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Le Qatar, Israël et le Hamas annoncent des progrès vers la libération d'otages à Gaza


Crédit John MACDOUGALL / AFP
Crédit John MACDOUGALL / AFP
Territoires palestiniens | AFP | mardi 21/11/2023 - Le Qatar a affirmé mardi qu'un accord était proche pour la libération d'otages détenus par le Hamas dans la bande de Gaza, en échange d'une trêve dans le territoire palestinien où l'armée israélienne poursuit sans répit son offensive contre le mouvement islamiste.

Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, et Israël ont eux aussi fait état de progrès en vue d'une libération des otages, négociée notamment par le Qatar. 

L'armée israélienne estime qu'environ 240 otages ont été emmenés à Gaza par les commandos du Hamas lors de l'attaque sanglante qu'ils ont lancée contre Israël le 7 octobre.

"Nous faisons des progrès" sur le retour des otages, a déclaré mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a fait de leur libération un préalable à tout cessez-le-feu.

"J'espère qu'il va y avoir de bonnes nouvelles bientôt", a-t-il ajouté lors d'une visite sur une base militaire du nord du pays.

Les négociateurs n'ont "jamais été aussi proches d'un accord", selon le Qatar, qui oeuvre avec les Etats-Unis et l'Egypte pour tenter de faire libérer des otages en échange d'une trêve dans les combats.

Les négociations ont atteint la "phase finale", a déclaré mardi un représentant de l'émirat du Golfe.

"Nous nous approchons de la conclusion d'un accord de trêve", avait déclaré plus tôt Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas qui vit en exil au Qatar.

Selon des sources au sein du Hamas et du Jihad islamique, un autre groupe islamiste armé palestinien, les deux mouvements ont bien accepté un accord dont les détails doivent être annoncés par le Qatar et les autres médiateurs.

"Tragédie" sanitaire

Les organisations internationales et de nombreuses capitales étrangères multiplient les appels à un cessez-le-feu ou à une trêve face à la situation humanitaire catastrophique dans le petit territoire assiégé, où la guerre a détruit des quartiers entiers, dévasté le système de santé et entraîné des déplacements massifs de population.

Une "tragédie" sanitaire se profile dans la bande de Gaza, où l'eau "manque cruellement" et où la pénurie de carburant risque de provoquer "l'effondrement des services d'assainissement", a encore averti mardi le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

L'armée, qui poursuit sa progression dans le nord de la bande de Gaza, a annoncé avoir encerclé le camp de réfugiés palestiniens de Jabaliya, le plus grand du territoire situé aux portes de la ville de Gaza, là où se concentre l'essentiel de l'offensive israélienne. 

En Israël, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités, dans l'attaque du Hamas, d'une ampleur et d'une violence inédites dans l'histoire du pays.

En représailles, Israël a promis "d'anéantir" le mouvement islamiste et pilonne sans relâche le territoire palestinien, où son armée mène depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Dans la bande de Gaza, plus de 13.300 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens, dont plus de 5.600 enfants, selon le gouvernement du Hamas.

Des derniers détails ?

La présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric, a rencontré lundi soir des dirigeants du Qatar ainsi que M. Haniyeh, afin d'"avancer sur les questions humanitaires liées au conflit armé en Israël et à Gaza". Le CICR insiste pour que ses équipes soient autorisées à rendre visite aux otages.

Deux sources proches du dossier ont indiqué mardi à l'AFP que les pourparlers portaient sur un accord prévoyant la libération de "50 à 100" otages en échange de la libération de 300 prisonniers palestiniens en Israël, parmi lesquels des enfants et des femmes.

Le transfert se ferait par étape à raison de "dix" otages contre "trente" prisonniers palestiniens par jour et comprendrait l'entrée de nourriture, d'aide médicale et de carburant et surtout une "trêve humanitaire de cinq jours renouvelable".

Mais Israël insiste sur le "regroupement familial" signifiant que si un civil était libéré, son partenaire le serait également, même s'il était soldat, ce que le Hamas refuse pour le moment, étant opposé à la libération de militaires, selon ces deux sources.

"Nous voulions entendre parler d'un accord et entendre que le retour des personnes enlevées est une priorité parmi les objectifs de la guerre. Nous n'avons pas entendu cela", a déclaré Udi Goren, dont le cousin Tal Haimi est parmi les otages, après une rencontre lundi avec M. Netanyahu.

"C'est incroyablement décevant", a-t-il ajouté.

Un hôpital assiégé 

L'armée a annoncé mardi que ses soldats "continuaient de combattre" dans le nord de la bande de Gaza et que des frappes aériennes et de drones avaient détruit trois entrées de tunnels "où se cachaient des terroristes" aux abords du camp de Jabaliya.

Lundi, le Hamas avait accusé Israël d'avoir frappé l'hôpital indonésien, situé en bordure de ce camp, faisant 12 morts.

Selon le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qidreh, cet hôpital était toujours assiégé mardi par les chars israéliens et "50 morts gisent sur le parvis de l'établissement".

Le mouvement islamiste affirme qu'Israël mène "une guerre contre les hôpitaux" de Gaza, dont la quasi-totalité dans le nord du territoire ne fonctionne plus. 

Israël, qui occupe depuis le 15 novembre l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, accuse de son côté le Hamas de se servir des hôpitaux comme de bases militaires, enfouies notamment dans des tunnels, et d'utiliser les civils qui s'y trouvent comme des "boucliers humains", ce que le mouvement palestinien dément.

D'après l'ONU, près de 1,7 million des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre dans la bande de Gaza, soumise depuis le 9 octobre par Israël à un "siège complet" qui entraîne des pénuries d'eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d'électricité. L'aide humanitaire, dont l'entrée est soumise au feu vert d'Israël, arrive au compte-gouttes via l'Egypte, en quantité insuffisante, selon l'ONU.

Des centaines de milliers de déplacés ont fui les combats dans le nord pour se masser dans le sud, près de la frontière égyptienne, dans des conditions très précaires. 

Mardi, dans la ville de Rafah, de longues files d'hommes et de femmes attendaient une distribution de sacs de farine devant les locaux de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Les missiles ne nous ont pas tués, mais à présent nous mourons de faim et de soif", a confié à l'AFP Halima Abu Amr, une habitante de la ville, mère de jeunes enfants arrivée dès 6 heures du matin. "Ces derniers jours, nous n'avions plus rien, pas même du pain. Dans l'abri, ils ne distribuent qu'un repas tous les trois jours". 

Lors d'un sommet virtuel des pays émergents des Brics consacré au conflit, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a accusé mardi Israël de "crimes de guerre" et de "génocide" à Gaza.

le Mardi 21 Novembre 2023 à 05:03 | Lu 297 fois