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Le producteur canadien Gilbert Rozon accusé d'agressions sexuelles


Montréal, Canada | AFP | jeudi 19/10/2017 - Le producteur canadien Gilbert Rozon, juré de "La France a un incroyable talent" et fondateur du festival Juste pour rire de Montréal, était éclaboussé jeudi par des accusations d'agression sexuelle qui l'ont forcé à quitter ses fonctions, dans le sillage de l'affaire Weinstein.

Célébrité québécoise connue en France pour être membre du jury de l'émission de M6, Gilbert Rozon, président du Groupe Juste pour rire, a démissionné mercredi soir de plusieurs postes juste avant que le quotidien Le Devoir et la radio 98,5 FM ne révèlent les témoignages à visage découvert de neuf femmes lui reprochant des abus sexuels.
"Ebranlé par les allégations me concernant, je souhaite consacrer tout mon temps à faire le point. A toutes celles et ceux que j'ai pu offenser au cours de ma vie, j'en suis sincèrement désolé", a écrit sur Facebook le magnat du show-business québécois.
Agressions verbales, physiques, et même viol: les témoignages des neuf femmes détaillant leurs rencontres avec Gilbert Rozon dressent au fil de leurs révélations un portrait accablant du producteur âgé de 62 ans.
"Il m'a harcelée pendant plusieurs mois", confie Anne-Marie Charette au Devoir, racontant une fois où elle s'est enfuie d'une chambre d'hôtel où elle se trouvait avec M. Rozon.
"Je me sentais vraiment petite, sachant l'homme puissant qu’il était. J'avais eu la force de le repousser, mais je n'avais pas la force d'aller voir la police."
"Je n'ai jamais pensé à dénoncer ou à porter plainte. Dans ma tête, je savais que c'était un viol, mais je me demandais si j'avais fait quelque chose de pas correct", raconte la réalisatrice Lyne Charlebois, qui soutient avoir été violée il y a plus de 30 ans.
Au moins une des victimes présumées, la femme d'affaires Geneviève Allard, a porté plainte à la police en décembre pour des faits remontant à l'été dernier, alors qu'elle avait rencontré Gilbert Rozon dans le cadre de l'émission télévisée "Dans l'oeil du dragon", selon les mêmes sources.
Certaines sont des célébrités, comme l'animatrice télé de Radio-Canada Pénélope McQuade, alors que d'autres étaient mineures au moment des faits.
Selon Radio-Canada et le quotidien La Presse, Gilbert Rozon est visé par une enquête de la police de Montréal pour une affaire d'agression sexuelle qui se serait produite à Paris en 1994, information que la police refusait officiellement de confirmer.
 

- 'Eveil collectif' -

 
Ces accusations ont fait l'effet d'une bombe dans le milieu culturel québécois, où Gilbert Rozon était une figure incontournable.
Le producteur était également commissaire aux célébrations du 375e anniversaire de la fondation de Montréal en 1642 et vice-président de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain, postes desquels il a aussi démissionné.
"Le harcèlement, l'intimidation, l'agression sexuelle, c'est inacceptable (...) quel que soit le niveau de pouvoir ou d'influence de la personne en question", a dit le Premier ministre canadien Justin Trudeau, refusant de commenter des cas spécifiques.
"Je pense qu'il y a un éveil collectif", a-t-il ajouté.
L'affaire a éclaté après la publication mercredi par le quotidien La Presse d'accusations similaires accablant une autre vedette de la télévision québécoise, Eric Salvail, animateur de l'émission "Recettes pompettes", adaptée en France.
L'une des victimes présumées d'Eric Salvail, l'humoriste Guillaume Wagner, a réagi dans la journée, accusant publiquement Gilbert Rozon d'être un "agresseur", bien que ce dernier ne lui ait jamais rien fait.
Après ces révélations, M6 a choisi de suspendre la douzième saison de l'émission "La France a un incroyable talent", dont Gilbert Rozon est un pilier.
Ce dernier avait déjà plaidé coupable pour des faits d'agression sexuelle en 1998, dans une affaire classée sans suite.
Dans la foulée de cette affaire ébranlant le monde médiatique québécois, le directeur de la police de Montréal, Philippe Pichet, a appelé d'éventuelles victimes à se plaindre auprès de ses services, les assurant sur Twitter qu'elles seraient traitées "avec le plus grand professionnalisme", un appel suivi du mot-dièse #MoiAussi.
Ce mot-dièse et son équivalent #MeToo, en anglais, est devenu sur les réseaux sociaux le cri de ralliement de centaines de femmes victimes d'abus sexuels et décidées à rompre le silence dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein.

le Vendredi 20 Octobre 2017 à 03:28 | Lu 730 fois