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Le papa violeur passe aux aveux : 12 ans de réclusion criminelle


Le papa devra aussi indemniser sa fille à hauteur de 2,5 millions de francs pour le préjudice subi.
Le papa devra aussi indemniser sa fille à hauteur de 2,5 millions de francs pour le préjudice subi.
PAPEETE, le 2 décembre 2016 - Les jurés ont suivi à la lettre les réquisitions de l'avocat général, ce vendredi, dans l'affaire de ce père de famille accusé d'avoir violé plusieurs fois par semaine, pendant des années, l'aînée de ses trois filles qui n'avait que 10 ans quand son calvaire a commencé.

Il aura fallu attendre les dernières minutes de son procès, jeudi soir, pour que la vérité éclate. Alors qu'il avait secrètement convaincu sa fille avant l'audience, et pourtant victime, de minimiser à deux le nombre de viols qu'il lui avait fait subir, le père de famille de 38 ans a fini par reconnaître lui avoir imposé quatre à cinq relations sexuelles chaque mois, pendant trois ans, de 2011 à 2014. Reconnu coupable par les jurés, il a été condamné ce vendredi à 12 ans de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions de l'avocat général qui a tenu compte de ses ultimes aveux.

Le père incestueux devra se soumettre à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans à sa sortie de prison, sous peine de retourner derrière les barreaux pour une durée pouvant aller jusqu'à trois ans. Il devra aussi verser 2,5 millions de francs à sa fille en réparation du préjudice subi et son nom figurera désormais au fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (Fijeais).

La déchéance totale de son autorité parentale sur ses trois filles a en outre été prononcée, il ne s'y est d'ailleurs pas opposé : "Mon client a pris la décision de laisser sa famille se reconstruire sans lui le temps de sa détention", a fait savoir son avocat, Me Adrien Huguet. Le condamné a malgré tout dix jours pour faire appel.

Complexe d’œdipe

Reconnue comme victime, la fillette de 10 ans devenue adolescente va devoir aujourd'hui relever un nouveau défi : quitter le foyer qui l'accueillait pour réintégrer sa famille. Un souhait manifesté par la jeune fille, mais qui risque de prendre du temps tellement l'attitude de la maman à son égard s'est avérée glaciale pendant tous les débats, jusqu'à la décision finale. Sans un regard pour elle, la mère a semblé douter jusqu'au bout de ses accusations envers son père, même quand celui-ci lui a donné raison.

Décrit comme un manipulateur à l'ego surdimensionné, imposant ses propres valeurs à la famille, le tane avait tout simplement substitué sa femme par leur propre fille. Pour sa défense, son avocat a rappelé le contexte particulier dans lequel il avait été élevé, seul homme d'une fratrie de six sœurs, surprotégé par une maman dont il avait partagé le lit jusqu'à ses 14 ans au point d'entretenir des relations, déjà, d'ordre incestueux. Autour de 230 cas d'incestes seraient dénoncés chaque année en Polynésie française. Trois autres dossiers de viols sur mineurs seront examinés dès lundi par la cour d'assises jusqu'au terme de cette session, le 13 décembre prochain.


Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 2 Décembre 2016 à 15:52 | Lu 4097 fois