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Le Tahoeraa va organiser des Primaires pour désigner ses candidats aux législatives


Le Tahoeraa va organiser des Primaires pour désigner ses candidats aux législatives
Quels seront les candidats du Tahoeraa aux élections législatives de 2012? La question fait sourire le président du parti. Qui prend son temps avant d'annoncer la dernière trouvaille des "Oranges": la tenue de primaires au mois de février. Gaston Flosse laissera la parole aux présidents de section du Tahoeraa Huiraatira, et à eux seuls, dans le choix des candidats. « Ce sont les seuls qui pourront se présenter, et les seuls qui pourront voter » explique le sénateur... qui indique toutefois par un lapsus que peu sera laissé au hasard. « Ensuite, le Grand conseil se réunira pour désigner les candidats ». Il voulait dire entériner, précise-t-il ensuite.

Le calendrier est le suivant : les candidats à l’élection législative pourront s’inscrire jusqu’au 23 janvier. Le vote se fera ensuite en trois temps : le 6 février dans la première circonscription ( à la mairie de Papeete), le 7 février dans la 2ème (à la salle polyvalente de Papearii) et le 8 dans la 3ème et dernière circonscription ( à la mairie de Punaauia).

Accords de désistement au second tour?

Le Tahoeraa va organiser des Primaires pour désigner ses candidats aux législatives
C’était prévisible, faute d’accord avec les autres formations autonomistes le Tahoeraa Huiraatira ira seul aux élections législatives. Le courrier qu’il a adressé aux autres formations autonomistes n’a pas eu de réponse. « Nous regrettons que personne n’ait répondu. Nous avons entendu Gaston Tong Sang dire dimanche soir qu’il présenterait un candidat dans chaque circonscription, nous en concluons donc qu’il refuse » a expliqué Gaston Flosse, qui garde quand même un espoir : « nous espérons que la sagesse prévalant, il y ait un accord de désistement au second tour avec les autonomistes ».

Le parti va également se positionner pour l’élection présidentielle au début de l’année, en février probablement. Dominique de Villepin est pour l’heure le candidat « qui a notre préférence » a reconnu Gaston Flosse, « en tout cas tous ceux que nous rencontrons, en particulier les fonctionnaires, nous disent qu’ils ne voteront pas pour Sarkozy » a affirmé le sénateur.

De son côté, Edouard Fritch a tiré un bilan très critique du budget 2012 adopté par l’assemblée de Polynésie. Son allocution est disponible ci-dessous:

Le Tahoeraa va organiser des Primaires pour désigner ses candidats aux législatives
Mercredi 21 décembre 2011
Conférence de presse du Tahoeraa Huiraatira

Edouard Fritch

Le budget et les lois fiscales viennent d’être votés, mais déjà, le gouvernement nous demande de réparer ses erreurs et convoque une session extraordinaire jeudi prochain.
En effet, vendredi dernier, la commission des finances a été saisie de deux textes.
Le premier vise à rétablir l’exonération de la TVA sur les médicaments qui a disparu en même temps que la CST sur les dirigeants d’entreprises, annulée par le Conseil d’Etat. Les deux mesures n’ont rien à voir, mais le gouvernement nous les avait présentées dans le même texte, d’où l’obligation de revoter une exonération de TVA avec effet rétroactif pour ne pas renchérir le prix des médicaments.
Mais le gouvernement nous demande de rectifier une erreur beaucoup plus lourde, liée à la modification du code des douanes et l’instauration de nouvelles taxes sur les produits européens. Le texte initial a été élaboré en un peu plus de 2 mois alors qu’il aurait fallu au moins 6 mois selon le directeur des douanes pour balayer les milliers de positions douanières à rectifier.
Le gouvernement a mis une telle pression sur les agents des douanes qu’ils ont commis un certain nombre d’erreurs qui ont abouti, par exemple, à ce que certains produits européens étaient taxés plus fort que ceux en provenance des pays tiers, ce qui bien sûr est interdit par la décision d’association.
On voit bien que le gouvernement a agi dans la plus grande précipitation pour mettre en place ses nouvelles taxes. Pour lui, il s’agissait bien de trouver 2 milliards en urgence pour boucler son budget. C’est la seule motivation de cette nouvelle taxe, et certainement pas l’idée de s’ouvrir à d’autres marchés comme a voulu le faire croire le gouvernement.
Cette nouvelle taxe sur les produits européens est une hérésie dans la situation économique actuelle car elle va peser sur le budget des ménages et sur les entreprises.
Le pire, c’est que le gouvernement est parfaitement conscient des difficultés des Polynésiens. C’est écrit dans le rapport de présentation du budget.
Je cite quelques phrases :
« notre système économique repose de manière prépondérante sur les consommateurs dont la capacité de paiement est largement liée à l’évolution des budgets publics de fonctionnement ».
« la croissance polynésienne, portée depuis plusieurs années par la consommation des ménages est aujourd’hui pénalisée par le recul de cette dernière (baisse de l’emploi, hausse de la fiscalité…) qui n’est pas compensée par des investissements (publics ou privés) supplémentaires ».
« les ménages sont inquiets du marché de l’emploi, de l’évolution de la fiscalité et du retour de l’inflation ».
Malgré ce diagnostic précis, le gouvernement, au travers de ce budget, fait exactement le contraire de ce qui devrait être fait : il augmente la pression fiscale, il augmente les droits de douanes qui vont générer une augmentation des prix, de l’inflation et au final une perte du pouvoir d’achat.
En face, aucune mesure n’est prise pour relancer l’activité économique, notamment par le budget d’investissement dont les crédits se situent aux alentours de 19 milliards, en baisse de 30% par rapport à 2011.
Pour justifier cette baisse, le gouvernement nous explique que ce montant est plus proche de la réalité des crédits consommés. La réalité, c’est qu’en 2011, le gouvernement s’est montré incapable de mobiliser les crédits inscrits au budget faute d’avoir pu avoir recours à l’emprunt, mais également par son incapacité à lancer les chantiers.
Par ailleurs, quand on regarde la liste des travaux programmés dans la section d’investissement, on voit qu’il n’y a plus aucun grand projet structurant qui pourrait dynamiser l’activité économique. On se contente de faire du bitume et du béton.
Même les communes ne pourront pas venir soutenir l’activité économique puisqu’il n’y a aucun crédit pour la Délégation au développement des communes, sauf le report d’opérations déjà engagées ou les opérations inscrites au contrat de projet.
Alors, c’est vrai, on va construire plein d’abris de survie, et je crois que les Polynésiens vont en avoir besoin, mais pas nécessairement pour se protéger des calamités naturelles.
L’année 2012 sera bien pire que 2011 pour nos compatriotes et pour les entreprises.
Dans ce budget strictement comptable, on voit bien que le gouvernement n’a cherché qu’à maintenir les équilibres. Comme le plan de redressement n’est pas mis en œuvre et qu’aucune économie de fonctionnement n’est réellement engagée, il faut trouver des ressources supplémentaires pour financer le fonctionnement.
Les impôts ne rentrent plus, les prévisions de rentrée de TVA sont en baisse : au total, le gouvernement table sur plus de 7 milliards de moins value sur les rentrées fiscales.
Alors, la seule solution pour éviter l’impasse, c’est de tondre les ménages, d’où l’instauration des droits de douanes sur les marchandises européennes qui vont avoir des conséquences dramatiques sur le budget des ménages. Le gouvernement avance le chiffre de 2 milliards, nous pensons qu’il sera supérieur. Mais à ce chiffre, il va falloir ajouter toutes les taxes qui viennent se calculer sur le prix majoré des droits de douanes.
Rien que pour la TVA, ce sont 320 millions supplémentaires qui sont attendus de cette mesure. Mais si vous prenez le budget, vous vous apercevrez que cela génère d’autres mesures inflationnistes. Par exemple, puisque c’est la période des fêtes, la taxe sur le vin va engendrer 20 millions supplémentaires, la TDL 98 millions supplémentaires. Ce sont les effets de ces nouveaux droits de douanes qui vont être répercutés sur les consommateurs.
Le gouvernement a donc choisi la solution de facilité alors qu’il avait d’autres solutions qui ne venaient pas alourdir la pression sur les Polynésiens et différer d’une année la torture.
Par exemple, et la presse en a parlé, les porteurs du projet immobilier Tahaa Golf Resort qui avait été admis en défiscalisation ont reçu un avis de redressement fiscal puisque le projet n’a jamais vu le jour. Le total de ce redressement fiscal avoisine les 2,5 milliards. Mais visiblement, le gouvernement n’est pas décidé à aller chercher cet argent.
Il préfère privilégier des gens qui pour échapper à l’impôt se lancent dans des opérations de défiscalisation plutôt que de soulager le budget des ménages.
Sur un autre plan, le rapport de présentation du budget nous explique que les recettes des jeux d’argent seront en baisse de 450 millions parce que le gouvernement n’a pas pu négocier à la hausse avec la Pacifique des jeux le pourcentage du prélèvement. On voit bien que ce gouvernement ne cherche pas à se battre pour sortir de la crise.
Je vous rappelle également que nous payons les erreurs passés des précédents gouvernements Temaru. Le Te Autaeaeraa de Jacqui Drollet qui nous coûte 800 millions par an. Nous devons rembourser à EDT la somme de 1,8 milliard parce que le gouvernement, en 2006, avait voulu baisser autoritairement et sans aucune discussion le prix de l’électricité. Bilan de cette baisse forcée, le pays a été condamné par le tribunal à indemniser EDT. Cette erreur, ce sont tous les polynésiens qui vont la payer.
Face à nos difficultés budgétaires, nous avons l’assurance que l’Etat est prêt à nous accompagner financièrement. A deuxième tranche du prêt AFD a été décaissée et le Parlement a voté une dotation de 6 milliards.
Mais il faut bien le dire, si l’Etat nous impose des conditions, c’est parce qu’il n’a aucune confiance dans le gouvernement d’Oscar Temaru. Le plan de redressement voté en août dernier n’a pas trouvé un début d’application, sauf pour ce qui concerne la fermeture de l’ATP.
Nous n’avons aucune indication sur la fermeture fusion des autres établissements, sur le reclassement des personnels. Ce qui est certain, c’est que cela ne génèrera pas d’économies puisque les personnels devraient être reclassés pour la plupart, gonflant les budgets de fonctionnement du pays ou des établissements d’accueil.
Ce n’est pas sérieux, et nous n’avons eu de cesse de le dénoncer. Tout comme nous avions dit au moment du vote du plan de redressement que le Pays s’enfermait dans un piège et que l’Etat n’aurait de cesse de faire pression.
Mais là où l’Etat ne peut pas avoir confiance, c’est en étudiant le budget 2012. Il y a des éléments qui sont manifestement insincères. Par exemple, au titre des recettes, au niveau de l’impôt sur les sociétés le gouvernement a inscrit 12 milliards de recettes alors qu’il a eu les plus grandes difficultés à faire entrer 8 milliards cette année. Comment les entreprises pourraient déclarer en 2012 plus de bénéfices alors que l’économie sombre un peu plus chaque jour ? Et en dépenses, que dire des ressources réservées à la PSG et en particulier au RSPF ! D’autant que 2011 apporte comme en 2009 et 2010 son lot de nouveaux chômeurs
Ce budget n’est pas sincère au niveau des recettes, et nous attendons le contrôle de légalité que fera l’Etat sur ce document.
Pour résumer, et je le répète, ce budget c’est le budget de la régression et de l’approfondissement dans la crise.

***

Maintenant, je voudrais aborder le budget de l’Assemblée qui est le seul de Polynésie à ne pas subir de baisse au niveau de sa dotation. La majorité a refusé que l’on prélève le moindre franc à ce budget quand tout le monde doit se serrer la ceinture. Même un petit prélèvement de 50 millions, comme le proposait Armelle Merceron, pour faire des actions en direction du social a été refusé.
Il est vrai que les dépenses de fonctionnement de notre institution ont été globalement réduites. Mais le président de l’Assemblée veut gonfler ses réserves, alors qu’on demande à tous les établissements publics de réduire leur fonds de roulement.
Si le président de l’Assemblée veut gonfler sa cagnotte, c’est certainement aussi parce qu’il n’a aucune confiance dans la capacité du gouvernement à déléguer les crédits chaque mois en raison des difficultés de trésorerie que nous retrouverons l’année prochaine.
Mais il faut bien dire que la majorité ne veut pas se départir de ses avantages. C’est vrai que par la loi les crédits alloués aux élus ont baissé de 10%. Mais la crise reste confortable pour cette majorité qui s’est accaparée tous les postes à responsabilité, postes rémunérateurs au sein du bureau ou des commissions législatives.
La présidence, toutes les vice-présidences et toutes les présidences des commissions sont aux mains de la majorité, et majoritairement de l’UPLD.
Au total, entre les crédits du président, les crédits collaborateurs et les crédits de groupe, la majorité perçoit plus de 31 millions de crédits publics par mois : 4,4 millions pour le président de l’Assemblée, 25 millions pour les présidences de commission et les crédits collaborateurs, 1,9 million de crédits de groupe. Total donc : 31 millions par mois, soit 372 millions par an. Çà aide pour faire de la politique.
Au regard, un groupe de 10 élus comme le Tahoeraa ne touche qu’un peu plus de 5,3 millions par mois : 4,7 millions pour les crédits collaborateurs et 630.000 francs pour les crédits groupe.
Si on fait un petit rapport, la majorité perçoit plus d’un million de crédit par élu, tandis qu’un groupe comme le notre ne perçoit qu’un peu plus de 500.000 F par élu.
C’est à peu près également ce que perçoit un groupe comme Ia Ora te Fenua au prorata de ses élus. Ils sont même un peu au dessus avec 597.000 F par élu.
Et comme si ce n’était pas suffisant, l’UPLD veut complètement verrouiller le système à son seul profit.
C’est ainsi que Jacqui Drollet vient d’introduire une proposition de modification du règlement intérieur pour que les présidences de commissions soit figées pour la durée de la mandature. Jusqu’à présent, les commissions sont renouvelées chaque année à l’ouverture de la session administrative au mois d’avril. Si cette proposition était adoptée, dès le mois d’avril prochain, il n’y aurait plus de renouvellement et l’UPLD pourrait garder toute sa part du gâteau pour mieux préparer les élections.
Donc, on veut brider financièrement l’opposition, tout comme on veut la museler au maximum au sein de l’hémicycle. Le temps de la parole libérée est complètement oublié. Aujourd’hui, dès que nous avons des propos qui dérangent un peu le gouvernement, le président Drollet nous coupe la parole.
Et bien sûr, dès que nous critiquons, on nous répond : « mais soyez constructif, travaillez avec nous ». Comment voulez-vous que nous puissions travailler avec des gens dont la seule ambition est de nous réduire à néant ?
Ceci étant, cela ne nous empêchera pas de nous battre. Les Polynésiens ne sont pas dupes. Ce gouvernement, cette majorité, ont perdu toute crédibilité et montrent bien qu’ils sont incapables de résoudre les vrais problèmes.
Les propositions, il sera toujours temps pour nous d’en faire et de les livrer à la sanction des Polynésiens. Il y a des échéances électorales prochaines et nous saurons présenter les propositions sur lesquelles nous travaillons depuis plusieurs mois maintenant pour offrir de nouvelles perspectives à nos concitoyens.
Pour l’heure, et bien que ce soit traditionnellement la période des vœux, je crains que nous ne puissions que demander aux Polynésiens de s’armer de courage pour cette nouvelle année qui sera sans doute pire que celle qui s’achève.



le Mercredi 21 Décembre 2011 à 16:51 | Lu 1307 fois