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Luc Faatau veut désenclaver Papeete en passant par les hauteurs


Pour le ministre de l'Équipement, Luc Faatau, le seul espoir pour désenclaver la ville serait d'ouvrir de nouvelles routes.
Pour le ministre de l'Équipement, Luc Faatau, le seul espoir pour désenclaver la ville serait d'ouvrir de nouvelles routes.
PAPEETE, le 12/09/2017 - Quelle serait la solution idéale pour fluidifier la circulation aux heures de pointe ? Pour le ministre de l'Équipement, Luc Faatau, le seul espoir serait d'ouvrir de nouvelles routes. Et justement, avec son équipe, il se penche sur ce dossier. L'idée serait de faire une voie sur les hauteurs pour rejoindre la ville de Papeete.

Les embouteillages restent un éternel problème dans le monde, et la Polynésie française n'échappe pas à la règle. Un petit territoire comme le nôtre vend "5 000 voitures tous les ans et il n'y en a pas autant qui disparaisse de la circulation", prévient Luc Faatau, ministre de l'Équipement.

Et pour pallier à ce problème, plusieurs travaux routiers sont réalisés chaque année.

Mais voilà, pour le ministre, cela ne suffit plus : "Pour améliorer tout ça, à mon avis, il nous faut soit, créer une route par le côté mer ou par le côté montagne, dans la partie haute du pays."

Et du côté mer, les issues sont très limitées. En revanche, côté montagne, il y aurait encore de l'espoir, "sauf qu'il faut que les choses se fassent dans le respect des règles, mais surtout dans le respect des relations humaines, des droits des propriétaires." En clair, pour entamer la construction d'une nouvelle route en hauteur, il faudrait être en accord avec tous les propriétaires terriens.

Et un vieux projet intéresse particulièrement le ministre de l'Équipement. Il s'agit de l'ancien projet appelé "route des coteaux ou route du Sud", qui partirait de Tipaerui jusqu'au district.

Un projet qui a tout de même été revu par la nouvelle équipe ministérielle. Ce serait donc "une voie qui relierait les hauteurs de Pamatai à l'arrière du lycée Gauguin, en passant par les hauteurs de Tipaerui. Je suis en train de voir en interne", déclare Luc Faatau.

Mais pour réaliser ce projet, le coût sera important. Le ministre estimerait cela à 4 milliards de francs, hors acquisitions foncières. "Si les gens refusent, nous n'irons pas contre leur volonté. Mais je pense que nous sommes arrivés à un stade, où il nous faut trouver des solutions et il nous faut ouvrir de nouvelles routes. Ou alors, il ne faut pas râler le matin sur le répondeur et dans les voitures. Si on veut mettre un terme à tous ces embouteillages, il faut se bouger."

Un dossier qui fait donc partie des futurs grands projets routiers du ministère de l'Équipement.

AUTRE SOLUTION : LE TRANSPORT EN COMMUN

Si ces projets de nouvelles routes coûteront énormément à la collectivité, une autre solution pourrait être envisageable. Il s'agit de développer le transport en commun sur l'île de Tahiti. Et sur ce dossier, le ministre l'a bien compris : il faut mettre tout en œuvre pour donner envie aux habitants de prendre le bus.

"Il faut l'améliorer à plusieurs niveaux. Notamment, au niveau de la qualité du véhicule. Il faut qu'il soit confortable, agréable… Il faut climatiser les bus, il faut discipliner aussi les gens dans les voitures. Ensuite, il faut respecter les heures de passages. Si on n'a pas de certitude sur les heures d'arrivées et de départs des bus dans une station, ce n'est pas la peine. On n'arrivera pas à attirer les gens vers le transport en commun."

Un pari qui pourrait être envisageable, mais encore faut-il que chacun soit motivé à suivre cette optique. Et Luc Faatau a des arguments intéressants. "Il y a un facteur qui plaide en faveur du développement du transport en commun, c'est l'étude qui est sortie sur les dépenses des ménages. Le transport arrive en seconde position. Donc, ça représente un coût pour les ménages de se déplacer avec leurs voitures, ce qui veut dire qu'il y a une possibilité pour les ménages de réduire leurs dépenses, si on leur offre les moyens confortables du transport en commun. Donc, si avec le bus, les dépenses des ménages peuvent réduire de moitié, je pense que beaucoup prendront le bus demain."

Est-ce que cela suffira à faire prendre conscience aux familles ? Pas sûr, surtout qu'acquérir plusieurs véhicules par foyer "fait partie de la culture voiture chez nous. Lorsqu'on est cinq dans une famille, chacun va vouloir s'acheter sa voiture. C'est une situation à laquelle il nous est difficile de mettre un terme. On doit en tenir compte", rajoute le ministre.

Mais le ministre ne veut pas baisser les bras, il veut atteindre son objectif à savoir, améliorer la circulation sur le fenua. D'ailleurs, dans son plan de relance, il y a l'acquisition de 20 nouveaux bus qui a été adoptée à l'assemblée, il y a quelques semaines, lors des débats sur le collectif budgétaire. Même s'il sait que ce quota ne suffira pas à enrayer le problème, Luc Faatau veut y croire. "C'est le pari de l'avenir que nous voulons lancer."


Aménagement du front de mer

D'autres travaux se font durant la nuit, du côté du front mer. Mais cette fois-ci, ils se concentreront uniquement sur la contre allée, pour "améliorer le côté piéton, de la place Chirac jusqu'au rond-point de la marine."

"La contre-allée va disparaitre au profit des piétons. On va laisser certaines places de parking comme pour les bus, les taxis. Mais les places longitudinales vont disparaitre. L'objectif est d'embellir la ville et on veut viser le tourisme. Donc, il faut qu'on aménage des places qui plairont aux touristes et à nos populations. D'ailleurs, les travaux qui ont été faits aux jardins de Paofai et dans la continuation du Port autonome, est appréciée. Puisque beaucoup de personnes fréquentent ces lieux. Alors qu'il y a eu beaucoup d'oppositions, et on se rend compte aujourd'hui, qu'on a bien fait de poursuivre ces travaux."

Ces travaux se feront également en plusieurs phases : la première se fait actuellement de l'ancien giratoire du Pacifique jusqu'à l'avenue Chessé, celle qui monte vers la cathédrale. 270 millions de francs y ont été investis. "Il faut encore rajouter la deuxième partie qui va jusqu'au giratoire Chirac".

Selon le ministre, pour l'aménagement du front de mer, on "tournerait autour du milliard".

Mais attention, "les trois voies réservées aux voitures ne seront pas touchées, les passages piétons non plus. Le pays travaille en étroite collaboration avec la commune et le port autonome", souligne Luc Faatau.


Travaux à l'Uranie

Bientôt un carrefour au niveau de l'Uranie. "Les travaux ont déjà démarré, et ça va se faire en plusieurs étapes. Il y a le réseau, ensuite la partie assainissement et enfin le revêtement de la chaussée. On se chargera par la suite de la partie "paysager". Les travaux sont prévus pour durer jusqu'à l'année prochaine."

Un projet qui était urgent à réaliser parce que "la circulation est devenu problématique dans cette zone. Le réseau routier n'a pas changé, la capacité est la même. Mais entre temps, ce sont développées les résidences en amont à l'Uranie. Maintenant, il n'y a plus de places pour les morts. On a construit des bâtiments un peu partout, mais on n'a pas pensé à la circulation. Quand ces gens vont travailler, eh bien ils prennent leurs véhicules et les routes n'ont pas changé. Les voies n'ont pas été aménagées pour recevoir le flux de voitures qui descendent de l'Uranie pour rejoindre la grande route. Donc, les travaux qui sont en train d'être faits sont destinés à réguler cette circulation", décrit le ministre.

Un lieu stratégique "parce que quand vous venez le matin à cet endroit, c'est du chacun pour soi. Et ce n'est pas évident de rejoindre la grande voie, actuellement. C'est pire pour celles et ceux qui descendent de l'Uranie pour aller vers Faa'a. Il faut qu'ils évitent les trois rangées qui viennent de Faa'a, et ensuite, il faut éviter les voies qui viennent de Papeete. C'est hyper dangereux. Donc, on essaye de neutraliser tout ça. Nous avons appelé ça la deuxième entrée Ouest. Tous les travaux vont venir jusqu'au croisement de Tipaerui."

L'enveloppe budgétaire attribuée à ce chantier : 350 millions de francs.


Tunnel de Papeete

Depuis les intempéries du mois de janvier, l'éclairage du tunnel du front de mer ne fonctionne plus.

"Les lumières vont être changées bientôt", explique le ministre de l'Équipement. "Le bénéficiaire du marché est en retard. On aurait dû commencer en août", poursuit-il.

Si pour l'éclairage tout rentrera dans l'ordre bientôt, qu'en est-il de l'évacuation des eaux. Rappelez-vous, dès que des fortes pluies s'abattent sur le fenua, les deux tunnels de Punaauia et de Papeete se retrouvent sous les eaux. Ce qui suscite de nombreuses interrogations quant à la viabilité du système. "Le système a dysfonctionné et qu'il faut remettre en route." Mais, "pour l'instant, le marché c'est pour éclairer le tunnel de Papeete", s'est-il contenté de répondre.

Et avec la saison chaude qui arrive, le ministre "croise les doigts pour ne pas revivre ce que nous avons vécu en janvier, qui était d'un niveau exceptionnel. Nous faisons le maximum pour affronter la prochaine saison des pluies".


Délégation de service public (transport en commun)

La délégation de service public concernant les transports en commun devrait arriver à échéance à la fin de l'année. Un délai qui pourrait être repoussé encore d'un an, pour permettre au pays de lancer les appels d'offre.

"C'est un sujet délicat et dangereux en période électorale parce qu'il y a beaucoup d'enjeux derrière tout ça. Il y a l'enjeu économique et social. Il y a plus de 300 familles qui vivent du transport en commun aujourd'hui. Le nouveau système qui va être mis en place doit tenir compte de tous ces facteurs. Normalement, il va y avoir un nouvel opérateur qui va devoir reprendre l'ensemble des salariés actuels des transports en commun. Nous avons chargé des bureaux d'études de travailler sur ce sujet, et pour eux, pour réussir ce dossier, la meilleure garantie c'est d'avoir affaire à un opérateur unique. Mais, il ne sera pas seul. On a mis en place un système qui va permettre d'intégrer aussi les trois opérateurs actuels. C'est dans les clous, mais il y a des délais auxquels on ne peut pas déroger. Aujourd'hui, nous avons trois opérateurs qui remplissent cette mission. Donc, je suppose que le prochain opérateur c'est l'un des trois. On ne cherche pas à écarter les opérateurs. C'est pour ça qu'on a mis en place un système où tout le monde pourra se retrouver, s'ils arrivent à s'entendre et à travailler ensemble. La balle sera dans leurs camps. Nous, nous nous organisons sur le plan réglementaire, après, ça va être à eux de jouer", assure Luc Faatau.


Luc Faatau veut désenclaver Papeete  en passant par les hauteurs


le Mardi 12 Septembre 2017 à 20:00 | Lu 6712 fois