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Le "dossier de l’horreur" devant la Cour d’appel


PAPEETE, le 2 août 2018 - Une femme de 48 ans comparaissait ce jeudi devant la Cour d’appel pour avoir torturé sa fille handicapée mentale pendant de longues années. A force de violences répétées, la victime était devenue aveugle. En première instance, la prévenue avait écopé d’une peine de 4 ans de prison ferme.

L’affaire présentée ce jeudi devant la Cour d’appel de Papeete a été particulièrement éprouvante pour l’auditoire, y compris pour les magistrats qui devaient juger une mère de famille pour de lourdes maltraitances commises sur sa fille handicapée mentale entre 2007 et 2012. La jeune fille avait été retrouvée dans la rue par les gendarmes. Emmenée à l’hôpital, les médecins avaient constaté que le pronostic vital de la petite était engagé. Elle souffrait de multiples blessures, du scorbut, présentait un état de malnutrition avancé et ne pesait plus que 32 kilos. A force de coups, elle avait perdu la vision d’un œil. Son nez était fracturé.

L’enquête avait laissé apparaître qu’un an après sa naissance, la petite, qui souffrait d’un handicap mental avait été placée dans une famille d’accueil avant d’en être extraite à la demande de la prévenue qui souhaitait récupérer sa garde. C’est alors qu’avait commencé une longue série d’actes de maltraitance.

L’expertise psychiatrique de la prévenue a établi que le discernement de cette dernière était altéré. Face aux magistrats de la Cour d’appel ce jeudi, la femme, qui a depuis été placée sous tutelle, a tenté de minimiser les faits en concédant quelques "coups avec la main. " Ce qui a passablement agacé le président de la Cour d’appel qui a saisi une photo de la victime avant son hospitalisation en s’exclamant : "madame, lorsque l’on regarde cette photo, on dirait une femme de 60 ans qui sort d’un camp de concentration !"

"Négation de l’humanité"

Le conseil de la victime, lors de sa plaidoirie, a rappelé que la prévenue avait failli "tuer" sa fille : " si ma cliente ne s’était pas enfuie, elle serait morte." L’avocate a par ailleurs expliqué que la victime, qui vit désormais dans la famille d’accueil dont elle avait été séparée, allait "mieux."

Lors de ses réquisitions, l’avocat général n’a pas caché sa consternation face aux violences subies par la victime : "ce dossier était initialement destiné à la cour d’assises. C’est un dossier de l’horreur qui représente l’illustration de la négation totale de l’humanité ! Nous sommes à la limite de la torture et de la barbarie. Ni les services sociaux, ni les services de la justice ne sortent grandis de ce dossier. Je dois le dire : je ne comprends toujours pas comment cette femme a pu être nommée tutrice de sa fille." Le magistrat a requis 5 ans de prison, dont un an avec sursis.

Me Bennouar, conseil de la prévenue, a affirmé que les responsabilités étaient multiples dans ce dossier : "je tiens à rappeler que le placement a été fait sur décision de justice. Les services sociaux, l’entourage familial et le voisinage n’ont jamais signalé les faits."

La Cour d’appel rendra sa décision le 13 septembre prochain.

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 2 Août 2018 à 15:53 | Lu 4718 fois