, les loisirs et le transport familial sont les principales raisons citées

45%, c'est la part de personne qui déclarent ne pas avoir entretenu leur véhicule depuis plus de deux ans, et 60% des personnes interrogées ne respectent pas l'intervalle de révision préconisé

56 822 francs, c'est le budget moyen annuel estimé par les personnes interrogées pour l'entretien de leur véhicule
 
À noter que l'enquête menée par Te Tia ara à porté sur un échantillon de 601 foyers


PAROLE A

William Vanizette, directeur de la DGAE
"Il faudrait approfondir cette étude"

"Cette étude est intéressante parce qu'elle fait une synthèse des attentes des consommateurs polynésiens dans le secteur de la vente de véhicule neuf et d'occasion. Je pense qu'il faudrait l'approfondir avec des études de type observatoire des prix en insistant par exemple sur la formation du prix du véhicule, sur le prix pièces détachées,… Parce que les consommateurs ont besoin de transparence en matière de formation de ces coûts et de ces prix pour être moins dans une démarche passive et où on accepte les propositions de prix."


Rédigé par Désiré Teivao le Jeudi 21 Février 2019 à 16:57 | Lu 1686 fois