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La lettre du CEPF du 03 juin 2010

Edito : Redressement des finances publiques et sociales : il est temps d’avoir le courage de passer aux actes

« Le redressement des finances publiques est le défi majeur auquel nous devons faire face. De la réponse que nous y apporterons dépendra en grande partie la pérennité de notre modèle économique et social ». Ce constat grave prononcé par le Président de la République début janvier 2010, donnait un signal politique fort sur l’impérieuse nécessité de réduire les dépenses publiques, et à terme l’endettement de la France.


Si la nécessité de résorber la dette publique est devenue patente et urgente, en revanche les mesures de maîtrise de cette dette apparaissent quant à elles bien plus difficiles à faire accepter et à appliquer. La Grèce vient d'en faire la cruelle expérience : le financement de la dette publique au travers d’une remise en cause d’acquis sociaux ayant été à l’origine de manifestations populaires de protestation très violentes.

Cependant et par crainte de la sanction des marchés financiers si leurs dettes venaient à déraper, plusieurs pays européens et non des moindres ont également du se mettre à l’heure de la rigueur en l’espace de quelques jours, sans pour autant créer des levées brutales de boucliers.

Ce qui ressemble clairement à une prise de conscience générale résulte certainement de la méthode qui a consisté à associer dans la réflexion l’ensemble des acteurs de dépense pour mieux les responsabiliser, les conclusions des états généraux pourraient ici jouer ce rôle.

Il en résulte des plans d’austérité nationaux qui font tous appel aux mêmes remèdes: gel ou baisse des salaires dans le secteur public, allongement des durées de travail, gel de la revalorisation des retraites, hausse de 1 à 2 points des taux de TVA portant ceux-ci jusqu’à 23%, … L'Angleterre, l’Espagne, le Portugal, l'Italie, la France… il sera bientôt banal de faire partie de la liste les pays qui ont décidé de réduire leur train de vie en allant jusqu’à diminuer les salaires et les dépenses de leurs ministres, députés, élus locaux et autres dirigeants d’entreprises publiques.

La Polynésie française peut-elle se payer le luxe de ne pas imiter ces illustres exemples? Surement pas! Elle n’échappe pas à cette problématique et ne peut plus faire l’économie d’un plan de rigueur drastique et urgent. Il appartient au gouvernement d’initier et à la classe politique toute entière de soutenir un véritable programme d’austérité. Tous les éléments et les expériences acquises par les autres pays sont à leur disposition pour passer aux actes.

Le constat accablant du déficit public (13 milliards de F CFP pour la seule année 2009) et de la dette sociale issue du déficit de l’assurance maladie (13 milliards de F CFP)n’est plus à faire. Des audits ont été réalisés, des rapports édifiants ont été publiés par la Cour des Comptes. Des concertations ont été menées avec les partenaires sociaux et des mesures d’urgence ont été proposées il y a maintenant plus de six mois, notamment par le CEPF, portant sur un processus en deux étapes de rétablissement des équilibres financiers puis de réforme du système de protection sociale généralisée.

Sortir des paradis artificiels de la dette publique et de la dette sociale est devenue une ardente obligation qui s’adresse à toute la population polynésienne et à elle seule. Une exigence à la fois morale et de responsabilité qui concerne tous les acteurs de dépense et doit conduire certains à cesser de camper sur des postures traditionnelles de défense des droits acquis ou des droits-créances. Il y va aussi de la préservation des intérêts des générations futures.
L’heure n’est plus aux discussions et à la concertation mais d’avoir le courage de passer aux actes.



Rédigé par Bruno BELLANGER 1er Vice-président le Mercredi 2 Juin 2010 à 20:32 | Lu 356 fois