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Les promesses de Nicolas Sarkozy à Gaston Flosse


Elu président de la République, Nicolas Sarkozy a promis à Gaston Flosse une nouvelle révision statutaire et la restauration de plusieurs dotations de l’Etat.
Elu président de la République, Nicolas Sarkozy a promis à Gaston Flosse une nouvelle révision statutaire et la restauration de plusieurs dotations de l’Etat.
PAPEETE, 17 octobre 2016 - Le Tahoera'a Huiraatira a acté vendredi soir son soutien à la candidature Nicolas Sarkozy, lors de la primaire à droite, en contrepartie d'une investiture Les Républicains aux trois candidats orange pour les législatives de 2017. Elu président de la République, Nicolas Sarkozy promet une nouvelle révision statutaire et la restauration de plusieurs dotations de l'Etat.

Le Tahoera'a prévoit de présenter les détails de cet accord lors d'une conférence de presse, mardi matin. Le parti politique de Gaston Flosse s’est réuni en grand conseil, vendredi soir à Erima, afin de valider "un accord d’association" conclu entre le Tahoera’a Huiraatira et le parti Les Républicains, en vue d’une action militante en Polynésie en faveur de la candidature de Nicolas Sarkozy pour la campagne de la primaire de la droite et du centre, en contrepartie d'une investiture Les Républicains aux trois candidats du Tahoera'a pour les législatives de 2017 puis d’une adhésion au groupe parlementaire de droite, en cas de victoire en juin prochain. Cet arrangement a été validé "à l'unanimité" par le grand conseil du parti orange, vendredi.

Le scrutin de la primaire de la droite et du centre aura lieu les 20 et 27 novembre prochains (19 et 26 novembre en Polynésie française).

Gaston Flosse a confirmé dimanche soir, invité du Grand JT de TNTV, que les demandes présentées à "M. Sarkozy, à travers un plan d’accords, ont pratiquement toutes été acceptées". Il a décrit Nicolas Sarkozy comme le candidat par défaut du Tahoera’a après qu’Alain Juppé ait refusé tout arrangement avec lui, en juillet dernier : "Donc il a refusé nos voix", analyse le vieux lion. "Or le Tahoera’a participe à toutes les élections. Puisque M. Juppé ne voulait pas de nos voix, nous avons décidé de nous reporter sur M. Sarkozy", explique-t-il en estimant que son parti pourrait représenter "un minimum d’une dizaine de milliers de voix", à la primaire de novembre. Ce scrutin offrira au parti orange l'opportunité de se compter.

Dans un courrier daté le 10 octobre, adressé à Gaston Flosse et publié dimanche sur le site Tahiti Today, l’ancien président de la République, encore à la peine dans les intentions de vote derrière Alain Juppé, liste les "grandes lignes" de son projet présidentiel pour la Polynésie : "Il s’agit de faire d’avantage confiance aux Polynésiens pour l’exercice de leurs compétences et le développement de leur territoire, tout en leur donnant les moyens de mener à bien leurs politiques publiques. Il s’agit aussi que la France assume enfin ses responsabilités en Polynésie au regard du fait nucléaire", affirme-t-il.

Nouveau statut d’autonomie

Elu président de la République, Nicolas Sarkozy s’engage dans un premier temps à réformer le statut d’autonomie de la Polynésie française par le biais d’une nouvelle modification constitutionnelle. On sait que Gaston Flosse propose une évolution du statut polynésien vers celui de Pays associé. "Je souhaite (…) que les grands principes du statut d’autonomie de la Polynésie française soient inscrits dans un titre spécifique de notre Constitution", annonce Nicolas Sarkozy. "Je suis persuadé que le temps des statuts imposés depuis Paris a vécu". Cette évolution vers ce qui ressemble à un statut de Pays associé serait engagée après consultation favorable des Polynésiens, par référendum local.

Cette évolution statutaire donnerait notamment à la collectivité la compétence pour délivrer des visas "touristiques et économiques" de court séjour, annonce le candidat à la primaire des 20 et 27 novembre prochains.

"Mais l’autonomie, ce n’est pas que du droit : encore faut-il avoir les moyens financiers de l’exercer", observe Nicolas Sarkozy. Aussi fait-il plusieurs promesses au titre des dotations Etat-Pays :

Défiscalisation : Il promet le maintien des outils de défiscalisation. Pour l’heure, le dispositif de la loi Lodeom est reconduit jusqu’en 2025.

"Dette nucléaire" : Nicolas Sarkozy promet le rétablissement de la Dotation globale pour le développement économique. La DGDE avait été conçue en remplacement du Fonds de reconversion de l'économie de la Polynésie française (FREPF) avant d'être abandonnée, en 2010, au profit de trois instruments financiers nouveaux : la Dotation globale d’autonome (DGA), la Dotation territoriale pour l'investissement des communes en Polynésie (DTIC) et le 3IF (3e instrument financier). En 2017 le total des transferts réalisés au titre de ces trois dotations d’Etat sera d’un peu plus de 17 milliards Fcfp. Nicolas Sarkozy promet cependant une DGDE restaurée, "sanctuarisée à 18 milliards Fcfp" et "gérée intégralement par les autorités de la Polynésie française".

Régime de solidarité : "L’Etat reprendra sa place dans le financement du régime de solidarité territorial, auquel il contribuait à hauteur de 3,5 milliards Fcfp", promet aussi Nicolas Sarkozy. C’est pourtant sous sa présidence que cette contribution avait été abandonnée par l’Etat en 2008.

Nucléaire : Nicolas Sarkozy emboîte le pas d’Alain Juppé et promet une révision de la loi Morin après "une large concertation avec les associations de victimes en Polynésie". Il annonce, comme son rival, "la suppression de la notion de risque négligeable" : "Il ne faut pas que l’Etat reconnaisse politiquement les victimes des essais nucléaires, pour ensuite empêcher leur indemnisation par des arguties administratives", justifie-t-il. L'ancien président de la République promet en outre de transférer l’arbitrage de la "nouvelle structure d’indemnisation" du ministère de la défense vers Matignon et le Premier ministre.

Electricité : Nicolas Sarkozy promet l’extension à la Polynésie de la Contribution au service public de l’électricité (CSPE) : "La Polynésie française, par les avancées qu’elle a permises en matière de recherche sur le nucléaire, permet à l’ensemble des Français de bénéficier d’une énergie meilleur marché qui si elle était produite à partir de ressources fossiles. Il me paraît donc normal que la Polynésie puisse bénéficier, elle aussi, des fruits de cette recherche, et donc d’une électricité à un prix comparable à celui de la France hexagonale", soutient-il aujourd’hui.

Education : "L'Etat doit reprendre sa place, aux côtés de la Polynésie, dans le financement de la construction" des établissements scolaires, affirme le candidat Sarkozy. Il promet une dotation rétablie à 1,8 milliard Fcfp par an. "La jeunesse de Polynésie doit pouvoir étudier dans des conditions matérielles similaires à celles des autres Français du territoire national".
Autre promesse du candidat à la primaire de la droite : l’installation en Polynésie française d’une université de la mer.

Reste, pour l’ancien président de la République, à franchir victorieux le cap de la primaire à droite, avant de se projeter vers l’élection présidentielle d’avril 2017 où il est statistiquement donné perdant au second tour face à Marine Le Pen. A l'approche de la primaire à droite, les enquêtes d’opinions le placent toutes loin derrière Alain Juppé, à au plus 30% d’intentions de vote au premier tour de ce scrutin préparatoire contre 42% en faveur du maire de Bordeaux.

Selon les règles fixées par le parti Les Républicains, le candidat victorieux à l'issue de ce scrutin deviendra le chef du parti et mènera la campagne pour l’alternance à l’élection présidentielle. En cas de défaite de Nicolas Sarkozy, Gaston Flosse a balayé toute incidence sur les engagements de Sarkozy, dimanche soir sur le plateau de TNTV : "Nous avons également rencontré le président du parti Les Républicains, M. Laurent Wauquiez, et nous avons conclu un accord d’association entre Les Républicains et le Tahoera’a Huiraatira (…) : même si Nicolas Sarkozy n’est pas élu président de la République, reste les engagements de Nicolas Sarkozy en tant que Les Républicains deviennent des engagements des Républicains et nous pensons que M. Juppé aura cette responsabilité également, en tant que membre des Républicains, de réaliser ces engagements pris par Nicolas Sarkozy".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Lundi 17 Octobre 2016 à 10:52 | Lu 7604 fois