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Le centre de détention Tatutu inauguré


PAPEARI, le 20 mars 2017 - Ce lundi matin, le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a inauguré la nouvelle prison de Papeari. Parloirs, cellules, zones ouvertes : la délégation du garde des Sceaux a fait le tour de cet établissement tant attendu.

L'odeur de la peinture fraîche s'accroche encore dans les airs. Les murs sont propres, les couleurs resplendissent. Le soleil s'est lui aussi invité à l'inauguration du centre de détention Tatutu, situé à Papeari sur la commune de Teva i Uta. A l'intérieur de l'établissement flambant neuf, les 250 surveillants sont au garde-à-vous. Voilà plusieurs semaines qu'ils attendent cette journée : la visite du ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas. Il reste quelques finitions mais l'établissement est fin prêt à accueillir les 410 pensionnaires.

Le parloir, des petites salles avec tables et chaises où les détenus pourront passer du temps avec leurs familles, sont prêts. Il en est de même pour les cellules. La prison de Papeari innove en la matière. La majorité d'entre elles sont des cellules individuelles. Les plus petites sont de 9 mètres carré, les plus grandes sont de 13 mètres carré et peuvent accueillir deux prisonniers. "Certains détenus ont besoin d'être avec d'autres personnes et cela peut les aider dans leur parcours ", explique l'architecte de la prison, Alain Bretagnolle. Toutes les cellules ont toilettes et douches à l'intérieur. Des petites cours de promenades sont aménagées à certains étages.

Autre particularité importante de la prison de Papeari : une ouverture grillagée entre les étages de la prison. "C'est quelque chose qui se faisait beaucoup dans les anciennes prisons mais qui a été abandonné avec la modernité, ce que je regrette. Je trouve cela très bien qu'il y a cette ouverture ici. Cela permet aux surveillants d'entendre s'il y a un problème à l'étage du dessous ou du dessus", a souligné le garde des Sceaux.

UN FA'A'APU POUR LES PRISONNIERS

Dans cette prison nouvelle génération, les détenus pourront aussi bénéficier d'espaces ouverts et aménagés. Entre les murs épais et froids, des cages et de foot et des paniers de baskets ainsi que des appareils de musculation ont été installés. Afin de préparer les prisonniers à leur réinsertion, les services de la prison ont aménagé un fa'a'apu sur un des côtés du bâtiment. Comme à Nuutania, les détenus qui le souhaitent et qui en ont l'autorisation pourront y travailler.

Dans son discours, le maire de Teva i Uta, est revenu sur les remous qu'avait suscités l'annonce de l'implantation de la prison sur la commune. "Tout le monde était d'accord pour dire qu'il fallait une nouvelle prison en Polynésie française, mais personne ne la voulait à côté de chez lui", a-t-il souligné. Il a enfin rappelé que cet établissement pénitentiaire allait permettre de développer l'économie locale, notamment dans le secteur agricole, et qu'un partenariat entre les services pénitentiaires et ceux de la mairie allait voir le jour.

La prison doit accueillir les premiers détenus au mois de mai. Seules les personnes condamnées à de longues peines y seront incarcérées. Il n'y aura que des hommes.

La prison en images


"Ce centre est très symbolique de ce que je voudrais que soit l'administration pénitentiaire"

Parole à Jean-Jacques Urvoas, ministre de la Justice, après l'inauguration de la prison de Papeari.

"Cette prison est très bien conçue parce qu'adaptée à la réalité polynésienne. Le fait que beaucoup de portes sont ajourées permet la circulation de l'air et ainsi de rendre la température potentiellement beaucoup plus supportable. C'est très impressionnant de voir comment les architectes ont réussi à intégrer dans un site splendide des locaux qui seront à l'évidence fonctionnel parce qu'un centre pénitentiaire, cela fonctionne toute l'année tous les jours de l'année. Ce centre est très symbolique de ce que je voudrais que soit l'administration pénitentiaire. Il fait partie des mieux conçus. Il est rare d'avoir le privilège de visiter une prison vide de ses détenus. Les services ont eu la chance d'avoir plusieurs semaines pour s'adapter aux locaux et le service soit immédiatement rendu. Tout ce qui a été imaginé ici est tourné vers l'objectif : rendre le temps de la prison utile. Ce temps, il n'est pas à la fin de quelque chose. C'est une fonction mais c'est surtout un nouveau départ. Ici, nous avons imaginé des dispositifs qui vont rendre plus supportable la détention et, pour le personnel, d'avoir des conditions de travail plus acceptable."

Les surveillants ont hâte d'accueillir les prisonniers

Maimiti Ferrand, surveillante.
Maimiti Ferrand, surveillante.
• Tutahaiti, originaire de Mataiea : "Avant de venir ici, j'ai travaillé pendant cinq ans à la prison de Nuutania. Nous sommes dans l'établissement depuis quelques semaines. Je suis entré dans le milieu carcéral car je voulais montrer à mes enfants que l'on pouvait s'en sortir en tant que Polynésiens. Ce qui me plaît le plus c'est le travail d'équipe."

• Tereva, 35 ans, de Mahina : "Je travaille ici depuis cette année. J'ai été formé en métropole et ça s'est bien passé. Le plus était l'éloignement. Je suis content que la prison soit ouverte. Avant d'être surveillant pénitentiaire, j'étais informaticien. Je voulais changer de vie pour avoir un meilleur revenu. J'ai hâte que les prisonniers arrivent et que l'on puisse travailler avec eux. Je pense que ça va très bien se passer. J'ai fait un petit stage à Nuutania et j'ai trouvé les détenus très gentils donc je pense que tout va très bien se passer."

• Maimiti, 29 ans, de Teva i Uta : "Je suis surveillante pénitentiaire depuis février 2016. Avant, j'étais gendarme volontaire et j'étais aussi adjointe au maire de la commune de Teva i Uta. Dès que j'ai su qu'il y allait avoir une prison sur la commune, j'ai voulu passer le concours de surveillant. Pour moi, c'est une bonne chose d'avoir cet établissement pénitentiaire ici. Cela permet de créer de l'emploi et de l'activité."

Revivez le haka des surveillants...


Rédigé par Amelie David le Lundi 20 Mars 2017 à 18:18 | Lu 3016 fois