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Le Hamas revendique l'attaque à Jérusalem lors d'une fragile trêve


Crédit Menahem KAHANA / AFP
Crédit Menahem KAHANA / AFP
Territoires palestiniens | AFP | jeudi 30/11/2023 - Le mouvement islamiste Hamas a revendiqué jeudi une attaque à Jérusalem qui a fait trois morts après avoir toutefois accepté de prolonger d'une journée une fragile trêve avec Israël et de relâcher plus d'otages israéliens contre des prisonniers palestiniens.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de protéger "impérativement" les civils du sud de la bande de Gaza si la trêve volait en éclats. 

Cette trêve, prévue jusqu'à 05H00 GMT vendredi, est entrée en vigueur le 24 novembre après plus de sept semaines de bombardements israéliens dévastateurs sur la bande de Gaza, en représailles d'une attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas sur le sol israélien depuis le territoire palestinien.

Ajoutant à la volatilité de la situation, trois Israéliens, dont deux femmes, ont été tués jeudi dans une attaque contre un arrêt de bus à Jérusalem-Ouest menée par deux Palestiniens affiliés au Hamas, selon la police israélienne. 

Le mouvement palestinien, considéré comme terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël notamment, s'est dit à l'origine de l'attaque.

Dans un communiqué, le Hamas a indiqué que les deux assaillants étaient membres de sa branche armée et originaires de Sour Baher, un quartier de Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël. 

La police israélienne a confirmé que les assaillants, deux frères, avaient été abattus.

Deux soldats israéliens ont parallèlement été légèrement blessés lors d'une attaque à la voiture-bélier contre un checkpoint en Cisjordanie occupée, selon l'armée.

A quelques minutes de l'expiration de la trêve jeudi, l'armée israélienne avait fait savoir que "la pause opérationnelle" allait continuer, disant avoir reçu une nouvelle "liste" de femmes et d'enfants devant être libérés plus tard.

Nouvel échange prévu 

Le Hamas avait confirmé un "septième jour" de trêve devant durer jusqu'à 05H00 GMT vendredi, tout comme le Qatar, principal médiateur avec le soutien des Etats-Unis et de l'Egypte.

Une source Hamas a de son côté indiqué à l'AFP que le mouvement islamiste libèrerait jeudi "10 Israéliens dont deux ont également la nationalité russe", dans le cadre de l'accord de trêve.

Chaque jour depuis l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu temporaire, le Hamas relâche une dizaine d'otages en échange de trois fois plus de détenus palestiniens. 

Quelques 240 personnes ont été prises en otages et emmenées dans la bande de Gaza lors de l'attaque sans précédent du 7 octobre, qui a fait environ 1.200 victimes, selon les autorités israéliennes.

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, pilonnant le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre qui a duré jusqu'au début de la trêve. 

D'après le gouvernement du Hamas, plus de 15.000 personnes, dont au moins 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont péri dans les frappes israéliennes.

- Négociations très dures -
Lors de son troisième voyage au Proche-Orient depuis le début du conflit, M. Blinken tentait de faire pression pour préserver la trêve. 

Arrivé à Ramallah, en Cisjordanie, jeudi après-midi pour rencontrer le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, il s'est entretenu plus tôt avec M. Netanyahu et avec le président israélien Isaac Herzog.

Louant auprès de ce dernier l'accord de pause qui a "donné des résultats", il a estimé que "les évènements de Jérusalem aujourd'hui nous rappellent comment Israël et les Israéliens font face au terrorisme tous les jours".

De son côté, une source du Hamas a dit à l'AFP que "les négociations ont été très dures et se sont poursuivies toute la nuit" avant la décision de prolonger la trêve.

Les otages proposés par le Hamas "sont tous vivants", a précisé cette source, ajoutant qu'Israël "avait refusé la nuit dernière une liste du Hamas incluant trois corps".

La trêve, débutée initialement pour quatre jours puis prolongée par deux fois, a permis la libération de 70 otages israéliens et de 210 prisonniers palestiniens. 

Vingt-sept étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors accord. 

Le sixième échange de prisonniers palestiniens contre des otages du Hamas et d'autres groupes affiliés a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi.

Dix otages israéliens, dont cinq binationaux (un Néerlandais, trois Allemands et un Américain), ainsi que deux Russes et quatre Thaïlandais ont été relâchés.

En échange, trente Palestiniens (16 mineurs et 14 femmes) détenus dans plusieurs prisons israéliennes ont été libérés.

"Moi, je peux respirer" 

Hadas Kalderon, mère des adolescents franco-israéliens Erez et Sahar libérés lundi, a exprimé son soulagement, sur la chaîne de télévision BFM: "moi je peux respirer, je peux sourire".

Elle appelle cependant à "lutter pour que leur père (toujours retenu en otage) puisse revenir" et déploré que ses fils aient "dû faire face à des situations qu'aucun enfant, qu'aucun adolescent, qu'aucun adulte ne devrait avoir à affronter".

L'ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU, Gilad Erdan, a assuré devant le Conseil de sécurité de l'organisation internationale que cette guerre pouvait se terminer "demain, même aujourd'hui" si "le Hamas rend tous les otages et tous les terroristes qui ont participé au massacre" du 7 octobre.

Parmi les palestiniens libérés dans la nuit figurent Ahed Tamimi, 22 ans, icône de la lutte contre l'occupation israélienne. Elle avait été arrêtée le 6 novembre pour une publication sur Instagram qui, selon des sources israéliennes, appelait au massacre des Israéliens et faisait référence à Hitler.

Sa mère Narimane, dont le mari a également été arrêté, nie qu'Ahed soit l'auteure de cette publication, ses comptes sur les réseaux sociaux étant bloqués par Israël.

Tout juste relâchée également, Lama Khater a assuré à l'AFPTV que l'officier qui l'avait libérée lui avait dit "nous pouvons vous arrêter à nouveau et la peine sera plus sévère".

"J'aurais préféré mourir" 

Si les prisonniers libérés ont été accueillis dans la joie, des affrontements ont éclaté entre Palestiniens et forces de sécurité israéliennes à l'extérieur de la prison d'Ofer, près de Ramallah, en Cisjordanie.

Un Palestinien a été tué, selon le ministère palestinien de la Santé, qui recense près de 250 Palestiniens tués par des soldats ou des colons israéliens en Cisjordanie depuis le 7 octobre.

L'accord de cessez-le-feu temporaire a accéléré l'entrée de l'aide humanitaire, mais elle "est toujours totalement insuffisante", a dénoncé mercredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, décriant "une catastrophe humanitaire monumentale".

Déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007, la bande de Gaza a été placée le 9 octobre en état de siège total par Israël.

Selon l'ONU, 1,7 million de ses 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements endommagés ou détruits.

Des milliers de déplacés ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord de la bande de Gaza, partie du territoire la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

"Si j'avais su que la vie dans le sud serait ainsi, je ne serais pas partie, j'aurais préféré mourir", confie à l'AFP Waed Taha, une Palestinienne qui a quitté au bout de deux semaines de guerre son logement du nord de Gaza.

le Jeudi 30 Novembre 2023 à 05:52 | Lu 425 fois