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Le pacte de relance, clef de voûte de la reconversion économique polynésienne


Dix mois après sa première visite en Polynésie française en janvier dernier, le ministre des outre-mer Victorin Lurel devrait revenir dans quelques semaines pour signer le pacte de relance entre le Pays et l'Etat.
Dix mois après sa première visite en Polynésie française en janvier dernier, le ministre des outre-mer Victorin Lurel devrait revenir dans quelques semaines pour signer le pacte de relance entre le Pays et l'Etat.
PAPEETE, lundi 4 novembre 2013. Une chose est sûre la reconversion de l’économie polynésienne est une formule à la mode. Du côté du gouvernement local, le vice-président Nuihau Laurey a profité, la semaine dernière devant les élus territoriaux, du débat des orientations budgétaires 2014 du Pays pour déclarer que le «plan de reconversion économique attendu depuis de nombreuses années par tous les acteurs économiques de notre Pays, fruit de multiples concertations menées ces derniers mois, sera présenté publiquement à la fin du mois de novembre, avant l’examen du budget primitif 2014». Le chapitre «Refonder l’économie» est au centre du dispositif prévu par le gouvernement. En une dizaine de pages, cette refondation de l’économie polynésienne est déclinée pour «engager notre Pays dans sa transition d’une économie trop fortement administrée vers une économie davantage fondée sur l'initiative privée et la créativité individuelle. Ces réformes s'appuient d'une part sur la modernisation d'une administration tournée vers ses missions essentielles de service public et sur la recherche d'une réelle performance, d'autre part sur la définition d'un environnement fiscal adapté en même temps à l'exigence d'équité et à celle d'efficacité économique». Un discours qui est loin d’être nouveau aux oreilles des citoyens polynésiens.

En fait, depuis la fin de l’ère CEP (Centre d’expérimentation du Pacifique), le Pays est à la recherche de son positionnement économique : le tourisme, la perliculture, la pêche sont des secteurs potentiellement porteurs de richesses, par lesquels le territoire peut espérer un jour rééquilibrer sa balance commerciale et faire évoluer à la hausse son PIB. Mais la crise internationale est venue noircir le paradis touristique polynésien inabordable pour de nombreux touristes, la perle tahitienne a perdu de son attractivité et les produits de la pêche sont encore trop peu exportés. «Confrontée à la crise internationale, mais surtout marquée par de forts handicaps structurels liés à un mode de développement sclérosé, l'économie polynésienne a été privée de tous ressorts» affirme comme un couperet fatal le document d’orientation budgétaire du Pays.

Car cela fait 18 ans que le Pays est à la recherche d’un nouvel équilibre économique : depuis le dernier essai nucléaire en Polynésie française (le 27 janvier 1996 à Fangataufa). Aussitôt après la fin des essais, en 1996, une convention était signée entre l’Etat et le Pays et voyait naître le Fonds pour la reconversion de l’économie polynésienne (FREPF), qui prévoyait chaque année le versement par l’Etat d’une enveloppe de 18 milliards de Fcfp au Pays. Puis, les années passant le Pays devenait presque une collectivité comme les autres bénéficiant d’une dotation globale de développement économique (DGDE) issue là encore d’une convention entre l’Etat et le Pays. La philosophie du système changeait également : l’enveloppe n’était plus versée à l’aveugle, mais devait servir plus l’investissement que le fonctionnement de la collectivité. «À l’origine, la DGDE a été conçue comme une dotation d’investissement, mais jusqu’à 50 % de son montant ont en pratique été affectés à des dépenses de fonctionnement. En outre, le suivi a posteriori des dépenses engagées au moyen de la DGDE – versée en une seule fois en début d’exercice – s’est révélé délicat» précise un document de l’assemblée nationale. Aussi, en 2011, nouvelle étape et nouvelle convention qui donne naissance à différents instruments financiers liant l’Etat et le Pays et devait assurer le financement des communes via le FIP (fonds intercommunal de péréquation).

En cette fin d’année 2013, le pacte de croissance doit être signé entre le Pays et l’Etat lors de la prochaine visite du ministre des outre-mer Victorin Lurel. Il définira les mesures que le Pays souhaite mettre en place pour faire évoluer l’économie polynésienne avec les accompagnements financiers que l’Etat accordera certainement au sein de ce nouveau pacte avec notamment la prolongation du Contrat de projets 2008-2013. On en saura davantage rapidement puisque la visite du ministre Lurel est attendue dans les prochaines semaines, a priori fin novembre début décembre. Avant que le Pays n’adopte son budget primitif 2014.

La reconversion économique polynésienne est budgétivore

Ce sont les documents de préparation du budget 2014 pour les outre-mer qui le déclarent. L’essentiel des crédits de l’action Collectivités territoriales de l’Etat est absorbé par le soutien à la reconversion de l’économie polynésienne. Dans le rapport fait par le député UMP Patrick Ollier de la commission des finances, il est écrit : «l’aide à la reconversion de l’économie polynésienne absorbe 148,1 millions d’euros d’autorisations d’engagement (17,6 milliards de Fcfp) sur 186,1 millions d’euros et 135,2 millions d’euros de crédits de paiement (16 milliards de Fcfp) sur un total de 171,6 millions d’euros. Le reste est affecté à la dotation d’équipement scolaire en Guyane (10 millions d’euros en autorisations d’engagement et 7,9 millions d’euros en crédits de paiement), au Fonds intercommunal de péréquation en Polynésie française (9 millions d’euros autorisations d’engagement et crédits de paiement), à une dotation spéciale de construction et d’équipement des établissements scolaires de Mayotte (10,2 millions d’euros autorisations d’engagement et crédits de paiement), à une subvention d’équilibre des budgets de Wallis-et-Futuna et des Terres australes (6,3 millions d’euros autorisations d’engagement et crédits de paiement) et à l’Agence de développement économique de Nouvelle-Calédonie (0,26 million d’euros autorisations d’engagement et crédits de paiement».

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 4 Novembre 2013 à 17:14 | Lu 1023 fois