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Le projet de pêche aux Marquises suscite l'interrogation des défenseurs de l'environnement


La société Big Eye du groupe d’Eugène Degage prévoit d’implanter 12 thoniers aux Marquises à partir du mois de septembre (photo Jérôme Petit).
La société Big Eye du groupe d’Eugène Degage prévoit d’implanter 12 thoniers aux Marquises à partir du mois de septembre (photo Jérôme Petit).
PAPEETE, le 21/05/2017 - Dans une alerte diffusée samedi à l'ensemble des médias, la Fédération des associations de protection de l'environnement (FAPE) s'interroge sur le projet de développement de la pêche hauturière aux Marquises prévu par le gouvernement. Consciente des emplois que cela pourra générer, la FAPE s'inquiète tout de même des répercussions possibles, surtout que l'espèce ciblée est le thon obèse ou "big eye". Une espèce surexploitée dans le Pacifique, selon elle.

Les défenseurs de l'environnement s'inquiètent du projet de développement de la pêche hauturière prévu par le gouvernement dans l'archipel des Marquises. Un projet qui a été présenté à la presse locale, le 7 avril dernier par la Communauté de communes des îles Marquises (Codim).

Dans une alerte diffusée samedi aux médias, la Fédération des associations de protection de l'environnement (FAPE) s'interroge sur les répercussions que pourraient engendrer ce projet de "grande envergure".

En effet, dans ce projet, "la société Big Eye du groupe d’Eugène Degage prévoit d’implanter 12 thoniers aux Marquises à partir du mois de septembre, puis 12 de plus avant la fin de l’année pour atteindre à terme 40 thoniers dans les eaux de cet archipel (…). Les investisseurs annoncent que ce projet devrait créer 600 emplois directs en Polynésie française", indique l'alerte.

Si les associations de défense de l'environnement rejoignent l'avis des tāvana pour rebooster l'emploi locale aux Marquises, elles souhaiteraient que ce projet soit mis en place de manière raisonnée. "La FAPE n'est pas du tout opposée au projet. Tout ce qui peut être fait pour développer les archipels est une bonne chose", explique Jérôme Petit, directeur du bureau PEW, membre de la FAPE.

Mais des questions demeurent. "Est-ce que ce projet tient compte de la ressource, et surtout est-ce qu'il va impliquer la population des Marquises. Est-ce qu'il y aura des bénéfices directs pour la population des Marquises…", s'interroge le directeur de PEW.

"Le principal est d'avoir une configuration sur les espèces qui sont ciblées. Apparemment, le Big Eye est ciblé, c'est déjà une espèce qui est surexploitée au niveau du Pacifique. Donc, est-ce que cette question a été prise en compte dans le plan qui a été proposé ? Ensuite, peut-être avoir des quotas en termes de nombre de bateaux, de production. Les experts devraient s'avancer là-dessus. Et puis avoir des zones de protection aux Marquises, c'est-à-dire qu'il ne faut pas ouvrir les 700 000 km² de l'archipel. La FAPE propose de garder 30 % pour que le stock continue à se reproduire et qu'on puisse en profiter dans le reste de la ZEE", déclare Jérôme Petit.

Autant d'interrogations qui restent en suspens. Les défenseurs de l'environnement souhaiteraient être "pleinement associés à l'élaboration du schéma directeur de la pêche et du projet de grande Aire Marine Gérée".

D'ailleurs, du 5 au 9 juin, le gouvernement participera la conférence des Nation-Unies pour les Océans, à New-York. Dans cette alerte, le président de la FAPE, Winiki Sage assure qu'il sera également présent.


le Dimanche 21 Mai 2017 à 11:32 | Lu 4240 fois