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Les Ailes des îles : 1987, l’année de la transition


Le tout premier ATR 42 lors de sa première liaison à Bora Bora. Crédit : ERWIN CHRISTIAN
Le tout premier ATR 42 lors de sa première liaison à Bora Bora. Crédit : ERWIN CHRISTIAN
Papeete, le 29 janvier 2018 - Le Musée de Tahiti et des îles – Te Fare Manaha accueille jusqu'au 18 mars l'exposition Les Ailes des îles. Cette exposition, organisée par l'association Mémoire polynésienne à l'occasion des 60 ans de la compagnie Air Tahiti et en partenariat avec Aéroport de Tahiti, retrace l'histoire du transport aérien inter-insulaire en Polynésie française.

A la fin des années 1970 et le début de la décennie suivante, la Polynésie française est le cadre d’évolutions politiques majeures qui vont grandement influencer l’histoire de nos îles. Les autorités locales demandent et obtiennent une plus grande autonomie dans la gestion des affaires du Territoire. Le 29 juin 1977, un premier statut dit " d’autonomie " se met en place, puis un nouveau en 1984. Il pose la maîtrise des secteurs économiques, dont celui des transports interinsulaires. L’aérien, par un réseau maintenant bien structuré, n’est plus seulement un moyen de transport, mais un outil de développement. Il apparaît donc logique que les décisions qui concernent cet outil ne soient plus prises par l’UTA à Paris, mais à Tahiti. Des discussions sont ouvertes sur le désengagement de l’UTA de sa filiale Air Polynésie et son remplacement par des acteurs économiques locaux associés aux autorités de la Polynésie française. Ce changement va naître officiellement le 1er janvier 1987.
Le capital de la compagnie Air Polynésie devient polynésien et la Société Anonyme Air Tahiti naît.

Un nouvel avion à turbopropulseurs ATR

Crédit  PHILIPPE BACCHET.
Crédit PHILIPPE BACCHET.
En 1985, la Polynésie française achète la première compagnie Air Tahiti, propriété de Maître Lejeune, laquelle enregistre rapidement de lourdes pertes d’exploitation. Air Polynésie profite de la recapitalisation de la société Air Tahiti devenue propriété de la Polynésie française pour acquérir la majorité des parts sociales. Cette prise de participation permet à la compagnie Air Polynésie de prendre le nom commercial d’Air Tahiti et de laisser à Air Moorea l’exploitation de la navette aérienne avec l’île sœur, ainsi que les opérations aériennes d’affrètements. L’escale internationale, ancienne UTA Service Tahiti est intégrée au Groupe Air Tahiti qui inclut le CIP devenu depuis le centre Technique d’Air Tahiti.
De plus, Air Tahiti ajoute à son activité de transporteur, celles d’agence de voyage et de tour opérateur, notamment avec un partenariat voyages/hôtels dans les îles.
Lors de cette importante transition, l’offre internationale des avions régionaux est également en train d’évoluer.
Le succès mondial des Fokker Friendship livrables dès 1958, devient obsolète au profit du nouvel avion à turbopropulseurs ATR construit par un GIE italo-européen fondé en 1981 par Aerospatiale et Alenia Aeronautica. Pour renouveler sa flotte, la compagnie porte son choix sur cet appareil qui va permettre de réelles améliorations d’exploitation.
Il consomme 35 % de carburant en moins, exige moins d’immobilisation technique, affiche une autonomie et une vitesse plus grande, et ses décollages plus courts permettent d’utiliser de nouvelles pistes avec davantage de passagers.
Enfin, il est moins bruyant et plus confortable. Le premier appareil, le n° 35 F-ODUD, arrive à Tahiti le 20 janvier 1987.

Un périple de six escales en moyenne

Équipages du convoyage de novembre 1987. Crédit : AIR TAHITI
Équipages du convoyage de novembre 1987. Crédit : AIR TAHITI
Presque tous les pilotes suivent les stages de qualifications sur la nouvelle machine. Trois semaines à Toulouse où cours théoriques et séances de simulateur se succèdent pour seulement 4 heures de prises en main pratique sur l’avion avec instructeur. Et puis, un matin, c’est le grand départ pour le convoyage vers Tahiti. Un périple de six escales en moyenne qui représentent environ 55 heures de vol.

Genèse du logo d’Air Tahiti

Étudié et réalisé par André Etilage, ce logo inspiré de motifs de sculptures polynésiennes représente deux hameçons.
Placés côte à côte sur la dérive et sous les ailes, ils étaient prolongés par deux filets qui couraient sur toute la longueur du fuselage. Dans la dernière livrée des ATR 72-600, les hameçons ne sont représentés que sur la dérive qui s’accompagne du symbolisme tiré de la légende Te Natira’a no te mau motu, le lien entre les îles, qui raconte l’épopée de héros aux hameçons magiques rapprochant les îles des hommes. Air Tahiti poursuit cette épopée et l’a adopté comme slogan.
Le dernier " Fokker " dans sa livrée provisoire du changement. L’hibiscus a laissé la place aux hameçons, mais le vert historique demeure.
Le dernier " Fokker " dans sa livrée provisoire du changement. L’hibiscus a laissé la place aux hameçons, mais le vert historique demeure.

Credit photo  : PHILIPPE BACCHET.
Credit photo : PHILIPPE BACCHET.
L’homme de la transformation

L’histoire d’Air Tahiti c’est d’abord celle de ses hommes. L’un d’entre eux est particulièrement associé à son image sur ces 30 dernières années : Christian Vernaudon, qui sera l’un des principaux artisans de sa création et de sa réussite. Jeune diplômé d’ESSEC, il prend les rênes de la compagnie en 1987 pour rester l’acteur de son développement pendant presque 27 ans. Le défi était grand : il s’agissait d’asseoir une organisation stable et pérenne du transport aérien interinsulaire pour accompagner la politique de désenclavement aérien et de développement des îles. Le jeune Polynésien saura le relever avec brio même si sa modestie lui fait dire qu’il n’était pas seul dans cette grande épopée. Ainsi, il témoigne : Mate Galenon nommé directeur général de la compagnie m’a épaulé, mais ce sont surtout les personnels d’Air Tahiti qui ont fait la compagnie que l’on connaît aujourd’hui. Cette aventure humaine est sa plus grande satisfaction. Quoi qu’il en soit, il aura fallu remplacer à la fin des années 1980 la flotte d’Air Polynésie par un aéronef aux performances techniques et économiques adaptées pour la couverture d’un réseau aérien aussi vaste que l’Europe et des quelques 46 aérodromes ouverts à la circulation aérienne publique. Ainsi, Christian Vernaudon sera l’habile manager de la nouvelle compagnie naissante, mais surtout un efficace artisan des dossiers d’acquisition et de financement de l’aéronef dominant de la nouvelle flotte : le turbopropulseur de la gamme ATR, tout en sachant user des bénéfices de la défiscalisation. Il sera aussi à l’écoute de la demande de transport aérien des îles en développant une politique tarifaire favorable aux îliens. Il mettra également en place pendant une dizaine d’années, la Financière hôtelière polynésienne (FHP), destinée à stimuler l’activité de transport aérien inter-îles, par la construction d’hôtels dans les îles, avant de contribuer au management d’Air Tahiti Nui (Compagnie internationale polynésienne ouverte à Tahiti en 1998).

Infos pratiques :
Musée de Tahiti et des Iles - Te Fare Manaha
Pointe des Pêcheurs à Punaauia
Jusqu'au dimanche 18 mars 2018
Ouvert du mardi au dimanche de 9 à 17 heures
Tél : 40 548 435
www.museetahiti.pf

Des visitées guidées sont proposées par le commissaire de l'exposition Jean-Christophe Teva Shigetomi :
- samedi 3 février à 10 heures ;
- samedi 10 mars à 10 heures.

le Lundi 29 Janvier 2018 à 08:39 | Lu 946 fois