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Le gouvernement réunit syndicats et patronat pour que "le travail paye mieux"


Crédit Miguel MEDINA / POOL / AFP
Crédit Miguel MEDINA / POOL / AFP
Paris, France | AFP | lundi 16/10/2023 - Affichant la volonté de "faire que le travail paye mieux", Elisabeth Borne réunit lundi les partenaires sociaux lors d'une conférence sociale, les syndicats, sur leurs gardes, prévenant qu'ils en attendent "du concret" pour le pouvoir d'achat des Français.

La Première ministre a ouvert les travaux, qui doivent déboucher sur des annonces attendues en fin de journée, par une minute de silence en hommage à Dominique Bernard, l'enseignant tué dans une attaque au couteau vendredi à Arras. A l'issue de son intervention, elle a dû se rendre à une nouvelle réunion de sécurité à l'Elysée.

Dans la foulée, nombre d'intervenants des organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Solidaires et Unsa) comme patronales (Medef, U2P, CPME, FNSEA, Fesac et Udes) ont témoigné de leur solidarité avec la communauté éducative.

Tous sont réunis pour cette grand-messe qui se déroule toute la journée au Conseil économique, social et environnemental (Cese) en présence de plusieurs ministres.

"Nous nous retrouvons aujourd'hui avec la volonté que le travail paye mieux et de relancer la promotion sociale", a souligné la Première ministre. 

Mais "c'est la négociation qui amènera la révision des grilles de classifications" et "qui fera évoluer les salaires minimums des branches qui sont encore en dessous du Smic", a-t-elle précisé. Néanmoins, "bien sûr, l’Etat prendra toute sa part".

Si les syndicats ont salué le fait que la question des salaires soit "enfin" au menu des discussions, ils ont prévenu qu'ils attendaient du "concret".

"Alors que l'inflation rend les fins de mois plus difficiles pour beaucoup, le pouvoir d'achat (...) est la préoccupation numéro un des Français", a martelé la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, tandis que son homologue de la CGT Sophie Binet a mis en avant le "besoin que cette journée soit productive".

Portes fermées 

"Pour les travailleurs, on ne fait pas l'aumône, et c'est avec le salaire que nous remplissons le frigo", a aussi lancé Frédéric Souillot (FO).

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a ensuite souligné que "l'Etat ne peut pas être au seul au carrefour des attentes et des revendications", tandis que le ministre de l’Économie a listé plusieurs "impasses" dont l'indexation des salaires sur l'inflation, réclamée notamment par la CGT et FO. 

Bruno Le Maire a évoqué différentes "pistes de travail", comme la nécessité de "doper la productivité" ou d'améliorer l'égalité femme-homme.

Après ces interventions, les syndicats se sont montrés sceptiques. 

"Ca ne sert à rien de nous faire venir pour une journée de conférence sociale consacrée aux salaires si on ne parle pas de salaire", a tranché Mme Binet. 

"J'ai des doutes sur le fait qu'on puisse traiter les choses quand on a des visions" basées sur des "statistiques, tableurs Excel et courbes", a abondé Marylise Léon, tandis que pour François Hommeril (CFE-CGC) "Bruno le Maire est très fort, il a refermé toutes les portes".

Lors de cette conférence sociale, la Première ministre doit notamment annoncer la mise en place d'un "Haut Conseil des rémunérations" au sein duquel siègeraient les partenaires sociaux, les administrations de statistiques (Insee, Dares, Drees) voire des experts, selon Matignon.

Autre sujet attendu par l'ensemble des syndicats et sur lequel la Première ministre pourrait avancer : la "conditionnalité des aides publiques aux entreprises", soit le maintien des exonérations de cotisations à condition que la branche n'ait pas de minima en-dessous du Smic. 

La conférence sociale a lieu trois jours après une manifestation en demi-teinte pour défendre le pouvoir d'achat, qui a rassemblé entre 92.500 et quelque 200.000 personnes en France.

Ombre au tableau, elle se tient sur fond de profond désaccord entre les partenaires sociaux et le gouvernement sur les finances des régimes des retraites complémentaires du privé (Agirc-Arrco) et de l'assurance-chômage (Unedic). 

"Il n’a jamais été question de les ponctionner", se défend Mme Borne, souhaitant toutefois "sanctuariser" les économies réalisées dans les régimes complémentaires grâce à la réforme des retraites. 

Sophie Binet a prévenu qu'il n'était "pas question" de revenir sur l'accord des partenaires sociaux sur les complémentaires "au détour d'un amendement voté à 3H00 du matin".

le Lundi 16 Octobre 2023 à 04:54 | Lu 226 fois