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Les diplômés de l’école de la seconde chance à Nuutania


Cette année à Nuutania, sur les 15 inscrits à la préparation au DNB, 11 reçoivent leur diplôme tandis que 12 obtiennent leur CFG sur les 18 inscrits au cursus de préparation de ce certificat.
Cette année à Nuutania, sur les 15 inscrits à la préparation au DNB, 11 reçoivent leur diplôme tandis que 12 obtiennent leur CFG sur les 18 inscrits au cursus de préparation de ce certificat.
FAAA, 29 septembre 2015 - Cette année, 23 élèves de l’unité d’enseignement du centre pénitentiaire de Nuutania ont obtenu leur Diplôme national du brevet (DNB) ou leur Certificat de formation générale (CFG).

Ils s’appellent Eugène, Pierre, Emilienne, Erwin, Germain, Henriette… et ont choisi de consacrer une partie de leur temps de détention à leur scolarité : sur les 33 détenus inscrits au cursus de préparation au DNB et au CFG, 23 élèves dont cinq femmes ont décroché, cette année, leur diplôme ou certificat dans l’unité d’enseignement du centre pénitentiaire de Nuutania. Une cérémonie officielle de remise des attestations était organisée mardi matin, en présence du vice-recteur, Jean-Louis Baglan, de la ministre de l’Education, Nicole Sanquer, et des enseignants de cette école en milieu carcéral.

La remise des diplômes a eu lieu dans la chapelle de Faa'a-Nuutania. Pour chaque récipiendaire : un cadeau, le diplôme, et un peu de joie dans le cœur à l’instant de recevoir les félicitations des autorités. "J’espère que vous continuerez à être les acteurs de votre détention et que vous trouverez votre place dans la société", leur a souhaité Teva Léone, l’enseignant spécialisé responsable de l’unité.

Dans cette école de la seconde chance qui accueille 93 élèves en 2014-2015, on prépare le Certificat de formation générale (le CFG, un certificat d’études amélioré qui permet de poursuivre une scolarité en enseignement professionnel, ndlr), puis avec le secours d’enseignants vacataires du second degré, le diplôme national du brevet (DNB) et le DEAU, le Diplôme d’accès aux études universitaires, sanctionné par un examen, au terme d’un cursus de deux ans. Ensuite, les plus opiniâtres ont pour l’heure l’opportunité de préparer une capacité de Droit. Au-delà par le biais du Centre national d’enseignement à distance (Cned) ou du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) l’accès leur est offert vers un large bouquet de formations universitaires. L’unité d’enseignement du centre pénitentiaire et l’Université de la Polynésie française finalisent d'ailleurs actuellement une convention afin d’offrir aux étudiants en Droit, la capacité de passer les examens in situ.

Cette année, sur les 15 inscrits à la préparation au DNB, 11 reçoivent leur diplôme tandis que 12 obtiennent leur CFG sur les 18 inscrits au cursus de préparation de ce certificat.

Depuis 2006, chaque année une centaine de détenus décident de reprendre le chemin de l’école à Nuutania. Le vice-rectorat et le ministère de l’Education leur mettent à disposition trois professeurs des écoles à temps plein, deux à temps partiel et quatre enseignants du secondaire, qui interviennent 141 heures dans le cadre de la préparation du DNB, du DEAU ou de la capacité de Droit.

"Les hasards et les difficultés de la vie, font que les gens finissent parfois en prison. Et l’éducation y a bien entendu toute sa place, insiste Jean-Louis Baglan. "Quelle que soit la situation des hommes et des femmes, nous devons croire que par l’éducation on peut arriver à mettre tout le monde en situation de marche. La deuxième chose c’est qu’à travers l’éducation scolaire on parvient à l’obtention d’un diplôme. Et c’est une condition nécessaire pour une bonne insertion future. Donc oui c’est très important". Un point de vue que partage le vice-recteur avec Nicole Sanquer. La ministre de l'Education voit dans cette action : "Un premier pas vers la réinsertion. (…) Ce diplôme est important pour préparer l’après-Nuutania". Et plus qu’une main tendue, "un devoir, parce que ces personnes retourneront un jour dans la société ; et nous devons les préparer pour que ce qu’ils ont vécu ne soit qu’un accident de l’existence, et qu’il n’y ait pas de récidive".

Formalisé en 2006 pour prendre le relais d’une expérience pédagogique en milieu carcéral, l’unité d’enseignement de Nuutania poursuivra son action dans la nouvelle prison de Papeari, à partir de fin 2017 : "Nous travaillons avec l’équipe de direction du centre pénitentiaire pour préparer l’unité d’enseignement de Papeari où nous aurons des salles de classe et des ateliers de formation professionnelle. Ce sera un véritable établissement", assure Nicole Sanquer.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 29 Septembre 2015 à 11:53 | Lu 1201 fois