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La filière coco à la recherche d’un avenir rentable


PAPEETE, 15 octobre 2015 - L’assemblée a validé le compte financier 2014 de la Caisse de soutien des prix du coprah, jeudi matin, après avoir longuement débattu de la situation d’un secteur d’activité coûteux alors que la filière coco se cherche encore un avenir.

A l’ordre du jour de la séance plénière de jeudi, la délibération portant approbation du compte financier de la Caisse de soutien des prix du coprah (CSPC) et affectation de son résultat a été adoptée à l’unanimité par la représentation polynésienne.

Le montant définitif des recettes de cette Caisse de soutien en 2014 est arrêté à 2,15 milliards Fcfp et celui des dépenses à 2,1 milliards Fcfp. Le résultat global de l’établissement est bénéficiaire de 14,2 millions Fcfp. Ce résultat est affecté au fonds de roulement qui passe de 279,6 millions en début d’exercice à 293,8 millions Fcfp à la clôture de l’exercice budgétaire 2014.
La collectivité a recensé l’an dernier 10974 coprahculteurs essentiellement dans les archipels des Tuamotu et des Marquises.

La CSPC est un fonds public qui a pour objet de soutenir les prix du coprah en vue d’assurer des revenus stables aux producteurs de coprah. La S.A. Huilerie de Tahiti a obligation d’acheter comptant aux coprahculteurs l’intégralité du coprah produit en Polynésie française à prix fixé (140 Fcfp le kilo de coprah lorsqu'il est de première qualité, de 55 à 65 Fcfp lorsqu'il est de qualité moindre). Cette marchandise est pressée pour en extraire l’huile de coprah puis essentiellement vendue à l’export, mais à perte. La Caisse compense les pertes d’exploitation de l’Huilerie. Ce système a été mis en place en 1967 et maintenu depuis afin de fixer les populations dans les archipels en leur donnant l’opportunité d’une activité rémunératrice… mais largement subventionnée.

Depuis plusieurs années, les volumes traités par l’Huilerie sont en constante augmentation tout comme l’effectif des coprahculteurs, qui a bondi de près de 10% en l’espace de deux ans pour atteindre près de 11 000 personnes en 2014. Parallèlement la production devrait passer de 11 200 tonnes en 2012 à 14 600 tonnes fin 2015, soit en dépassement de 17% par rapport aux 12 900 tonnes prévues et compensées par la dotation pour cette année. La production devrait franchir les 16 000 tonnes en 2016. Ces statistiques en forte progression sont sans doute liées au caractère "refuge" de ce secteur d’activité , en temps de crise. Une qualité qu’a reconnu le représentant Tahoera’a Thomas Moutame en évoquant un "secteur pourvoyeur d’emplois et de revenus".

Un problème se pose cependant en Polynésie. Si l’activité liée à l’exploitation de la cocoteraie est nécessaire aujourd’hui au maintien d’un certain équilibre démographique de la collectivité, lorsqu’elle n’est tout simplement pas indispensable à des milliers de familles pour lesquelles elle représente une source indispensable de revenus, La monoculture de coprah n'existe que grâce aux deniers publics. L’huile produite en Polynésie est vendue à perte, compte tenu des coûts pratiqués.

La CSPC 2015 à compléter au plus vite

La problématique a indirectement été abordée jeudi à l’assemblée, sous l’angle d’une diversification de l’activité de la filière coco. "Où en est la volonté politique de soutenir le secteur primaire ? Existe-t-elle vraiment ?", a interpellé le représentant souverainiste Vito Maamaatuaiahutapu, en constatant que trois ministres se sont succédé à l’Agriculture en l’espace de 2 ans et demi depuis mai 2013 et en rappelant les propos d’Edouard Fritch qui avait déclaré son intérêt pour une diversification de la filière coco. Le représentant UPLD est même allé jusqu’à évoquer la création d’un ministère du cocotier.

La représentante Tapura Virginie Bruant a souligné qu’il serait "compliqué de soutenir indéfiniment cette caisse et il nous appartient de trouver une solution viable pour assurer l’avenir de la filière coco", en appelant à une réflexion la plus large possible. Teva Rohfritsch lui a répondu indirectement en constatant que "les tiroirs de l’administration sont pleins de rapports, dont certains remontent aux années 80. Les pays d’Asie ont largement étudié et mis en pratique. Ils sont aujourd’hui en exploitation. Ne réinventons pas l’eau chaude. Allons voir ce qui se passe ailleurs. Et sortons de ce couloir où nous sommes enfermés entre Tahiti et Paris, alors que l’économie se passe tout autour de nous". Le ministre de l’Economie annonce une participation active de ses équipes pour la définition d’une approche économique de l’agriculture fondée sur "un écosystème vertueux". Cela passera-t-il par la réorientation du secteur vers la production d'huile vierge de coco, la valorisation du bois de cocotier, le développement d'une gamme de produits dérivés ? L'huile vierge semble en vogue mais "il n'existe à ma connaissance aucune étude marketing sérieuse", a observé le ministre de l'Economie.

En attendant, le gouvernement doit se préparer dans l’urgence à trouver les 300 millions Fcfp qui font défaut pour faire face à la production prévisionnelle de coprah que devra absorber l’Huilerie d’ici la fin 2015 : "et on ne peut pas parier sur un éventuel cyclone", a dit Teva Rohfritsch : "il est important que nos populations des îles soient payées". Il a annoncé une "réunion en urgence" dès le retour d’Edouard Fritch de Paris, dimanche, pour prévoir un complément de dotation à la CSPC.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 15 Octobre 2015 à 15:39 | Lu 1444 fois
           



Commentaires

1.Posté par macox le 15/10/2015 22:16 | Alerter
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Biodiesel pour les îles éloignées si les grands pétroliers le veulent bien!!!!!!!!!!

2.Posté par SIRE le 16/10/2015 00:25 | Alerter
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Au passage, il faut rappeler que la convention d'achat du coprah s'arrête en 2017.


"et on ne peut pas parier sur un éventuel cyclone" :

traduction, si dieu existe fait s'abattre un cyclone sur les tuamotu comme ça il n'y aura plus de cocotiers et je n'aurais pas à acheter la production de coprah la prochaine fois.

"il n'existe à ma connaissance aucune étude marketing sérieuse" : je ne savais pas que le ministre de l'économie validait les business plan des entreprises privées. Drôle de gouvernance, Monsieur 10% aurait-il enfanté de Monsieur 5%

3.Posté par circonspect le 16/10/2015 04:59 | Alerter
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Il faut continuer, continuer de soutenir les coprahculteurs de plus en plus nombreux.
Le coprah Polynésien sera toujours trop cher mais cela est mieux que d'avoir une caisse de chômage !
Il y a de moins en moins de travail dans les Tuamotu et les îles,
faire du coprah c'est digne c'est mieux que d'être payé a rien faire ou planter du paka !

4.Posté par SIRE le 16/10/2015 09:18 | Alerter
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Moi je veux bien être Ministre des cocotiers, sans censure

5.Posté par Kmille le 16/10/2015 11:44 | Alerter
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il y a juste besoin de diversifier ...tuamotu production de coprah, et les iles sous le vent production de charbon avec le falcata...creation de compost broyage etc....faut pas que tout le monde se refugie sous les cocos uniquement...le jour ou ca doit s arreter..., (on peut pas vendre a perte pour toujours) les gens doivent diversifier...l agriculture variee vaste... il faut arreter d importer toute notre bouffe....

6.Posté par coyote le 16/10/2015 12:48 | Alerter
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coprahculteur = fonctionnaire en fait :)

7.Posté par pif paf le 17/10/2015 00:11 | Alerter
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ou comment mettre la rentabilité avant l'humain !
on pourrait aussi dire que l'éducation n'est rentable que pour ceux qui obtiennent un diplôme, et laisser les autres sur le carreau.

8.Posté par pif paf le 17/10/2015 00:13 | Alerter
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@coyote :
plutôt fonctionnaire = copraculteur
J'ai souvent entendu dire que nombres de fonctionnaires avaient un cocotier dans la main !