Tahiti Infos

« La compagnie des archipels » de Jacques Navarro : Une brigade pas comme les autres


« La compagnie des archipels », documentaire en compétition de Jacques Navarro a suscité l’intérêt d’un public venu nombreux lors de sa projection suivie d’une rencontre avec le réalisateur. C’est la chronique de 8 gendarmes, 4 Métropolitains et 4 Polynésiens - dont 2 femmes - assignés aux affaires judiciaires des Tuamotu, territoire de la taille de l’Europe. On découvre au travers de leur quotidien une proximité exceptionnelle avec les populations locales.
« On fait notre job » dit l’un d’entre eux au début du documentaire, mais leur travail est résolument à l’antipode des gendarmes de Tahiti et de France. Un documentaire frais, loin des banlieues, dans un paradis qui n’empêche pas les problèmes sociaux parfois dramatiques. « Quand les gendarmes sont là c’est calme » témoigne un habitant. Pendant 1 an et demi Jaques Navarro a suivi cette brigade pas comme les autres. Polyvalente, elle doit faire face aux conflits familiaux, à l’inceste, lutter ou plutôt contenir la prolifération de paka mais aussi faire passer le permis de conduire voire servir de notaire à l’occasion. Sous l’œil amusé du réalisateur les spectateurs découvrent que faire appliquer la loi dans les îles du bout du monde peut paraitre parfois surréaliste.
Ces héros du quotidien ont acquis l’art de comprendre et de démêler les conflits. Un exercice délicat toujours réalisé avec humour et dignité ; des interventions pleines d’ironie où le cultivateur de paka aide les gendarmes à détruire ses plants. A la messe comme pendant les interrogatoires, la présence de la caméra semble avoir été oubliée par la population et les gendarmes eux-mêmes. « La compagnie des archipels », l’envers du décor d’un paradis où le temps passe sereinement et pourtant…

FIFO : « Comment est venue l’idée de ce documentaire avec ces gendarmes ?
Jaques Navarro : « Lors d’un précédent tournage à Makatea, j’avais déjà rencontré deux des gendarmes, avec une journaliste des Nouvelles, Khadidja Benouataf, qui a lancé l’idée de ce documentaire et préparé le terrain. Cela a pris du temps entre l’idée et le tournage - en tout 4 ans - et il a fallu du temps pour obtenir les autorisations. Sur place ils avaient beaucoup d’autonomie, ils dorment et mangent chez l’habitant, et comme ils sont très peu nombreux dès qu’il se passe quelque chose tout le monde est au courant. C’était intéressant car ça donne une image différente de la gendarmerie, beaucoup portée sur l’humain, sur la compréhension des choses. Mais à la base je ne voulais pas faire un film à la gloire des gendarmes. J’avais 18 ans pendant Mai 68, donc bon. Mais j’ai été confronté à des gens qui appliquaient la loi avec discernement, qui rendaient un vrai service public, sur les valeurs républicaines, c’est ça que je voulais montrer. »

FIFO : « Est-ce que l’objectif était de montrer la nécessité des gendarmes dans ces îles ? »
Jaques Navarro : « L’idée de ce documentaire était de rendre compte des choses que vivait cette brigade, il n’y a pas un seul commentaire dans ce film, les situations suffisent à elles mêmes. On voulait montrer une réalité qui a des spécificités, on l’aura compris. Quand ils sont en mission ils partent toujours à deux et ce qu’il était intéressant de montrer aussi c’est leur fonctionnement. Un popa’a et un Polynésien, pour une raison simple et facile à comprendre. L’un pour la langue bien sûr mais en revanche le Polynésien peut avoir de la famille, être pris à partie, donc il y a toujours un popa’a pour avoir ce recul nécessaire à l’exercice de faire appliquer la loi. »

FIFO : « C’est aussi un film où l’on rigole beaucoup, pourtant il y a des situations dramatiques également. Est ce que tu t’es autocensuré pour garder ce fil humoristique ? »
Jaques Navarro : « S’il y a de l’humour dans le film c’est parce qu’il y a de l’humour dans les situations que j’ai filmées. L’autocensure, alors là non. Par contre il y a bien sûr le choix du réalisateur car on a une centaine d’heures d’images. Il faut choisir, le film ne fait que 52 minutes. Ce sont des choix artistiques et des choix par rapport au regard que je porte, que porte Julien Mart , le monteur à qui je rend hommage. Je pense que l’humour sert aussi les scènes plus graves car elles ressortent encore plus graves. Ca nous tombe sur la tête. »

Rédigé par communiqué AFIFO le Jeudi 6 Février 2014 à 05:26 | Lu 1392 fois
           



Commentaires

1.Posté par emere cunning le 06/02/2014 09:40 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

"Mais, A LA BASE, je ne voulais pas faire un film à la gloire des gendarmes."
Ben alors, nous aimerions voir ça...oupsss sorry man, nous aimerions voir vos "héros du quotidien".

2.Posté par lou le 06/02/2014 12:15 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@emere: je ne comprends pas ta critique. Reproches-tu à Jacques Navarro de ne pas avoir fait un film d'ancien soixanthuitard? J'ai déjà vu deux fois ce documentaire, je l'ai trouvé techniquement excellent (belles images), humainement juste (intéressant et émouvant), pas tendancieux... Explique.

3.Posté par jacques Navarro le 06/02/2014 13:23 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Je précise que l'expression "héros du quotidien" n'a jamais été employée par moi, mais par les journalistes...
Mais quoiqu'il en soit, je préfère avoir à faire à ce type de gendarmes que par exemple, disons... au GIP pour ne citer qu'eux...

4.Posté par lou le 06/02/2014 21:56 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Excellente réponse Jacques Navarro... et elle en pense quoi Emere?

5.Posté par emere cunning le 06/02/2014 22:49 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@lou, tu as vraiment besoin d'un petit dessin? Dis-moi juste, quelle personne pourrait bien avoir l'idée de donner une mauvaise image d'elle à la lumière des projecteurs? Quel intérêt quand la vérité est tout autre les 3/4 du temps? "Ils expliquent la loi avec discernement" ? Pour avoir eu à faire à nombre d'entre eux et à maintes reprises, ils n'expliquent rien du tout EN TEMPS NORMAL (à deux exceptions près). Déjà, ils ont le don d'agacer rien qu'avec cette manière qu'ils ont de vous toiser, de vous réclamer vos papiers d'un mot : "papiers" alors qu'un petit svp ne coûte rien (pas fait pour les chiens), etc. Il m'est même arrivé d'inviter le gendarme tahitien à approcher pour entendre le baratin de son collègue ; il s'est fâché parce que j'ai parlé en tahitien qu'il ne comprenait pas (of course), et le tahitien s'est éloigné en baissant les yeux. Bref, il y en aurait à dire, hélas. Je dois avouer qu'ils font des progrès et sont plus RESPECTUEUX comme les valeurs de la république l'exigent d'eux. On ne demande rien de plus.

6.Posté par Tamanu le 07/02/2014 09:29 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Toujours de très bons reportages, ce monsieur !
Tout comme son confrère, Alex LICHTLE (TNTV)

7.Posté par emere cunning le 07/02/2014 10:59 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@lou,
monsieur Jacques Navaro peut toujours calomnier, ce qu'en pense Emere a été censuré.(merci au passage à Tahiti-Infos). C'est dingue, il y a des héros que l'on peut encenser à longueur de temps, de journal télévisé. Et il y en a d'autres qui se sont démenés pour nos populations AU VU ET AU SU DE TOUS, mais on peut salir à loisir. Où est le problème? La "milice rouge" de Gaston Flosse, c'est bien comme ça que certains médias les appelaient pour se donner à tous (Oscar en tête de file) une bonne raison de les descendre, ET de les ré-expédier en taule, ils y sont tellement mieux. Et ça a bien marché, ET ça marchera toujours. CALOMNIEZ, CALOMNIEZ, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE.

8.Posté par Jacques Navarro le 07/02/2014 11:11 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Si vous n'avez pas compris que dans ce film je parle exclusivement de cette brigade de 8 gendarmes (la BTTC, pour Tuamotu Centre) et que j'y souligne les différences avec les autres gendarmes (ils le déclarent eux mêmes d'ailleurs) et que leurs méthodes n'ont absolument rien à voir avec celles des gendarmes de Tahiti ou Moorea que vous décrivez, c'est que soit vous n'avez pas vu le film, soit vous brouillez les cartes à dessein en faisant un amalgame déshonnête (mais rassurez-vous, je connais la chanson) , soit c'est plus embêtant...

Sachez enfin qu'il y a bien longtemps que j'ai passé l'âge de me cacher derrière qui que ce soit. Que vous n'aimiez pas le film est votre droit le plus absolu, un film dès lors qu'il est diffusé n'appartient plus à son réalisateur mais au public. Mais de grâce ne détournez pas mes propos, je suis comme tout le monde, je n'ai pas d'affinités particulières avec les forces de police en général, mais ces gendarmes là, je n'en ai pas rencontré beaucoup dans ma vie et ils vont plutôt dans le sens de votre "On ne demande rien de plus".
Point barre!

9.Posté par Jacques Navarro le 07/02/2014 11:55 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Je n'ai calomnié personne, ce n'est pas dans mes habitudes, relisez-moi. Je n'en dirais pas autant de certains de vos commentaires que j'ai pu lire à droite à gauche. C'est vraiment l'hôpital qui se moque de la charité!...
J'arrête là cet échange, qui d'ailleurs n'en est pas.

10.Posté par lou le 07/02/2014 12:21 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Emere, tu pars au quart de tour ! Navarro a le droit de préférer "ses" gendarmes" aux GIP. Et il n'est pas le seul. Y'a pas de quoi nous chanter le grand air de la calomnie.
A propos de GIP, c'est toi qui a inventé l'expression "milice rouge" ? Pas mal, ça va rester.

11.Posté par emere cunning le 07/02/2014 17:10 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@lou, navarro,
et moi, qu'ai je dit de si offusquant, sinon que j'aimerais bien voir vos héros du quotidien !
Une trouvaille des journalistes? Je vous répète, relisez vous monsieur Navarro :
"faire appliquer la loi dans les îles du bout du monde peut paraitre parfois SURREALISTE"; "c’était intéressant car ça donne une image différente de la gendarmerie, beaucoup portée sur l’humain, sur la compréhension des choses"; "à la base je ne voulais pas faire un film à la gloire des gendarmes" ; "mais j’ai été confronté à des gens qui appliquaient la loi avec discernement, qui rendaient UN VRAI SERVICE PUBLIC, sur les valeurs républicaines"; " DONC, il y a TOUJOURS UN POPAA POUR AVOIR CE RECUL NECESSAIRE A L'EXERCICE DE FAIRE APPLIQUER LA LOI" et bla, et bla, et bla.

12.Posté par emere cunning le 07/02/2014 17:45 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@lou, Navarro, y'a vraiment pas besoin de lire entre les lignes. Juste enregistrer qu'il n' y a que le popaa pour avoir le recul nécessaire pour faire appliquer la loi et les valeurs républicaines, agir avec discernement, rendre un vrai service public and so on. Vous vous croyez où là? Et vous voudrez bien m'autoriser y voir de la calomnie.
Quant à votre allusion (p 3) aux "GIP pour ne citer qu'eux", ne venez pas EN PLUS me conter qu'elle est innocente. Libres à vous de filmer vos héros cocoricoter sous vos projecteurs, libre à moi de vouloir voir ça, quand mon quotidien est tout autre. ET d'admirer ces GIP qui ont, eux aussi, rendu un VRAI service public, ici, partout, de jour, de nuit, par les pires temps et cyclones, ne vous déplaise. D'autant plus admirables qu'ils ne sont pas comme vos héros, logés, nourris, véhiculés et blanchis, retraite garantie etc.
Quant à la "milice rouge", lou, sûrment pas de mon invention, il faut être bien trop vicieux pour leur coller cette étiquette.

13.Posté par lou le 07/02/2014 19:46 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@Puisque Jacques Navarro ne veux plus débattre - et je le comprends - je prends sa défense, car je pense qu'il ne mérite ni tes reproches ni tes sous-entendus, qui me semblent des procès d'intention à la limite du "racisme" anti-popaa.
D'abord, ne fais pas l'innocente en écrivant "qu'ai-je dit de si offusquant" alors que ton précédent message commençait par "Jacques Navaro peut toujours calomnier". Calomnier, c'est grave. Pouvanaa a Oopa en a durement souffert.
Ensuite, dire qu'un gendarme popaa a le recul nécessaire pour faire appliquer la loi, cela n'a rien de choquant, c'est la réalité du terrain. C'est la même chose en Métropole. Le gendarme qui n'est pas du coin est plus objectif et il n'est pas tenté par une solidarité ethnique ou régionale. Et c'est la même chose dans le sport, pour le choix des arbitres.