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Israël bombarde Gaza, sa réponse à l'attaque iranienne se fait attendre


Crédit AFP
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Territoires palestiniens | AFP | lundi 15/04/2024 - L'armée israélienne a lancé lundi des frappes meurtrières sur la bande de Gaza ravagée par plus de six mois de guerre, à l'heure où le monde attend la réponse d'Israël à l'attaque sans précédent menée par l'Iran, qui a aggravé les risques d'un embrasement régional.

Cette première attaque directe de l'Iran contre le territoire israélien a été lancée en riposte à une frappe contre le consulat iranien à Damas le 1er avril, imputée à Israël, qui a tué sept membres des Gardiens de la Révolution.

Israël a annoncé avoir déjoué, en "coalition" avec ses alliés, cette attaque massive menée pendant la nuit de samedi à dimanche avec 350 drones et missiles, dont la quasi-totalité a été interceptée. 

Dans la foulée, l'Iran a dit considérer "l'affaire close" et mis en garde Israël, son ennemi juré, contre tout "comportement imprudent" qui déclencherait une réaction "bien plus forte" de sa part.

Alors qu'Israël, sous très forte pression internationale, fait attendre sa décision sur une éventuelle riposte, les appels à la désescalade se multiplient afin d'éviter un embrasement dans une région "au bord du précipice", selon l'ONU.

Les Etats-Unis ont affirmé ne pas vouloir "d'une guerre étendue avec l'Iran" tout en renouvelant leur soutien "inébranlable" à Israël, malgré les tensions nées de l'offensive meurtrière en cours dans la bande de Gaza.

Washington ne veut pas d'"escalade" avec l'Iran mais continuera à "défendre Israël", a encore assuré lundi le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken.

"Nous ne soutenons pas une frappe en représailles", a déclaré lundi le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, à la BBC. Le président français Emmanuel Macron a appelé à éviter un "embrasement" régional.

Le cabinet de guerre israélien présidé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est réuni lundi à Tel-Aviv, après une première réunion dimanche qui s'est terminée sans aucune décision, selon les médias qui ont fait état de divisions internes.

"Sauver nos otages" 

L'armée israélienne a affirmé que l'attaque iranienne ne la ferait pas dévier de ses objectifs face au Hamas, allié de l'Iran, cible de son offensive dans la bande de Gaza.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée le 7 octobre par le mouvement islamiste depuis Gaza, qui a fait 1.170 morts, en majorité des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 33.797 morts dans le territoire palestinien, dont 68 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Même quand nous étions attaqués par l'Iran, nous n'avons pas perdu de vue, pas un seul instant, notre mission essentielle à Gaza, qui consiste à sauver nos otages des mains du Hamas, mandataire de l'Iran", a déclaré dimanche le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, en annonçant l'envoi prochain de deux brigades de réserve à Gaza.

Lundi avant l'aube, des dizaines de raids israéliens ont frappé le secteur de Khan Younès, dans le sud de l'étroite bande de terre. Dix-huit corps y ont été récupérés sous les décombres et transférés dans un hôpital, a affirmé la Défense civile.

Benjamin Netanyahu veut surtout lancer une offensive terrestre contre Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza, qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas et où selon l'armée des otages sont détenus.

Et ce malgré les mises en garde de la communauté internationale, qui redoute un bain de sang dans cette ville devenue un refuge pour un million et demi de Palestiniens, la plupart des déplacés ayant fui la guerre ailleurs dans le territoire.

Dimanche, à la suite d'une fausse rumeur selon laquelle l'armée autorisait les déplacés à retourner dans le nord de Gaza, des milliers d'entre eux ont pris le chemin du retour. 

"Même si ma maison a été détruite, je veux retourner là-bas. On ne respire plus à Rafah. C'est terrible", a raconté à l'AFP une déplacée, Basma Salman.

L'armée a démenti la rumeur, affirmant que "le nord de la bande de Gaza reste une zone de combat".

"Au bord du précipice" 

La guerre à Gaza a fait monter les tensions entre Israël et l'Iran, ennemis depuis la révolution iranienne de 1979.

La République islamique appelle à la destruction d'Israël mais s'était gardée jusqu'à présent de l'attaquer frontalement. Les deux pays avaient l'habitude de s'affronter par tiers interposés, comme le Hezbollah libanais et les rebelles yéménites houthis, alliés de l'Iran.

Lundi, le Hezbollah a affirmé avoir fait exploser des engins au passage de soldats israéliens entrés au Liban. L'armée a confirmé que plusieurs soldats israéliens avaient été blessés en territoire libanais.

"Le Moyen-Orient est au bord du précipice. Les populations de la région font face à un vrai danger de conflit généralisé dévastateur. C'est le moment de la désescalade", a déclaré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dimanche devant le Conseil de sécurité.

Il a condamné à la fois l'attaque iranienne et la frappe contre le consulat iranien.

L'ambassadeur israélien à l'ONU, Gilad Erdan, a appelé le Conseil de sécurité à "imposer toutes les sanctions possibles contre l'Iran". L'ambassadeur d'Iran, Amir Saeid Iravani, a souligné que son pays "n'a pas eu d'autre choix que d'exercer son droit à l'autodéfense". 

"Les pays occidentaux devraient apprécier la retenue de l'Iran au cours des derniers mois", "au lieu de porter des accusations", a dit lundi le porte-parole de la diplomatie iranienne, Nasser Kanani.

le Lundi 15 Avril 2024 à 06:57 | Lu 357 fois