Tahiti Infos

Le descendant du capitaine Bligh de retour à Tahiti pour réhabiliter son ancêtre


Maurice Bligh, le descendant du capitaine Bligh
Maurice Bligh, le descendant du capitaine Bligh
PAPEETE - le 17/10/15 - Maurice Bligh, descendant du capitaine Bligh était présent pour le deuxième festival du Bounty qui s'est déroulé à Papeete début octobre. Passionné par son aïeul, l'homme de 72 ans, a mené de nombreuses recherches pour raconter "la vraie histoire" de William Bligh.

Assis à l'ombre des 'uru de la place Vaiete, lors du festival du Bounty, Maurice Bligh est entouré de personnes qui ne se lassent pas de l'écouter. Avec son allure de lord anglais, il réhabilite depuis 50 ans la mémoire de son arrière-arrière-arrière-grand-père : le capitaine William Bligh. "L'image que lui a donné Hollywood n'est pas du tout la bonne. Il était honnête, en bonne santé et pas du tout un "bastard" comme tente de le faire croire les films et les livres. Hollywood a induit en erreur des générations en leur faisant croire que l'histoire de la Bounty se déroulait ainsi", bouillonne-t-il.

Depuis l'âge de neuf ans, Maurice a toujours été intéressé par son ancêtre. Petit, il a entendu à Radio Australia un appel à témoignage. Il leur a écrit et quelques années plus tard, il se rendra dans les studios pour témoigner. En effet, à 24 ans, il part sur les traces de son ancêtre en entamant un voyage d'un an et demi. Australie, Nouvelle-Zélande, Sydney, îles Cook, îles Tonga, Fidji, aucun lieu où a été William Bligh ne lui échappe." Je suis retournée à la maison par le canal de Panama", raconte-t-il. "Je voulais revivre l'histoire, la légende, je l'ai fait !". De son périple, il retire bon nombre de documents et de journaux de bord qu'il lie, trie, annote. " Tout ce que je raconte, on peut le vérifier."

À Tahiti, l'histoire du Bounty tout le monde la connaît plus ou moins. Alors qu'en 1789, William Bligh était capitaine de la Royal Navy, il fut débarqué de son navire chargé de 'uru, le Bounty. Son lieutenant, Fletcher Christian mis le malheureux dans une embarcation avec 18 autres marins et revint avec ses mutinés à Tahiti. Le capitaine Fletcher fut rendu célèbre au cinéma par Marlon Brando dans le film Les révoltés de la Bounty sorti en salle en 1962. "Fletcher ne voulait qu'une vie de luxure. Mon ancêtre, lui, a réussi à se rendre sur les côtes indonésiennes sur sa chaloupe grâce à ses seules connaissances et quasiment sans eau", relate Maurice Bligh. " C'était un homme très intelligent. À seulement 21 ans, il était maître d'équipage et bras droit du capitaine Cook. Il était un brillant navigateur, motivé, anthropologiste… Plus tard, il fera même partie de la société des Francs-maçons."

La Polynésie et Bligh

William Bligh s'est beaucoup intéressé à la culture tahitienne. "C'est incroyable, ces deux cultures si éloignées qui se rencontrent", s'enthousiasme-t-il. Bligh connaissait bien l'aristocratie anglaise. À Tahiti, il se rendit compte qu'une culture "sophistiquée" existait aussi avec "une princesse" et " des gens qui ont de l'argent". En tout, William Bligh est revenu trois fois à Tahiti : avec le capitaine Cook alors qu'il n'avait que 21 ans, avec le célèbre Bounty et enfin, avec le Providence, un autre bateau de la Royal Navy dont il fait partie depuis qu'il a sept ans. Il finira d'ailleurs sa carrière comme vice-amiral.
"Mon ancêtre parlait le tahitien, connaissait des familles entières. Toutes les informations qu'il recueillait étaient de "première main" pour le roi d'Angleterre." William Bligh était un homme "respecté et diplomatique", "rien à voir avec l'image d'Hollywood", renchérit l'homme de 72 ans.

"C'était un vrai capitaine, il n'a jamais perdu un navire à cause d'erreurs de navigation dans des eaux inconnues ou même dans les batailles pour son pays. Pourtant, en dépit de cela, la plupart des gens pensent encore qu'il était un commandant incompétent", se désole Maurice Bligh. C'est donc avec conviction et pendant de longues heures que Maurice Bligh n'a cessé de raconter l'histoire de son aïeul pendant le deuxième festival de la Bounty.

Noémie Debot-Ducloyer

Rédigé par Noémie Debot-Ducloyer le Samedi 17 Octobre 2015 à 15:00 | Lu 2313 fois