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La santé outre-mer à la traîne


PAPEETE, le 16 avril 2015. Des députés ultramarins demandent à l’État de s'impliquer davantage dans la politique de la santé outre-mer.


« Le système de santé des collectivités ultramarines comble progressivement son retard par rapport à l’hexagone mais reste marqué par des difficultés persistantes », note en introduction la délégation aux outre-mer. Celle-ci, composée notamment de nos trois députés polynésiens, a présenté plusieurs propositions à la ministre de la Santé Marisol Touraine dans le cadre de l'examen du projet de loi de santé qui a été adopté mardi en première lecture par l'Assemblée nationale.

La délégation met ainsi en évidence des « taux de mortalité infantile préoccupants ». « En 2012, pour quelque 50 000 naissances annuelles dans les DOM et en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, alors que le nombre d’enfants nés vivants et décédés dans l’année en métropole est de 3, il est de 4 en Nouvelle-Calédonie, de 5 à Wallis-et-Futuna, de 7 en Polynésie française, de 8 en Martinique et à La Réunion, et de 9 en Guadeloupe et en Guyane », précise le rapport.

Les députés ultramarins ont demandé à l’État de s'impliquer davantage dans la politique de la santé outre-mer. « Il conviendrait de prévoir que la stratégie nationale de santé – lorsqu’elle a été arrêtée par le Gouvernement – doit se décliner automatiquement dans un programme destiné aux Outre-mer ; ce programme sera construit autour d’un certain nombre de priorités et doté de crédits précis », indique le rapport. Bien sûr cela se fera « dans le respect » des « compétences » des différentes collectivités. « On pourra demander aux exécutifs des collectivités de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie de s’y associer », poursuit le rapport. Autre demande : « on pourrait aussi décliner le programme lié à la stratégie nationale de santé dans un volet outre-mer intégré aux contrats d’objectifs et de performances des agences sanitaires nationales qui opèrent dans les collectivités ultramarines ». En Polynésie, c'est l'Institut de veille sanitaire qui intervient.


Faut-il mettre en place des bonus et des malus ?

Lors de la discussion sur le projet de loi relatif à la santé entre la délégation aux Outre-mer et la ministre de la Santé, la députée Maina Sage a abordé « la question de la répression. J’ai constaté qu’il y avait quelques éléments concernant l’alcoolisme ». « En Polynésie, nous en venons à nous demander s’il ne faudrait pas mettre en place des bonus et des malus pour dissuader certaines pratiques et certains modes de consommation chez des malades de longue durée », a-t-elle souligné.
Autrement dit, il s'agirait de moins rembourser les personnes qui boivent. Explication: ces comportements "à risque" mettent en danger la santé et coûtent plus cher au système, ce qui justifierait une participation aux frais de santé. A l'inverse, on peut imaginer que ceux qui ne boivent pas pourrait avoir un remboursement plus favorable.

Indice de développement humain, par critère, édition 2010


L'IDH de la Polynésie progresse moins vite

L'indice de développement humain (IDH) se fonde sur quatre critères majeurs : le PIB par habitant, l'espérance de vie à la naissance, le niveau d'éducation et le niveau de vie.
Il a été mesuré outre-mer en 1990 et 2010. « Des écarts de croissance significatifs se sont manifestés au cours de la période ; la Guadeloupe figure en tête de la progression (0,93 % par an), suivie de la Martinique (0,77 % par an), de la Nouvelle-Calédonie (0,70 % par an) et de la Guyane (0,69 % par an) », note le rapport de la délégation aux Outre-mer. « En revanche, La Réunion (0,62 % par an) et surtout la Polynésie française (0,52 % par an) ont progressé moins vite. »

Rédigé par Mélanie Thomas le Jeudi 16 Avril 2015 à 17:36 | Lu 1013 fois