Kazuhiro NOGI / AFP
Tokyo, Japon | AFP | mardi 15/12/2025 - La Banque du Japon devrait relever vendredi son taux directeur au plus haut depuis 30 ans, perspective qui fait tanguer le marché de la dette nippone, déjà agité par un colossal plan de relance de Tokyo et les doutes sur sa discipline budgétaire.
Exportations plombées par l'offensive douanière américaine, consommation atone... l'équation se complique pour la quatrième économie mondiale, dont le PIB a reculé de 0,6% en juillet-septembre par rapport au trimestre précédent (chiffre révisé).
Pourtant, selon les experts sondés par Bloomberg, la banque centrale japonaise (BoJ) devrait relever ses taux à 0,75% vendredi --au plus haut depuis 1995-- pour contrer une inflation persistante, qui a accéléré à 3% en octobre, et enrayer l'affaiblissement du yen.
Ouvertement esquissé par le gouverneur Kazuo Ueda, ce sera le premier resserrement monétaire de l'institution depuis janvier. La BoJ avait entamé la remontée de ses taux en mars 2024 après une décennie de politique ultra-accommodante.
Kazuo Ueda a notamment expliqué que l'impact des droits de douane américains sur les exportateurs nippons était pour l'heure maîtrisé.
Mais "cette urgence (à remonter les taux) découle de la prise de conscience que la fenêtre de tir pour un relèvement se refermera dès que les vents contraires sur l'économie s'intensifieront" avec l'impact grandissant des taxes douanières, commentent les experts de BMI (Fitch Solutions).
Face aux attentes d'un durcissement des taux, les rendements des obligations souveraines nippones à échéance 30 ans ont atteint début décembre un sommet historique, et les taux à 10 ans ont grimpé la semaine dernière au plus haut depuis 19 ans.
Explication: les investisseurs anticipent des paiements d'intérêt futurs plus élevés, ce qui rend les obligations existantes à plus faible rendement moins attractives. Et la BoJ, en durcissant sa politique monétaire, réduit ses propres rachats de dette --amenuisant encore la demande de titres.
Conséquence d'un moindre appétit, le prix des obligations japonaises chute, et leur rendement -évoluant en sens inverse-- s'envole.
-Endettement accru-
Or, le marché obligataire tangue aussi en raison de l'endettement nippon.
Pour relancer les dépenses des ménages face à la hausse des prix, la Première ministre Sanae Takaichi a annoncé en novembre un plan de relance massif de 117 milliards d'euros, avec chèques aux parents et subventions énergétiques.
Le tout financé par un budget supplémentaire, au prix d'un alourdissement de la dette déjà pharaonique du pays, laquelle devrait dépasser 232% du PIB en 2025 selon le Fonds monétaire international.
Les inquiétudes sur la discipline budgétaire nippone ont aussitôt fait grimper les rendements obligataires, contrepartie de risques jugés accrus.
L'agence Fitch Ratings a signalé les dangers pour la note financière A de l'archipel, dont l'endettement représente "le principal point faible" sur fond de "faibles perspectives de croissance et de vieillissement démographique".
"Le rôle du marché de dette nipponne, deuxième marché obligataire souverain en taille après les États-Unis, comme fournisseur de liquidité mondiale et amortisseur de la volatilité va diminuer", avertissent les experts d'Allianz.
-"Pente glissante"-
Mme Takaichi s'est défendue, assurant vouloir mener une politique budgétaire "proactive et responsable". "Mais aucune mesure concrète n'est présentée pour démontrer cette posture +responsable+", juge Takahide Kiuchi, du Nomura Research Institute.
"La réaction des marchés est (...) un signal d'alerte." Si le gouvernement Takaichi continue sur cette lignée en 2026, "les inquiétudes sur la dégradation des finances publiques pourraient dégénérer en crise majeure, avec chute des actions, du yen, des obligations", s'alarme-t-il dans une note.
Au risque "d'effacer les gains" du plan de relance, de "faire monter les prix" et "compromettre la stabilité économique et financière à moyen et long terme. C'est la faiblesse et la contradiction de la politique menée".
D'autant que les rendements obligataires sont depuis longtemps "maintenus artificiellement bas" par d'importants rachats de dette de la BoJ, précise Robin Brooks, de la Brookings Institution, avec pour conséquence de plomber la valeur du yen.
Certes, un durcissement monétaire devrait soutenir le yen à court terme.
Mais "relever les taux pour contrer la faiblesse du yen est une pente glissante: cela freine aussi les dépenses des entreprises et des ménages", prévient Stefan Angrick, de Moody’s Analytics.
Au final, les mesures de relance "auront probablement un impact limité sur la croissance" et pourrait doper l'inflation, tandis qu'"une combinaison explosive de rendements obligataires en forte hausse et d'une chute brutale du yen déclencherait une grave perturbation financière", s'inquiète Shigeto Nagai, d'Oxford Economics.
Exportations plombées par l'offensive douanière américaine, consommation atone... l'équation se complique pour la quatrième économie mondiale, dont le PIB a reculé de 0,6% en juillet-septembre par rapport au trimestre précédent (chiffre révisé).
Pourtant, selon les experts sondés par Bloomberg, la banque centrale japonaise (BoJ) devrait relever ses taux à 0,75% vendredi --au plus haut depuis 1995-- pour contrer une inflation persistante, qui a accéléré à 3% en octobre, et enrayer l'affaiblissement du yen.
Ouvertement esquissé par le gouverneur Kazuo Ueda, ce sera le premier resserrement monétaire de l'institution depuis janvier. La BoJ avait entamé la remontée de ses taux en mars 2024 après une décennie de politique ultra-accommodante.
Kazuo Ueda a notamment expliqué que l'impact des droits de douane américains sur les exportateurs nippons était pour l'heure maîtrisé.
Mais "cette urgence (à remonter les taux) découle de la prise de conscience que la fenêtre de tir pour un relèvement se refermera dès que les vents contraires sur l'économie s'intensifieront" avec l'impact grandissant des taxes douanières, commentent les experts de BMI (Fitch Solutions).
Face aux attentes d'un durcissement des taux, les rendements des obligations souveraines nippones à échéance 30 ans ont atteint début décembre un sommet historique, et les taux à 10 ans ont grimpé la semaine dernière au plus haut depuis 19 ans.
Explication: les investisseurs anticipent des paiements d'intérêt futurs plus élevés, ce qui rend les obligations existantes à plus faible rendement moins attractives. Et la BoJ, en durcissant sa politique monétaire, réduit ses propres rachats de dette --amenuisant encore la demande de titres.
Conséquence d'un moindre appétit, le prix des obligations japonaises chute, et leur rendement -évoluant en sens inverse-- s'envole.
-Endettement accru-
Or, le marché obligataire tangue aussi en raison de l'endettement nippon.
Pour relancer les dépenses des ménages face à la hausse des prix, la Première ministre Sanae Takaichi a annoncé en novembre un plan de relance massif de 117 milliards d'euros, avec chèques aux parents et subventions énergétiques.
Le tout financé par un budget supplémentaire, au prix d'un alourdissement de la dette déjà pharaonique du pays, laquelle devrait dépasser 232% du PIB en 2025 selon le Fonds monétaire international.
Les inquiétudes sur la discipline budgétaire nippone ont aussitôt fait grimper les rendements obligataires, contrepartie de risques jugés accrus.
L'agence Fitch Ratings a signalé les dangers pour la note financière A de l'archipel, dont l'endettement représente "le principal point faible" sur fond de "faibles perspectives de croissance et de vieillissement démographique".
"Le rôle du marché de dette nipponne, deuxième marché obligataire souverain en taille après les États-Unis, comme fournisseur de liquidité mondiale et amortisseur de la volatilité va diminuer", avertissent les experts d'Allianz.
-"Pente glissante"-
Mme Takaichi s'est défendue, assurant vouloir mener une politique budgétaire "proactive et responsable". "Mais aucune mesure concrète n'est présentée pour démontrer cette posture +responsable+", juge Takahide Kiuchi, du Nomura Research Institute.
"La réaction des marchés est (...) un signal d'alerte." Si le gouvernement Takaichi continue sur cette lignée en 2026, "les inquiétudes sur la dégradation des finances publiques pourraient dégénérer en crise majeure, avec chute des actions, du yen, des obligations", s'alarme-t-il dans une note.
Au risque "d'effacer les gains" du plan de relance, de "faire monter les prix" et "compromettre la stabilité économique et financière à moyen et long terme. C'est la faiblesse et la contradiction de la politique menée".
D'autant que les rendements obligataires sont depuis longtemps "maintenus artificiellement bas" par d'importants rachats de dette de la BoJ, précise Robin Brooks, de la Brookings Institution, avec pour conséquence de plomber la valeur du yen.
Certes, un durcissement monétaire devrait soutenir le yen à court terme.
Mais "relever les taux pour contrer la faiblesse du yen est une pente glissante: cela freine aussi les dépenses des entreprises et des ménages", prévient Stefan Angrick, de Moody’s Analytics.
Au final, les mesures de relance "auront probablement un impact limité sur la croissance" et pourrait doper l'inflation, tandis qu'"une combinaison explosive de rendements obligataires en forte hausse et d'une chute brutale du yen déclencherait une grave perturbation financière", s'inquiète Shigeto Nagai, d'Oxford Economics.


































