Tahiti Infos

Les réactions politiques à chaud


PAPEETE, le 23 avril 2018 - Dès les premières estimations des résultats publiés, les têtes de liste ont pu s'exprimer. Si Édouard Fritch du Tapura s'est montré, logiquement, très confiant pour le deuxième tour, ses deux principaux challenger, Geffry Salmon du Tahoeraa et Oscar Temaru du Tavini, restent combatifs.

À peine les premiers résultats connus, Édouard Fritch intervenait depuis son fief de Pirae sur le live de Tahiti infos : "Nous sommes satisfaits des résultats que nous avons obtenus. Vous savez, ce n'est jamais facile d'aller battre un parti qui a 50 ou 60 ans d'âge, qui a une organisation reconnue, avec des réseaux et des moyens extraordinaires ! Quand on voit tous les drapeaux déployés aujourd'hui, les tricots, les voitures, enfin tous les moyens qui ont été mis en place..." Sur TNTV il assure même : "Nous sommes satisfaits des résultats obtenus. Je suis optimiste pour le second tour, il va falloir plus travailler et mieux s'organiser, mais la victoire est au bout de nos doigts."

Le président du Pays actuel, qui brigue un deuxième mandat, répond aussi aux critiques des autres partis qui soulignent qu'il a l'avantage de pouvoir déployer tous les moyens du Pays pour sa campagne au micro de Tahiti Infos : "Je leur répond que depuis que je suis au gouvernement, je me suis toujours opposé à ce que les moyens du Pays soient utilisés à des fins politiques. Je ne veux pas que l'on choisisse les personnes aidées selon leur parti politique, tant au niveau du logement que de l'emploi. Je ne mange pas de ce pain-là, et je ne veux plus que la Polynésie mange de ce pain-là."

Le Tapura se met maintenant en ordre de bataille pour le 6 mai : "Pour le second tour, notre stratégie ce sera de travailler, travailler, travailler, et labourer le terrain. Il faudra effectivement que l'on arrive à gagner sur le terrain. Il nous faut rabattre tous ceux qui n'ont pas pu ou pas voulu voter au premier tour, et leur dire que l'important pour le Pays c'est de gagner demain. Je vais appeler naturellement les petits partis à nous soutenir, mais on ne pourra pas changer les listes. Donc ça se résume à une volonté des électeurs de nous soutenir ou pas."

Enfin, la domination du Tapura dans les archipels, entachée de points orange, satisfait le leader du parti rouge : "Nous avons de très bons résultats dans les archipels. Les tavana ont travaillé, mais il faut qu'ils travaillent plus encore. Il y a quelques points faibles aux Tuamotu, aux îles Australes et un peu aux Marquises. Sinon, ailleurs, les choses vont bien."

Sur TNTV, Edouard Fritch a été plus agressif contre le programme de son principal rival, le Tahoera'a : "Nous nous étions fixés un objectif de victoire au premier tour, mais je sais que je m'attaque à gros avec le Tahoeraa Huiraatira. Il faut rester réaliste et garder les pieds sur terre. Certaines mesures proposées par le Tahoeraa Huiraatira, comme 50 000 francs pour rester à la maison... C'est une mesure qui est pratiquement impossible à mettre en œuvre, on parle de 12,13, 14 milliards ! Non, ça fait partie du domaine du rêve, mais il a réussi à embarquer pas mal de monde dans cette affaire. Et puis les transports à 100 Francs... Non, je ne veux pas mentir aux Polynésiens, je ne veux pas prendre les polynésiens pour des demeurés. Je pense qu'il faut être raisonnable, il faut leur dire la vérité et surtout annoncer des mesures que l'on peut réaliser avec nos propres moyens, sans aller chercher l'argent des chinois ou des arabes. Il faut que l'on se prenne en charge. C'est l'objet du programme du Tapura Huiraatira, et je continue à appeler : venez nous rejoindre, continuons ensembles pour une Polynésie qui soit réellement responsable et digne ! Nous n'avons pas à nous cacher, nous sommes des gens capables ici en Polynésie, et pleins de bonne volonté pour aller plus loin en Polynésie."

LE TAHOERA'A NE LACHE RIEN

Geffry Salmon, tête de la liste orange, reste optimiste sur le live de Tahiti Infos : "Le résultat est un peu décevant certes, mais les écarts ne sont pas si terribles que ça, ça ne remet pas en cause une possible remontée lors du second tour. Je pense qu'il y a une différence dans les moyens qu'accorde le pouvoir. On voit chaque semaine au journal officiel, les bons en matériaux, les subventions, la mise à disposition de matériel... Ca a pu jouer fortement. Et on peut aussi regarder les abstentionnistes et faire un effort vers eux, car il s'agit tout compte fait de leur avenir."

Gaston Flosse, absent de la liste de son propre parti car il était inéligible pour ce scrutin, reste combattif sur Polynésie Première : "D'abord je voudrais, au nom de Tahoera'a Huiraatira et de notre tête de liste Geffry Salmon, remercier tous les électeurs qui nous ont fait confiance pour ce premier tour. Nous nous sommes bien battus, et je tiens à remercier tous ces jeunes qui étaient bouillonnants, à vélo avec leurs drapeaux, les 250 à 300 voitures qui ont fait le tour de l'île, tout le monde qui s'est mobilisé, mauru'uru roa ! Il y a une dizaine de points qui nous séparent du tapura huiraatira. Mais il faut aussi rappeler que nous sommes seuls, juste le Tahoera'a Huiratira'a, alors que le Tapura Huiratira'a a avec lui l'ATP, le parti de Gaston Tong Sang, le parti Rautahi de Bouissou... Il a dû rassembler tous ces partis contre le Tahoera'a Huiratira'a. Donc arriver à une dizaine de points de différence, c'est bien. En tous les cas, nous sommes debout et le Tahoera'a est prêt au combat !"

Quand on lui demande si c'est son inéligibilité qui a conduit à ce résultat, le vieux lion répond : "je ne crois pas, la preuve c'est que le Tahoera'a est venu voter, il y a de l'abstention mais bon... Nous, nous n'avons rien. Nous n'avons pas distribué des Fare OPH, nous n'avons pas distribué des bons de matériaux de construction... Nous y sommes allés avec notre programme et notre foi en l'avenir du Pays. Pour Édouard Fritch le programme c'est quoi, la stabilité dans la médiocrité ! Si le Tapura Huiratira'a gagne ces élections, ça va être le calme plat pendant cinq ans, puis la mort du Pays. Mais si l'on veut que le Pays se relève, se développe, qu'il y ait du travail pour tout le monde, il faut nous faire gagner ! Avec Édouard Fritch, c'est zéro !"

OSCAR TEMARU VEUT PROGRESSER AU DEUXIÈME TOUR

Oscar Temaru, leader du Tavini Huiraatira, s'est exprimé à Faa'a sur le Live de Tahiti Infos, alors que nous n'avions encore que des résultats partiels, dont la nette victoire du parti bleu clair à Faa'a : "Nous sommes très satisfaits parce que le Tavini Huiraatira, pour la première fois, s'est engagé tout seul dans ces élections, avec une profession de foi que nous connaissons tous et un bon programme, que nous allons essayer de réexpliquer un peu partout. Le résultat que l'on obtient ce soir est très encourageant. On entendait dire qu'il n'y aurait qu'un seul tour, mais maintenant les chiffres sont là. Donc nous avons un second tour et deux semaines devant nous pour aller convaincre les électeurs, surtout ici à Faa'a et aux Îles du Vent."

Sur l'abstention, le leader indépendantiste analyse que "beaucoup de gens se sont dit 'c'est bon il y aura un second tour', et vous verrez que la participation à ce second tour sera beaucoup plus important. Mais aujourd'hui j'ai vu beaucoup de jeunes venir voter pour la première fois à Faa'a, que je n'avais jamais vu avant, donc il y a cette énergie."

Son colistier Moetai Brotherson s'est aussi exprimé sur Polynésie Première à ce sujet : "Le taux d’abstention le plus fort depuis 1961. Nombre d’entre eux sont dégoutés de la politique. C’est à nous de les convaincre qu’il reste encore de la noblesse en politique ! Ce que je constate, c’est que les deux partis qui arrivent en tête ont des leaders qui présentent le palmarès en matière de condamnations judiciaires. Pour le deuxième tour on va rabattre la campagne, et redoubler d’efforts sur les secteurs où on constate une forte abstention." La différence de score, selon le député indépendantiste, réside dans les moyens financiers mis en œuvre pour la campagne : "Lorsque les comptes de campagne seront publiés on verra la différence de budget entre la liste du président et la nôtre."

DÉCEPTION CHEZ LES PETITES LISTES

Les candidats des trois petites listes, dont aucune n'a dépassé le seuil des 5% qui leur aurait permis de se maintenir au deuxième tour, soulignent de leur côté que le mode de scrutin est conçu pour les défavoriser, comme l'a souligné Jérôme Gasior de la liste Dignité Bonheur.

Alfred Martin, de Heuira Les Verts qui avait fait alliance avec Tauhiti Nena sur la liste E Reo Manahune, regrette de son côté que "trois voix sur quatre se sont portées sur des têtes qui dirigent ce pays depuis 30 ans, et regardez aujourd'hui le résultat avec 55 000 chômeurs..."

Nous n'avons pas eu la réaction de Marcel Tuihani, qui se démarque en obtenant 3,7% des votes pour sa liste Te Ora Api o Porinetia et donc le remboursement de ses frais de campagne... Même s'il sera absent du second tour et ne pourra pas fusionner avec une autre liste.

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Lundi 23 Avril 2018 à 00:18 | Lu 2573 fois