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Les naufragés de Maiao reconnus coupables pour leur imprudence


Laurent et Meherio Para, sains et saufs, le 14 novembre dernier après six jours de dérive entre Huahine et Tahiti.
Laurent et Meherio Para, sains et saufs, le 14 novembre dernier après six jours de dérive entre Huahine et Tahiti.
PAPEETE, le 21 avril 2017 - Laurent et Meherio Para avaient dérivé en mer pendant six jours en novembre dernier à bord de leur poti marara au compas défaillant, sans balise de détresse et en dehors de la zone réglementaire de navigation pour ce type d'embarcation. D'importants et coûteux moyens de recherches avaient été engagés pour les retrouver. Convoqués ce vendredi devant le tribunal de police pour "navigation au-delà de la catégorie prévue par navire de plaisance", ils ont été reconnus coupables mais dispensés de peine au terme d'une audience plus pédagogique que répressive.

L'affaire avait occupé la scène médiatique pendant près d'une semaine en novembre dernier. Partis de Huahine après la Hawaiki Nui Va'a le 8 novembre pour rejoindre Maiao avec leur poti marara, Laurent et Meherio Para n'avaient été retrouvés que six jours plus tard par des pêcheurs, à la dérive, au large de Papara.

En cause : un compas défectueux qui leur avait fait perdre le cap et surtout l'absence à bord d'une balise de détresse qui aurait permis aux secours de les localiser de façon très rapide. Au lieu de ça, et pendant près de quatre jours, d'importants moyens nautiques et surtout aériens avaient sillonné l'océan à leur recherche, en vain. Gardians, hélicoptère Dauphin, Casa auront passé 55 heures en l'air à quadriller une zone de 70 000 km2 pour une facture s'élevant à 113 millions de francs pour la collectivité.

"L'important c'est que le message soit passé"

Jugés ce vendredi matin devant le tribunal de police pour "navigation au-delà de la catégorie prévue par navire de plaisance", Laurent et Meherio Para ont fait amende honorable. Reconnus symboliquement coupables de l'infraction, ils ont toutefois été dispensés de peine. Le tribunal a suivi en ce sens les réquisitions du procureur de la République Michel Bonnieu, à l'origine des poursuites : "Vous saviez qu'avec ce bateau vous ne deviez pas vous éloigner autant des côtes, vous savez que d'importants et extrêmement couteux moyens de recherches ont été engagés pour vous retrouver et je voulais vous le dire solennellement". Le frère et la sœur font profil bas et acquiescent à la barre.

"Il y a une réglementation de la Polynésie française sur la navigation et vous avez donné la preuve qu'en ne la respectant pas, vous vous êtes mis en danger", poursuit le représentant du ministère public. "Je ne suis pas là pour vous taper dessus, je suis content de vous voir sains et saufs, mais la loi n'est pas faite pour gêner mais pour protéger la population et il faut la respecter. Même si les Polynésiens sont d'excellents navigateurs". "On n'avait pas prévu de se perdre mais je sais que ce n'est pas un excuse, ce ne sont pas des choses à faire, on ne recommencera plus", a promis Meherio Para au terme d'une audience plus pédagogique que répressive.

Laurent et Meherio Para disposaient heureusement d'un important stock d'eau potable à bord de leur poti marara, et du matériel de pêche nécessaire pour se nourrir. Laurent avait fini par couper le moteur pour se laisser dériver afin d'économiser ce qui lui restait de carburant après s'être rendu compte de son erreur de cap au bout de quelques heures de navigation ce fameux 8 novembre. A court d'essence après avoir consommé ce qui restait dans le réservoir pour pêcher, lui et sa sœur avaient improvisé une voile avec une bâche, comptant sur le vent et les courants pour les rabattre vers la terre. Une simple balise de détresse à bord du bateau, d'un coût de 27 000 francs, auraient permis aux secours de leur venir en aide quasi immédiatement.

Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 21 Avril 2017 à 13:11 | Lu 27137 fois