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Les raisons de "l'échec" de Tahiti Nui Rava'ai


La chambre territoriale des comptes s'interroge sur la légalité des soutiens financiers du Pays à Tahiti Nui Rava'ai. "Toute aide doit correspondre à un intérêt public et ne pas être disproportionnée, souligne-t-elle.
La chambre territoriale des comptes s'interroge sur la légalité des soutiens financiers du Pays à Tahiti Nui Rava'ai. "Toute aide doit correspondre à un intérêt public et ne pas être disproportionnée, souligne-t-elle.
PAPEETE, le 25 juin 2015. Le rapport de la chambre territoriale des comptes (CTC) sur la gestion de la SEM Tahiti Nui Rava'ai était au programme des représentants à l'assemblée ce jeudi. Pour la CTC, les bateaux proposés par la SEM ne correspondaient pas aux demandes des armateurs, ce qui explique principalement "l'échec" de TNR.




Ce n'est pas la première fois que la chambre territoriale des comptes (CTC) examine la gestion de la société d'économie mixte Tahiti Nui Rava'ai (TNR). Déjà en 2007, la CTC avait épluché ses comptes de 2000 à 2006. "Les raisons de son échec ont été identifiées avec une pertinence que sept années supplémentaires de recul n'ont fait que confirmer", commente sans détour la chambre territoriale des comptes.

Les représentants à l'assemblée avaient ce jeudi ce rapport à l'ordre du jour de la séance. Pour la CTC, Tahiti Nui Rava'ai est un "échec" qui s'explique par "plusieurs raisons cumulatives".


Pas adapté aux demandes des armateurs

Pour expliquer les déboires de TNR, la première raison selon la CTC est "l'inadéquation entre les bateaux proposés et les demandes des armateurs". La chambre rappelle "qu'aucun étude préalable n'a été conduite auprès de ces derniers afin de s'assurer du placement ultérieur des thoniers fabriqués". Cela aurait pourtant pu changer le destin de la SEM puisque les les armateurs étaient demandeurs de thoniers conçus pour la pêche fraîche et non de thoniers conçus pour des campagnes plus longues en pêche congelée. "En d'autres termes, les objectifs poursuivis par TNR et la politique publique relative au secteur de la pêche étaient en contradiction avec les besoins et les souhaits des professionnels du secteur, alors même qu'il s'agissait d'aider au développement d'une flottille privée", analyse la CTC.


Des malfaçons

"La deuxième raison de l'échec", selon la chambre territoriale des comptes, réside dans un "rythme trop rapide de commandes des bateaux". Ainsi, de 2001 à 2004, 43 bateaux ont été commandés, soit un quasi doublement de la capacité de pêche des thoniers en Polynésie française. Ajouter à cela les malfaçons en pagaille des bateaux construits dans les chantiers navals chinois ont été une épine de plus dans le pied de Tahiti Nui Rava'ai. "Les avaries et malfaçons constatées dès leur convoyage ont nécessité des frais de réparation d'environ 3 millions de Fcfp par thonier", a constaté la CTC.


De nombreux bateaux à quai

Puisque les bateaux commandés ne correspondaient pas aux demandes des professionnels, beaucoup de thoniers sont restés à quai. "Dix-sept thoniers étaient inexploités à la fin de l'exercice 2006, soit la totalité des thoniers congélateurs construits en Corée ou en Chine à l'exception d'un seul navire de type exploité par un armateur", a ainsi calculé la CTC.
Cette inactivité a surtout entraîné une absence de revenus pour la SEM. TNR a donc "dû supporter le remboursement des annuités aux banques sans pouvoir bénéficier des ressources financières qui auraient normalement dû être apportées par les loyers versés par les armateurs", note la CTC. "En outre, les bateaux étant inexploités, ils ne remplissaient plus les conditions nécessaires pour bénéficier de la défiscalisation qui oblige à les maintenir en exploitation en Polynésie française pendant au moins cinq ans."
C'est pourquoi "faute de trouver des relais parmi les acteurs privés, il a été décidé de créer en 2005 une filiale à 100 % de TNR dédiée à l'exploitation des navires la SAS Avai'a".
La chambre territoriale des comptes recommande de "cesser au plus tôt l'activité de TNR et de sa filiale Avai'a afin d'éviter que chaque année le Pays soit dans l'obligation de verser à la SEM TNR entre 200 millions de Fcfp et 300 millions de Fcfp de subvention annuelle pour combler les déficits d'exploitation". Pour la CTC, le Pays s'est engagé dans un "sauvetage ruineux" de la SEM.

Une société créée il y a 15 ans

En 2000, la société d'économie mixte TNR a été créée. L'objectif était alors pour le Pays de développer le potentiel de la pêche. Pour atteindre les objectifs d'un chiffre d'affaires de 3 milliards de Fcfp en 2005, le Pays décidait alors de "passer à la vitesse supérieure et de créer (…) une nouvelle structure juridique chargée de rechercher et de coordonner les financements nécessaires pour la réalisation d'un ambitieux programme d'armement à la pêche."
Au final, TNR a mis en exploitation 15 thoniers pour la pêche fraîche de 14,7 m, de deux thoniers pour la pêche fraîche de 16,20 m, de huit thoniers de 21 m dits mixtes et de 17 navires destinés à la pêche congelée.
En 2005, faute de relais parmi les acteurs privés ; la SAS Avai'a, filiale à 100 % de TNR, est créée. Celle-ci a alors pour mission d'exploiter 16 thoniers congélateurs.

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 25 Juin 2015 à 11:23 | Lu 2658 fois
           



Commentaires

1.Posté par Zorro le 25/06/2015 17:02 | Alerter
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C'est pas comme pour l'Hopital Territorial et ces couts de fonctionnement budgetivores. C'est encore du flosse le grand manitou de la PF.

2.Posté par Mathius le 25/06/2015 17:49 | Alerter
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Tiens en voilà encore une grosse magouille du système Flosse.

3.Posté par simone grand le 26/06/2015 09:08 | Alerter
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Eh oui,
alors qu'une équipe de techniciens de l'administration, de chercheurs de l'Etat et du Pacifique, d'investisseurs du privé et des représentants d'organismes financiers, bossaient pour mettre au point un développement progressif permettant à chaque étape de corriger les erreurs et imprécisions, Gaston est venu avec Rere et son équipe et a joué au grand expert sûr de son omniscience et a tout saboté.
Quel gâchis! Car alors nous étions persuadés que l'Océan était un espace à conquérir où nos hommes pouvaient s'y épanouir.

4.Posté par Claude DAVIO (Commentaire signé Claude DAVIO) le 26/06/2015 12:40 | Alerter
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Pour avoir participer au programme de développement de la pêche en PF, J'avais dès le début de TNR souligné la mauvaise direction d'orientation des objectifs. En fait, TNR a été mis en place pour unr entreprise qui voullait exporter des longes congelés vers l'Europe. Jamais les responsables politiques de l'époque n'ont daignés favoriser les vrais pêcheurs. Les bateaux ont surtout été attribués aux "copains surtout" dont beaucoup ne connaissaient rien à la pêche. Les responsables de cette société n'ont jamais été des vrais professionnels, mais des copains, où " du Président de l'époque" ou des copains des différents ministres depuis 2000. J'avais mis l'accent sur le manque de capitaines formés, le manque de projet de formation continue pour les futurs pêcheurs, le peu de sérieux de certains "armateurs",, le manque de traditions de pêche hauturière, mais ça n'intéressait pas les ministres de la pêche, bien au contraire, et le responsable "Mr Pêche du président" m'a virer de la commission pêche. LA PÊCHE en PF ...c'est...ECHEC ..et ...MAT!! et cet échec est de la faute de: 60 % politique, 25% Service de la pêche, et 15 les pêcheurs.

5.Posté par Filou713 le 26/06/2015 16:09 (depuis mobile) | Alerter
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Le problème ne vient pas que des bateaux et des politiques. Il vient aussi des équipages.
Les polynésiens ne sont pas des marins pêcheurs, et surtout pas hauturier. Ils sont juste bons pour les poti marara et les bonitiers. Les week-end on est en me

6.Posté par tamatoas le 26/06/2015 17:42 | Alerter
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Iaorana ,
si vous voulez que ça marche , interdisez toute influence politique dans les projets , s'il y a un politicien dans l'affaire c' est voué à l' échec , TNR est un exemple flagrant , regardons l' agriculture , quel scandale ! ça fait combien d' années que nous avons un ministre qui dit développer l' agriculture , il ne développe rien au contraire nous reculons . Un autre secteur , la perle que la politique a torpillé par des décisions complètement stupides , depuis que la perle revient aux mains des professionnels ça va mieux , mais quel gâchis ! Le tourisme , depuis des années nous reculons le nombre de touristes ne cesse de diminuer , laissons faire les professionnels du tourisme plutôt que de travailler avec des adeptes qui ne voient que la défiscalisation et des politiciens qui se chargent de les alimenter en défisc sur le dos de l' Etat et du Pays, Il y a tant de choses possibles à faire en Polynésie , malheureusement seuls les incompétents sont agréés par les différents gouvernements . Faites le tour des politiciens , combien ont créé quelque chose ? et ce sont ces gens qui dirigent ceux qui veulent investir et travailler ! .

7.Posté par tutua le 26/06/2015 20:18 | Alerter
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hé oui, vous avez voté pour M. Je Sais Tout Faire, alors ne venez pas vous scandaliser ou pleurer aujourd'hui, sortez vos sous pour rembourser